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Joe Biden a-t-il encore une chance d'être réélu dans une Amérique divisée ?

L'élection présidentielle américaine de 2024 se profile comme un tournant majeur pour le pays, car plusieurs enjeux clés dominent le débat public. Comme en 2020, Donald Trump et Joe Biden se font face sur presque tous les sujets, économique, sociétal, environnemental ou géopolitique.
Mais cette fois-ci les dynamiques ont changé. L’actuel président doit faire face à des critiques concernant l’augmentation du coût de la vie, première préoccupation des Américains. Si la désinflation est amorcée, le coût de la vie a augmenté de près de 25% en quatre ans, principalement en raison de facteurs globaux (chaînes de production internationales, prix de l’énergie et des matières premières), et la majorité des électeurs voient le candidat républicain comme mieux placé pour gérer les questions de pouvoir d’achat.
Ainsi, à quelques mois des élections, les derniers sondages montrent que le président Joe Biden est derrière Donald Trump dans les principaux Etats charnières (swing states) que Joe Biden avait précédemment remportés aux élections de 2020. Certes, l’élection est loin d’être jouée d’avance, notamment car le système winner takes all permet aux candidats de remporter l’ensemble des grands électeurs même si l’Etat est globalement bien divisé entre les deux candidats.
En 2016, Donald Trump l’emporta à quelques milliers de voix dans le Michigan, pourtant bastion démocrate à l'époque. L’une des raisons avait été l’abstention qui, après la participation record de 2020, pourrait de nouveau grimper en 2024. Cette tendance est alimentée par la volonté des musulmans américains de protester contre le soutien «immuable» de Joe Biden à Israël, mais aussi par une certaine lassitude à l'égard du paysage électoral américain. En parallèle, bien qu’il conserve la faveur des électeurs sur les questions sociales et de santé, Joe Biden perd en popularité auprès des groupes démographiques hispaniques, noirs et asiatiques, représentant environ un tiers de l’électorat et pourtant traditionnellement démocrate.
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Des visions opposées
Ainsi, le troisième candidat, habituellement relégué au second plan, occupe cette fois-ci une place de plus en plus importante dans les sondages. Robert Kennedy, dont les idées anti-establishment et controversées se rapprochent de celles de Trump, mais dont le discours écologique et libéral penche plutôt vers Biden, pourrait donc voler des voix aux deux candidats. Plusieurs autres éléments tels que l'état de santé de Joe Biden, les déclarations controversées de Donald Trump, voire sa condamnation, pourraient influencer le résultat final.
Sur le plan idéologique, les deux candidats exposent des visions diamétralement opposées que l’on retrouve aussi dans les préoccupations de l'électorat. Tandis que les démocrates redoutent la montée du fascisme/totalitarisme et de l’extrémisme, les républicains craignent la perte des valeurs historiques du pays et une déchéance progressive. L’immigration, vue comme source d’insécurité et de chômage par Trump, perçue par Biden comme une opportunité de diversité et de croissance économique, devrait donc occuper une place prépondérante.
Le système de santé sera également au cœur de la campagne, les électeurs étant divisés entre la réduction du rôle du gouvernement et l’extension de programmes fédéraux tels que Medicare. À travers le prisme du protectionnisme, le candidat républicain devrait aussi mettre l’accent sur les questions géopolitiques et les relations internationales des Etats-Unis, notamment avec la Chine et la Russie.
Enfin, Joe Biden devra aborder la difficile transition vers les énergies renouvelables, tout en tenant compte de l’impact potentiel sur l’industrie énergétique traditionnelle, alors que Donald Trump maintien des positions climatosceptiques. En outre, les questions sociales et civiques seront omniprésentes, en particulier à travers certains points de désaccord majeurs qui illustrent la forte polarisation du pays : les droits des LGBTQ+, les droits à l’avortement et la législation sur les armes à feu. Globalement, les décisions du futur dirigeant pourront avoir des implications profondes sur le tissu social du pays.
