
Le taux du Livret A peut-il passer à 4% en août ?

Dans quelques jours, les épargnants mais aussi les banques, les assureurs et la Caisse des dépôts seront fixés. Tous les six mois, mi-janvier et mi-juillet, la Banque de France est tenue de calculer le nouveau taux du Livret A. Et la flambée des taux d’intérêt depuis un an a redonné à cette décision tout le poids qu’elle avait perdu.
En théorie, le suspense est limité. Pour faire ses calculs, la Banque de France applique une formule dont les éléments sont publics. Elle fait la moyenne entre le taux d’inflation en France hors tabac au cours du semestre écoulé et le taux d’l’€STR sur la même période. Seul le niveau de la hausse des prix pour le mois de juin n’est pas encore connu – il sera publié le 13 juillet par l’Insee – mais en retenant une progression de 4,5% on obtient déjà un résultat qui ne devrait pas diverger de plus de quelques centièmes de point de pourcentage par rapport à la réalité.
4,1% selon la formule
Avec une inflation hors tabac estimée à 5,58% en moyenne au premier semestre et un taux de l’€STR moyen de 2,659%, le nouveau taux du Livret A applicable à compter du 1er août prochain ressortirait à 4,1%, contre 3% depuis février dernier.
Mais, en pratique, la Banque de France peut décider de déroger à la règle et proposer un taux différent de celui obtenu au ministre de l’Economie si elle estime «que des circonstances exceptionnelles [le] justifient». Le choix revient alors au gouvernement. Et il n’est pas exclu que, une nouvelle fois, la décision finale ne soit pas favorable aux épargnants.
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De nombreux acteurs réclament en effet un maintien du taux du Livret A à son niveau actuel, estimant qu’une nouvelle hausse ne serait pas dans l’intérêt général.
Une augmentation serait par exemple pénalisante pour le financement des logements sociaux. La Caisse des Dépôts (CDC), qui acquitte environ 60% du paiement des intérêts du livret, a ainsi explicitement demandé à ce que le rendement demeure à 3%. «Les prêts de la banque des territoires de la CDC aux bailleurs sociaux sont évidemment octroyés à un taux variable indexé sur celui du Livret A (…). Comme l’encours des prêts de la CDC est à peu près de 170 milliards d’euros, une hausse du taux du Livret A, de 3% à 4,1%, coûterait 1,87 milliard d’euros de surcharge annuelle d’intérêts aux bailleurs sociaux», estime Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, dans une note publiée le 10 juillet.
Vers un compromis à 3,5% ?
Les banques françaises, qui assument 40% du coût du Livret A, militent aussi pour une stabilité. Une nouvelle hausse dégraderait leur profitabilité, notamment celle des établissements les plus exposés, comme BPCE ou la Banque Postale. «Les banques plaident qu’il est d’intérêt collectif de maintenir l[a] stabilité [de leurs bénéfices] et [ainsi] d’éviter qu’elles soient obligées à trop augmenter les taux sur leurs nouveaux prêts aux ménages et entreprises», indique Eric Dor.
Enfin, les assureurs s’inquiètent du potentiel effet d’une nouvelle hausse du taux du Livret A sur les encours des fonds en euros des contrats d’assurance vie. Nette d’impôt et de prélèvement sociaux, la rémunération nominale du produit d'épargne réglementée dépasse largement le rendement 2022 du fonds en euros.
Au global, Eric Dor estime que le gouvernement pourrait faire le choix du compromis et décider d’augmenter le taux du Livret A (et du LDDS par la même occasion) à «seulement» 3,5% le 1er août prochain. Au grand dam des épargnants qui devraient ainsi continuer à perdre de l’argent sur ce support une fois pris en compte l’impact de la hausse des prix. L’Insee anticipe en effet un maintien de l’inflation autour de 4,5% au second semestre.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse