
La Banque d’Angleterre prône à son tour la patience

Après la BCE la semaine dernière et la banque centrale américaine (Fed) hier, la Banque d’Angleterre (BoE) a également maintenu ses taux inchangés.
La Banque d’Angleterre a, comme attendu, laissé son taux directeur à 5,25%, pour la quatrième fois consécutive, à un plus haut depuis février 2008. Elle avait précédemment relevé ses taux à 14 reprises, entre décembre 2021 et août 2023.
Cette pause a été permise par une inflation qui a fortement ralenti au Royaume-Uni depuis le printemps 2023, après avoir atteint un point haut à 11,1% sur un an en octobre 2022. A 4% sur un an en décembre, elle était toutefois deux fois plus élevée que l’objectif de 2% de la banque centrale.
Mais le prochain mouvement devrait être à la baisse. La BoE a retiré son avertissement selon lequel elle pourrait à nouveau relever ses taux tout en indiquant que la période pendant laquelle ils devront rester à 5,25% était «en cours d'évaluation». Sur les neuf membres, six ont voté pour le statut quo, un pour une baisse de 25 pb et deux pour une hausse de 25 pb. «La suppression de la mention sur les hausse de taux et le vote d’un membre en faveur d’une baisse des taux ont marqué un tournant de la part de la BoE, souligne Sam Cartwright, économiste chez SG CIB. Pour la majorité du MPC, la question est désormais de savoir combien de temps le taux d’escompte doit rester à 5,25%, la décision quant au moment de l’assouplir étant dictée par les indicateurs de persistance de l’inflation.» Lors de cette réunion, le comité de politique monétaire (MPC) n’était pas convaincu que ces indicateurs soient cohérents avec une trajectoire soutenue vers l’objectif d’inflation de 2%.
Perspectives de croissance relevées
L’institution s’attend à ce que l’inflation tombe sous 2% à partir du quatrième trimestre 2025 si les taux restent inchangés et qu’elle ressorte à 2,3% au premier trimestre 2026 si les taux sont baissés conformément aux anticipations du marché. Tout en considérant que les tensions en mer Rouge constituent un «risque important», la banque centrale a revu en hausse ses prévisions de croissance pour le pays et vise désormais une hausse du PIB de 0,25% cette année alors qu’elle anticipait auparavant une stabilité. Pour 2025, la croissance est attendue à +0,75% contre +0,25% précédemment.
«La division des votes suggère que le MPC ne se précipitera pas pour réduire le taux d’escompte de sitôt, mais son nouveau langage laisse ouverte la perspective de multiples réductions de 25 points de base avant la fin de cette année», estime Samuel Tombs, chef économiste UK chez Pantheon Macroeconomics. Le marché anticipe une première baisse entre mai et juin.
«Nous prévoyons que l’inflation et la croissance des salaires seront inférieures aux prévisions de la banque au cours des prochains mois, estime l’économiste de SG CIB. Cela renforcera probablement la confiance du Comité dans le fait que l’inflation est sur le point de revenir à 2%. Parallèlement à un nouvel ensemble de prévisions économiques lors de la réunion de mai qui reflétera cette confiance accrue, cela devrait permettre à la banque de commencer les taux de réduction.»
Jeudi, après la réunion de la BoE, les rendements des emprunts d’Etat britanniques, les Gilts , se sont resserrés de 5 points de base (pb) à moyen et long terme, le 10 ans revenant à 3,75%.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse