
Le remplacement de Laël Brainard ne changera pas les équilibres à la Fed

Nommée directrice du Conseil économique (NEC) auprès de Joe Biden, Laël Brainard a présenté sa démission en tant que membre du Board et vice-présidente de la Réserve fédérale américaine le 14 février. Le Board pilote l’ensemble de la banque centrale, alors que le Comité de politique monétaire (FOMC) ne s’occupe, comme son nom l’indique, que des questions monétaires. Pour autant, la nomination de son remplaçant ne devrait pas changer grand-chose à court terme, dans un contexte d’inflation persistante qui oblige la banque centrale américaine à poursuivre son resserrement monétaire.
Avec la rotation annuelle des votants au FOMC, ce dernier est déjà devenu plus accommodant (dovish) en 2023 qu’en 2022 (voir tableau ci-dessous). Les plus restrictifs (hawkish) James Bullard (Fed de Saint-Louis), Loretta Mester (Cleveland) et Esther George (Kansas City) ont perdu leur tour de vote fin décembre, tout comme Susan Collins (Boston), plus neutre. Ils ont été remplacés par Austan Goolsbee (Chicago), plus accommodant, par les «centristes» Patrick Harker (Philadelphie) et Lorie Logan (Dallas), et par Neel Kashkari (Minneapolis), désormais reconnu plus «faucon». Ces nouveaux membres n’ont pas présenté de grandes divergences sur la hausse de taux jusqu’à 4,75% décidée le 1er février, malgré des avis différents autour du taux terminal de la Fed. Ils devraient probablement s’accorder aussi sur les prochains tours de vis si les données économiques venaient confirmer la résilience de l’économie.
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Choix politique
A plus long terme, si jamais une récession devait ramener le débat sur la baisse des taux, les «colombes» tenteront de protéger davantage l’emploi - l’autre mandat de la Fed. La Maison-Blanche et la commission bancaire du Sénat, à majorité démocrate, voudront alors un nouveau membre du Board sensible à ce sujet. Parmi la douzaine de noms ayant circulé, on trouve Karen Dynan, ancienne responsable au Trésor et salariée de la Fed, Janice Eberly, autre ancienne du Trésor, voire Seth Carpenter, chef économiste chez Morgan Stanley, avec une moindre probabilité cependant.
Des rapports ont également cité l’ancien conseiller de Barack Obama et actuel président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, déjà membre du FOMC. S’il était désigné au Board, il y retrouverait Michelle Bowman et Christopher Waller, qui avaient tenté de bloquer sa nomination à Chicago… Autre piste, l’ancien vice-président de la Fed de New York, Brian Sack, qui a récemment quitté un poste de direction chez le hedge fund D.E. Shaw, selon Bloomberg. Le nom de Lisa Cook, déjà membre du Board, a aussi été évoqué pour la vice-présidence.
D’autres critères politiques pourraient venir compliquer le choix : le membre démocrate du Comité bancaire du Sénat, Bob Menendez, fait par exemple pression pour nommer un candidat «latino». Une idée que Joe Biden prendrait au sérieux selon Barron’s, au moins pour un poste de gouverneur central, à défaut de la vice-présidence. Michelle Bowman pourrait libérer une place au Board en briguant la tête de la Fed de Kansas City, actuellement vacante.
Les spéculations ne sont pas près de cesser. Même si la Maison-Blanche a parlé le 6 mars d’un «futur proche», ce genre de nominations n’est habituellement pas prioritaire.

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