Carrefour promet aux actionnaires de préciser sa stratégie RSE

Phitrust et dix investisseurs institutionnels ont fait inscrire un point à l’ordre du jour de l’assemblée générale de vendredi. Ils demandent au distributeur d’expliciter sa stratégie climatique.
Carrefour groupe de distribution en supermarchés, hypermarchés, superettes
Le climat sera au cœur de l’AG de Carrefour  -  Bloomberg

La stratégie climatique, un défi pour les entreprises, une attente incontournable pour les actionnaires institutionnels. Les énergéticiens ne sont pas les seuls dans le viseur dans des investisseurs. Carrefour vient d’en faire les frais.

Phitrust, avec dix autres actionnaires – EdRAM pour l’Erafp, La Banque Postale AM, Sycomore AM, MN (Pays-Bas), OFI AM, Groupama AM, l’Ircantec, Candriam, CAVP, Promepar et Ecofi-Gestion – pesant ensemble 1,1% du capital du distributeur, ont fait inscrire un point à l’ordre du jour de l’assemblée générale (AG) de Carrefour du vendredi 26 mai. Ce point, non soumis au vote des actionnaires, a pour objectif de demander au conseil d’administration d’expliquer aux actionnaires ses choix en matière de stratégie climatique et de clarifier le reporting des émissions de gaz à effet de serre du groupe. Cette initiative «fait suite à des échanges avec la société qui n’ont pas permis de répondre à nos questions», explique Phitrust dans un communiqué.

Ces actionnaires demandent à Carrefour de répondre à deux questions. D’une part, pourquoi le groupe ne publie-t-il pas les données des émissions indirectes scope 3 dans le document d’enregistrement universel (URD) alors que celles-ci sont présentées dans le questionnaire du Carbon Disclosure Project (CDP) ? D’autre part, pourquoi Carrefour exclut-il les magasins en franchise du périmètre de réduction des émissions scope 3 du groupe, alors que le passage en franchise est un élément central de la stratégie actuelle ? Les magasins franchisés représentent 90% du parc de magasins en France et 76% en Europe, rappelle Phitrust. Contacté par L’Agefi, Carrefour assure que le scope 3 inclut toutes les surfaces de vente, et donc les franchisés. Toutefois, lors de la présentation de la stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises) en AG, le groupe assure qu’il apportera des précisions afin de répondre aux attentes de ces actionnaires, et qu’il ouvrira un débat.

Le dépôt de ce point à l’ordre du jour, «moins controversé qu’un projet de résolution, a permis d’améliorer le dialogue avec Carrefour, confie Denis Branche, directeur général délégué de Phitrust. Notre objectif est de pouvoir échanger avant l’assemblée générale pour clarifier les informations données aux actionnaires. Plus généralement, ainsi que nous l’avons déjà demandé avec d’autres investisseurs, nous espérons obtenir un allongement des délais légaux pour faire inscrire un point ou une résolution à l’ordre du jour de toute assemblée générale, afin de favoriser ce dialogue actionnarial».

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Carrefour dépose une nouvelle résolution

Conséquence de cette demande, Carrefour a décidé, début mai, d’ajouter une nouvelle résolution à l’ordre du jour, permettant aux actionnaires de donner un avis sur la quantification des différents leviers d’action de la société sur le scope 3. Le conseil d’administration «estime aujourd’hui nécessaire» de quantifier la contribution de chacun des sept leviers identifiés à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant de ses activités «achat de produits et de services», «usage des produits vendus» et «transport aval» relevant du scope 3, correspondant à 98% des émissions de GES du groupe. Ces contributions sont en ligne avec l’objectif de Carrefour de réduire de 29% ses émissions de GES entre 2019 et 2030 sur le scope 3. Pour ses scopes 1 et 2, Carrefour vise une neutralité carbone de ses magasins d’ici à 2040.

Autres points sensibles de l’assemblée générale, le renouvellement du mandat par anticipation du PDG, Alexandre Bompard, et sa rémunération. Elle n’avait été approuvée qu’à 58,8% l’an dernier, et sa politique de rémunération, à 84,9%. Au titre de 2022, Alexandre Bompard a perçu un fixe de 1,5 million d’euros et touchera un variable de 2,85 millions d’euros, soit le maximum possible, correspondant à 190% du fixe, sous réserve d’atteindre 140% des objectifs. Objectifs atteints à 142,5%. Le conseil lui a aussi attribué, en février 2022, des actions de performance, valorisées 4,8 millions d’euros. Dans son programme de veille des AG du SBF 120, l’AFG souligne la possibilité pour le PDG de bénéficier d’une rémunération exceptionnelle, ce qui est contraire à ses recommandations.◆

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