
La prochaine hausse du Livret A pourrait coûter 2 milliards d’euros aux banques

Elle est moins attendue qu’en début d’année mais elle pourrait être encore plus spectaculaire. Après la revalorisation de février dernier de 0,5% à 1%, une nouvelle hausse du taux du Livret A pourrait avoir lieu dans les prochains jours ou au mois d’août. La Banque de France est en effet tenue de proposer au gouvernement une mise à jour de la rémunération des livrets réglementés en juillet (pour une application au 1er août) et en janvier (1er février) mais elle peut aussi, si elle le juge nécessaire, se manifester en avril et en octobre. Légalement, l’institution doit transmettre sa proposition dans les quatre jours ouvrés suivant le 15 du mois, soit jusqu’au 21 avril 2022 si elle compte proposer un changement pour mai prochain. Contactée, elle n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.
40% des encours
Selon nos calculs, l’application de la formule légale de détermination du taux du Livret A (et du Livret de développement durable et solidaire, LDDS) ferait ressortir une rémunération de 1,3% si la mise en œuvre avait lieu dès le mois prochain. Le Livret d’Epargne Populaire (LEP) verrait de son coté son taux grimper de 2,2% à 3,2%.
Une bonne nouvelle pour les épargnants, mais qui risque d’être douloureuse pour les banques françaises. Selon la Caisse des dépôts, elles hébergent 40% des encours des Livrets A-LDDS et 50% de ceux du LEP. A ce titre, elles s’acquittent du paiement des intérêts correspondants. Une hausse de taux de 0,3 point par rapport au niveau actuel (et de 1 point pour le LEP) entraînerait ainsi un surcoût de 780 millions d’euros selon nos estimations (lire l’encadré) et sur une base annualisée.
Mais c’est à partir d’août que la facture risque de devenir particulièrement salée. A cet horizon, un relèvement du taux des livrets réglementés semble plus probable qu’en mai et elle intègrera encore plus la forte accélération de l’inflation des derniers mois.
Entre 1,3 et 2 milliards d’euros
En supposant un maintien de la hausse des prix hors tabac à son niveau de mars, soit 4,6%, en avril, mai et juin, l’inflation moyenne semestrielle ressortirait à 4,17%. Dans ces conditions, les taux du Livret A et du LDDS pourraient être augmentés à 1,8%. En théorie, la hausse est plafonnée à 0,5 point, ce qui bloquerait le taux du Livret A à 1,5% en août s’il n’est pas déjà augmenté à 1,3% en mai. Le gouverneur de la Banque de France peut toutefois décider de passer outre ce plafond si des circonstances exceptionnelles le justifient. De son coté, la rémunération du LEP – qui doit être égale au chiffre le plus élevé entre l’inflation et le taux du Livret A plus 0,5 point – s’alignerait sur la hausse des prix, soit 4,2%.
Sous ces hypothèses, le surcoût pour les banques françaises par rapport à la situation actuelle pourrait être compris entre 1,3 et près de 2 milliards d’euros sur une base annualisée selon que le taux du Livret A grimpe à 1,5% ou 1,8%. Une facture qui s’ajouterait au plus d’un milliard d’euros déjà dus en raison de la hausse des rémunérations des livrets réglementés en février dernier.
«L’impact sera surtout marqué pour La Banque Postale et les Caisses d’épargne, qui sont les réseaux historiques de distribution du Livret A», anticipe Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne. Au-delà de ce surcoût, «l’accroissement de l’écart entre la rémunération des produits réglementés et les rendements de marché peut aussi pénaliser les banques», prévient l’économiste.
La facture devrait toutefois rester largement gérable pour le secteur qui a enregistré plus de 30 milliards d’euros de bénéfices l’an dernier. «Dans un contexte un peu plus large, on peut s’attendre à ce que l’impact de ce surcoût soit largement dilué», estime Nicolas Hardy, directeur exécutif chez Scope Ratings. «Les banques ont fait beaucoup d’efforts pour diversifier leurs sources de revenus, pour réduire leurs coûts et elles devraient profiter de la hausse progressive des taux d’intérêt, au moins sous la forme d’une prime de risque dans un environnement plus incertain».
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