
Livret A à 3% : un nouveau surcoût de 3,9 milliards pour les banques

Un moindre mal. Alors que le taux du Livret A et du LDDS aurait pu augmenter à 3,5% le mois prochain, la Banque de France et le gouvernement ont décidé de le passer à «seulement» 3% à partir du 1er février. De quoi limiter un peu la facture pour les banques, qui assument une bonne partie de la rémunération des livrets réglementés. Celle-ci n’en demeurera pas moins particulièrement salée.
Les banques françaises hébergent 40% des encours des Livrets A et LDDS et 50% de ceux du Livret d’épargne populaire (LEP). A ce titre, elles prennent en charge le paiement des intérêts associés à ces montants. Pour des encours totaux de l’ordre de 490 milliards d’euros (Livret A et LDDS) et de 42 milliards (LEP) en moyenne, le coût pour les banques s’est élevé à environ 3,3 milliards d’euros en 2022 en retenant des taux moyens de 1,38% et 3,1%, respectivement. Avec un taux de 3% à partir de février (et de 6,1% pour le LEP) et des encours en hausse, la facture devrait, selon nos estimations, grimper à environ 7,2 milliards d’euros en 2023, soit une augmentation de 3,9 milliards. La douloureuse pourrait même être encore plus élevée en cas de nouvelle revalorisation de la rémunération des livrets réglementés en août prochain. «L’impact sera surtout marqué pour La Banque Postale et les Caisses d’épargne, qui sont les réseaux historiques de distribution du Livret A», anticipe Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne.
Les autres établissements ne seront pas pour autant épargnés. Même la plus internationale des banques françaises, BNP Paribas, devrait voir son profit net rogné par l’effet Livret A. Les analystes de JPMorgan estiment que chaque augmentation de 0,25 point de pourcentage du taux réduit le bénéfice net par action (BNA) de BNP de 0,3%. Pour une hausse de 1 point, de 2% à 3%, l’impact serait ainsi de 1,2%, soit tout de même plus de 110 millions d’euros si on se base sur le profit net de BNP Paribas estimé par l’intermédiaire pour 2022. JPMorgan juge la sensibilité du BNA de la Société Générale à 1% pour 0,25 point de hausse du taux du Livret A, soit un coût d’environ 240 millions d’euros pour une hausse d’un point. Avec une sensibilité de 1,2% par quart de point, le manque à gagner atteindrait 220 millions d’euros pour le Crédit Agricole, qui a d’ailleurs vu son action placée «sous revue négative» par les analystes de JPMorgan.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse