
La baisse du taux du Livret A à 1,7% rapportera 2 milliards d’euros aux banques

L’heure de gloire du Livret A est définitivement terminée. Alors que la forte hausse de l’inflation en 2022-2023 avait porté son rendement à des niveaux capables de le faire rivaliser avec le fonds en euros des contrats d’assurance vie, le net ralentissement des prix ces derniers mois fait rentrer le petit livret rouge dans le rang.
Déjà diminué de 0,6 point de pourcentage, à 2,4%, en février dernier, le taux du Livret A et de son cousin, le Livret Développement Durable et Solidaire (LDDS) va tomber à 1,7% à compter du 1er août prochain, a annoncé mercredi le ministère de l’Economie et des Finances. Le gouvernement a suivi la recommandation de la Banque de France qui s’est elle-même contentée d’appliquer la formule de calcul en vigueur, soit la moyenne entre l’inflation (hors tabac) sur six mois et le taux à court terme €STR sur la même période.
Le LEP à 2,7%
«Il faut remonter au 1er mai 2009 pour avoir une baisse supérieure. A l’époque le taux du Livret A était passé de 2,5 à 1,75%», indique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, dans une note.
De son côté, le taux du Livret d’épargne populaire (LEP), accessible sous conditions de ressources, verra son rendement passer de 3,5% à 2,7%. L’application de la formule officielle aurait même dû le faire reculer jusqu’à 2,2% mais la Banque de France propose de faire un geste à destination des épargnants les plus modestes.
Ces évolutions sont peu favorables aux épargnants mais elles font les affaires des banques. BNP Paribas, le Crédit Agricole, la Société Générale, BPCE et consorts assument en effet une bonne partie du paiement des intérêts liés à ces produits d’épargne réglementés. Elles prennent en effet en charge 40% de la rémunération du Livret A/LDDS et 50% de celle du LEP. Des taux plus faibles sont ainsi synonymes de baisses de coûts pour le secteur.
Plus de 2 milliards d’euros en 2025
Au niveau actuel des encours sur ces produits, soit 608 milliards d’euros pour le Livret A/LDDS et 80 milliards d’euros pour le LEP, des taux de 1,7% et 2,7% respectivement représentent un coût pour les banques de l’ordre de 5,2 milliards d’euros selon des calculs de L’Agefi. En année pleine, c’est 2 milliards d’euros de moins qu’avec des taux à 2,4% et 3,5%.
Pour l’exercice 2025, le gain devrait s’élever à 2,3 milliards d’euros. En retenant un taux moyen de 2,16% pour le Livret A/LDDS et de 3,21% pour le LEP ainsi que des encours moyens à leurs niveaux actuels, la facture s’élèverait en effet à 6,5 milliards d’euros, contre 8,8 milliards d’euros en 2024, toujours selon des estimations de L’Agefi. L’agence de notation Fitch Ratings évalue de son côté le gain à 2,5 milliards d’euros en 2025 et 3,5 milliards d’euros en 2026.
Le phénomène profitera d’abord à BPCE et à La Banque Postale, qui sont les distributeurs historiques du Livret A. Parmi les banques cotées, le Crédit Agricole et la Société Générale devraient plus en bénéficier que BNP Paribas mais cet effet est sans doute déjà bien intégré par les investisseurs. Depuis le début de l’année, la Société Générale s’envole de 80% en Bourse, BNP Paribas gagne près de 30% et Crédit Agricole SA près de 20%.
A lire aussi: Les banques françaises restent attachées au télétravail après le coup de tonnerre de la Société Générale
1 milliard pour le logement social
A côté des banques, les bailleurs sociaux font également partie des bénéficiaires de la baisse du taux du Livret A. Ces acteurs, qui financent les logements sociaux, empruntent en effet à un taux qui est indexé sur celui du petit livret rouge.
En 2024, ils ont ainsi pu signer pour 24 milliards d’euros de nouveaux prêts contre «seulement» 13 milliards d’euros en 2023, indique la Banque de France. Selon Bercy, la baisse du taux de 2,4% à 1,7% rendra aux bailleurs sociaux près d’un milliard d’euros de capacités d’investissements.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse