Les banques font dévier l’Espagne de sa trajectoire budgétaire

Selon Bruxelles, le déficit a représenté 10,2% du PIB en 2012 dont 3,2 points imputables à la recapitalisation des banques
Krystèle Tachdjian

La France n’est pas la seule à ne pas pouvoir respecter sa feuille de route budgétaire cette année, et à voir ses objectifs remis en cause pour 2013. La cure d’austérité drastique administrée par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy n’aura pas suffi. Selon la Commission européenne, le déficit budgétaire de l’Espagne s’est creusé l’an dernier pour représenter 10,2% du produit intérieur brut (PIB), bien loin de l’objectif de 6,3% que le gouvernement avait fixé en accord avec Bruxelles. Plongé dans la récession, le pays a payé au prix fort le sauvetage de ses banques qui a alourdi la facture budgétaire de 3,2 points de PIB supplémentaires.

Pour l’avenir, la trajectoire budgétaire espagnole a de quoi inquiéter. L’exécutif européen anticipe un déficit de 6,7% pour cette année contre un objectif gouvernemental de 4,5%. Pour 2014, le déficit est attendu à 7,2% du PIB, bien au-delà des 2,8% anticipés par Madrid. «La véritable bataille politique ne portera pas sur 2013 mais sur 2014. Davantage d’austérité sera le prix à payer pour un compromis au niveau européen», soulignent les analystes de Société Générale CIB.

En 2013, l'économie espagnole devrait se contracter de 1,4% selon Bruxelles qui anticipe un retour de la croissance modérée à 0,8% pour 2014. Le pays reste confronté à un taux de chômage record qui devrait culminer à 27% de la population active en 2013 pour un taux d’inactivité global de 12,2% dans l’ensemble de la zone euro. Cette année, les effets des réformes récentes sur le marché du travail devraient commencer à porter leurs fruits en réduisant le nombre d’emplois détruits, souligne toutefois la Commission. Du côté de la demande interne espagnole tous les voyants sont au rouge, et la consommation privée devrait continuer à se contracter cette année. Signe encourageant en revanche, les exportations devraient se maintenir à un niveau élevé et venir soutenir positivement la croissance, estime Bruxelles.

La Commission européenne considère plus largement que la zone euro ne renouera pas avec la croissance avant 2014. La situation reste contrastée entre les différents pays. L’Allemagne multiplie les signes de rebond, et devrait voir son PIB croître de 0,5% cette année tandis que la France devrait dégager péniblement 0,1% de croissance en 2013, estime Bruxelles. En Italie, l’activité devrait encore se contracter de 1% après un repli de 2,2% en 2012.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...