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Immigration Sud-Coréenne : Séoul préoccupé après le vaste raid dans une usine Hyundai aux États-Unis
Séoul - Plus de 300 des 475 personnes arrêtées jeudi aux Etats-Unis dans une usine de batteries pour automobiles sont de nationalité sud-coréenne, a estimé samedi le gouvernement de Séoul, exprimant sa «profonde préoccupation». «Plus de 300 seraient nos ressortissants», a déclaré le ministre sud-coréen des Affaires étrangères Cho Hyun lors d’une réunion d’urgence sur le sujet. «Nous sommes profondément préoccupés et ressentons une lourde responsabilité sur ce sujet», a poursuivi le ministre. Cho Hyun s’est dit prêt à se rendre à Washington si nécessaire pour y rencontrer les autorités. La police de l’immigration américaine a annoncé vendredi avoir mené jeudi un raid dans une usine de fabrication de batteries pour automobiles des groupes sud-coréens Hyundai et LG Energy Solution à Ellabell, dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Selon Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, l’arrestation de ces 475 personnes constitue «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des Enquêtes sur la sécurité intérieure». Vendredi, les autorités sud-coréennes avaient fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul de leur «inquiétude» et de leurs «regrets» concernant cette affaire. Elles n’avaient pas chiffré le nombre de ressortissants concernés. Mais du personnel diplomatique a été envoyé sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. © Agence France-Presse -
Réassurance : prix en baisse mais secteur stable face aux catastrophes et émeutes
Paris - Les réassureurs, qui se retrouvent à partir de samedi pour plusieurs jours à Monaco pour leurs traditionnels «Rendez-vous de septembre», s’apprêtent à faire face à une baisse des prix dans ce secteur, qui ne bousculera toutefois pas leur stabilité, selon les analystes. Les réassureurs, dont le métier consiste à assurer les assureurs, commencent à l’automne les négociations annuelles avec leurs clients assureurs sur le montant des primes que ces derniers leur versent. En échange, les réassureurs prennent en charge une partie des risques portés par les assureurs, en se positionnant sur les risques les plus extrêmes et moins fréquents (tempêtes, feux de forêt, émeutes, attentats terroristes...). En 2024, le marché de la réassurance mondiale s'élevait à 400 milliards de dollars, près de 20 fois moins que celui de l’assurance traditionnelle. Lors des précédentes années, les principaux réassureurs mondiaux, comme Munich Re ou Swiss Re, avaient imposé une hausse des prix et établi des conditions tarifaires et contractuelles qui leur étaient plus favorables. Mais, selon les analystes, le pic des prix de la réassurance est aujourd’hui passé. «On a atteint un point haut en 2024. Et depuis, on le voit au niveau du renouvellement (des contrats), les prix ont tendance à baisser», a expliqué à l’AFP Manuel Arrivé, de l’agence de notation Fitch. «On pense que cette tendance va perdurer» car «il y a une dynamique d’offre et de la demande de plus en plus en faveur des assureurs et en défaveur des réassureurs». L’agence de notation considère que le secteur sera «détérioré» en 2026. Elle met entre autres en avant l’augmentation des coûts des sinistres. Ceux des incendies dévastateurs de Los Angeles, évalués à 40 milliards de dollars, pèsent eux seuls pour la moitié des sinistres liés aux catastrophes naturelles. «On a déjà 80 milliards (de dollars) de sinistres à fin juin. Il fait peu de doute qu’on va dépasser 100 milliards avec le deuxième semestre», a précisé Alexis Valleron, délégué général de l’Association des professionnels de la réassurance en France (Apref), devant la presse vendredi. 2024 a été la cinquième année consécutive où le coût des sinistres des périls naturels a dépassé 100 milliards de dollars dans le monde. Risque émeutes en hausse Face à la multiplication des catastrophes naturelles, la plupart des réassureurs ont décidé ces dernières années de moins s’exposer à certains périls. Dans ce contexte, les réassureurs peuvent compter sur leurs capitaux. S&P Global considère «le secteur mondial de la réassurance comme stable, soutenu par le capital robuste des réassureurs, des marges de souscription solides, des rendements d’investissement élevés et des perspectives de bénéfices encore favorables au-dessus du coût du capital du secteur», décrit l’agence de notation dans un rapport. Les dirigeants de l’Apref ont également évoqué le risque émeutes après des années marquées par les troubles sociaux en France, notamment en 2023 après la mort de Nahel, adolescent tué par un tir policier, ou l’insurrection en Nouvelle-Calédonie à l'été 2024. Les émeutes en Nouvelle-Calédonie ont, à elles seules, coûté un milliard d’euros aux assureurs (dont 500 millions aux réassureurs), sur un coût total des dégâts estimé à 2,2 milliards. Le bilan des émeutes de l'été 2023 en France avait été de 730 millions d’euros (200 millions pour les réassureurs). Selon un article des Echos publié jeudi, le gouvernement prévoit de créer un fonds de réassurance pour couvrir les dégâts liés aux émeutes, sur le modèle du régime des catastrophes naturelles. «Il faut qu’il y ait une définition précise et il faut savoir ce que prendra en charge un mécanisme d’Etat», a insisté Dominique Lauré, vice-président de l’Apref. Selon lui, «il faut qu’il y ait une incitation au maintien de l’ordre pour l’Etat». Et non pas «un mécanisme qui fait que l’Etat n’a finalement plus intérêt à maintenir l’ordre puisque les conséquences économiques sont prises en charge par un fonds», estime celui qui est également directeur général adjoint de Liberty Mutual Reinsurance. Maryam EL HAMOUCHI © Agence France-Presse -
Thaïlande : Anutin Charnvirakul promet des législatives sous quatre mois après sa nomination mouvementée
Bangkok - Le Premier ministre élu thaïlandais Anutin Charnvirakul a assuré samedi vouloir organiser, comme il s’y est engagé, des législatives dans un délai de quatre mois. «Je pense que nous sommes clairs sur le plan politique : nous allons dissoudre le parlement dans quatre mois», a-t-il lancé lors d’une réunion à son siège de son parti, le Bhumjaithai, retransmise par les médias thaïlandais. «Je vais essayer de former mon cabinet le plus rapidement possible», a-t-il souligné, au lendemain de son élection comme Premier ministre par le Parlement, à la suite de la destitution de Paetongtarn Shinawatra. Le magnat conservateur a obtenu le soutien du Parti du Peuple, jusque-là principal parti d’opposition, qui a exigé une dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections dans un délai de quatre mois. Le pouvoir de dissoudre le Parlement relève cependant du roi. Il revient également au souverain d’approuver formellement la nomination d’Anutin Charnvirakul comme Premier ministre. Anutin Charnvirakul, dont le parti avait lâché Paetongtarn Shinawatra en juin en raison de sa gestion du conflit frontalier avec le Cambodge, avait assuré vendredi, après son élection, qu’il respecterait «tous les accords». Il avait par ailleurs assuré qu’il n’y aurait «ni favoritisme, ni persécution, ni vengeance» à l’encontre du père de celle-ci, l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra (2001-2006), qui a annoncé vendredi avoir quitté le pays. La Cour suprême doit se prononcer mardi sur la libération anticipée dont a bénéficié Thaksin peu après qu’il fut rentré d’exil en août 2023. L’ancien dirigeant, qui avait été condamné à huit ans de prison pour corruption, risque une réincarcération, selon certains analystes. Thaksin, qui a indiqué vendredi s'être rendu à Dubaï, a assuré qu’il entendait revenir au pays d’ici mardi. «Je prévois de retourner en Thaïlande au plus tard le 8 (septembre, ndlr) afin de me rendre personnellement au tribunal», a-t-il affirmé sur X. Dans un autre dossier, il avait été acquitté le 22 août du crime de lèse-majesté. © Agence France-Presse