
L’immobilier en constante évolution

C’est devant un parterre nourri de plus de 500 personnes acquises à sa cause, aux Assises de la Pierre Papier 2017, que Frédéric Bôl, le président de l’Association française des sociétés de placement immobiliers (Aspim), a voulu insister sur quelques points, certainement destinés aussi à être entendus par les pouvoirs publics: «L’immobilier est un investissement productif. Il représente une industrie qui crée des emplois et répond à des besoins sociétaux. » Il est vrai qu’à l’heure où certains arbitrages, notamment fiscaux, vont devoir être rendus par le nouveau gouvernement, rappeler que « l’investissement dans l’immobilier contribue à la richesse nationale» prend tout son sens. L’Agefi Actifs a sélectionné quelques thèmes qui ont été abordés lors de cette journée particulièrement riche.
Tour d’horizon.
«Investissements immobiliers, jusqu’où?» C’est par cette question que les Assises de la Pierre Papier ont débuté, mettant en évidence l’ambition de l’édition 2017. Compte tenu de son ampleur, le sujet, qui a donné lieu à la première table ronde de la journée, a réuni des experts aux profils variés. Ainsi, Didier Davydoff, directeur de l’Observatoire de l’épargne européenne, Marc Bertrand, directeur général de La Française Real Estate Managers, Mehdi Gaidj, président de Horizon AM, Jean Carassus, professeur et directeur du mastère spécialisé Immobilier et Bâtiment durables à l’Ecole des Ponts ParisTech, et enfin Bernard Roth, président de l’Association pour la Formation Supérieure aux métiers de l’Immobilier (AFSMI) ont, tour à tour, et avec des prismes différents, fait part de leurs réflexions.
Après avoir recensé les grands acteurs qui composent le marché immobilier, dont il ressort qu’en dépit d’un afflux de capitaux, les investisseurs institutionnels restent sous-représentés comparé aux particuliers, il a été question de l’évolution des taux, des rendements en baisse et des risques liés à la possible survalorisation de certaines catégories de biens – notamment de bureaux. A ce sujet cependant, les avis ont été assez partagés. En revanche, une idée selon laquelle l’immobilier vit une révolution a fait consensus. Et les conséquences économiques sur les acteurs du marché sont loin d’être négligeables, la montée en puissance du développement durable ayant été considérée à la fois comme une solution et un défi.
Par ailleurs, l’intérêt d’une amélioration qualitative des biens n’échappe pas à une règle de base : l’emplacement dudit bien reste fondamental. De nouveaux acteurs font appel public à l’épargne, créent ou réhabilitent dans la ville, promise également à se transformer. Cela dit, le neuf ne constitue pas l’essentiel du marché et la question de l’ancien et de son traitement se pose également. Enfin, des évolutions sociologiques sont perceptibles et tendent à modifier, notamment au sein des jeunes générations, le rapport de la propriété au profit de l’usage. Et des éléments clés comme l’évolution démographique ou l’allongement de l’espérance de vie mettent sous les projecteurs un investissement immobilier également en phase de mutation.
MIF II / Priip.
Les évolutions réglementaires, particulièrement au centre des attentions au regard de l’entrée en application des textes MIF II et Priip au 1er janvier 2018, ont constitué un autre grand thème de discussion au cours de la manifestation. Notamment dans le cadre d’un atelier où sont intervenus David Charlet, le président de l’Anacofi, Stéphane Janin, head of global regulatory development chez Axa IM, et Xavier Parain, directeur de la gestion d’actifs à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ce dernier a pu livrer des indications parmi les plus récentes tenant par exemple à l’état de transposition des différents textes.
Assurance vie.
Par ailleurs, si l’immobilier occupe une place à part dans les réflexions des distributeurs, c’est aussi parce que cette classe d’actifs est également indissociable d’un produit d’épargne tel que l’assurance vie. Or, au moment où la baisse des rendements des fonds euros conduit bon nombre d’épargnants à opter en faveur de la pierre papier dans ces contrats, des interrogations demeurent sur la question de la valorisation de ces actifs mais aussi de leur place dans les stratégies commerciales des compagnies et de leurs réseaux. Ces sujets ont été évoqués par Marc-Philippe Juillard, directeur au sein de l’agence de notation Standard & Poor’s, et par Benoît Faure-Jarrosson, analyste financier spécialiste des foncières cotées chez Invest Securities. Etienne Pelce, directeur en charge des métiers patrimoniaux chez Allianz, a été associé à cette discussion.
Financement participatif.
Dans un autre genre, la question de savoir comment s’organisent les relations entre les promoteurs traditionnels, les conseils en gestion de patrimoine et les plates-formes de financement participatif a été abordée lors d’un autre atelier. A cette question, Jean-Philippe Bourgade, le président de BPD Marignan, et Vincent Sillègue, cofondateur de Crowdfunding Immo, sont venus faire part de leurs expériences tandis que Céline Mahinc, associée gérant chez Eden Finances, a livré les principales conclusions de l’étude dédiée au crowdfunding immobilier.
Ingénierie patrimoniale.
Actif réel par excellence, l’immobilier peut paraître simple mais la diversité des véhicules et des manières de se positionner sur cette classe d’actifs requiert, dans de nombreux cas, toute l’expertise des ingénieurs patrimoniaux. Jean Aulagnier, vice-président de l’Aurep, Alban Gautier, directeur du démembrement chez Fidexi, et Anne Muzard, notaire associée à l’office LBMB, ont abordé certaines des subtilités inhérentes aux solutions proposées aux investisseurs.
Une nouvelle forme de démembrement a tout d’abord été présentée par Anne Muzard. Il s’agit du droit réel de jouissance spécial, un droit récemment reconnu en jurisprudence qui permet de créer non pas un usufruit, mais un usage particulier de la propriété tel que l’occupation d’une salle de réunion le lundi soir de 17h à 21h pendant trois ans. Une technique qui a enthousiasmé Jean Aulagnier qui présentait, de son côté, l’avantage pour l’usufruitier de construire sur le terrain du nu-propriétaire. La seule limite étant que l’usufruitier jouisse avec le nu-propriétaire de la propriété. Enfin, Alban Gautier a présenté sa solution d’investissement dans la nue-propriété d’un bien.
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Paris - La Bourse de Paris a ouvert en hausse mercredi, à l’unisson des autres places financières, au lendemain de records à Wall Street, dans un marché soutenu par la perspective de baisses des taux de la banque centrale américaine (Fed). Vers 09h50, l’indice vedette CAC 40 prenait 0,81%, soit 62,82 points à 7.812,21 points. La veille, le CAC 40 a grignoté 14,55 points (+0,19%), pour s'établir à 7.749,39 points à la clôture. La hausse des marchés européens et asiatiques est alimentée par les records en clôture des trois principaux indices de la Bourse de New York mardi soir, portés par les anticipations des baisses de taux de la Fed d’ici la fin de l’année après une forte révision de données sur l’emploi aux Etats-Unis. Selon le Bureau des statistiques du travail (BLS), les entreprises américaines ont finalement créé quasiment deux fois moins d’emplois que rapporté initialement entre le 1er avril 2024 et le 31 mars 2025. L’attention se tournera mercredi vers l'évolution des prix du côté des producteurs (PPI) aux Etats-Unis. En ce qui concerne les actifs français, les investisseurs se tournent vers le nouvel épisode politique. Après la chute du gouvernement lundi, le président français Emmanuel Macron a nommé le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, dans la soirée mardi, et une passation de pouvoir avec son prédécesseur François Bayrou se tiendra mercredi à midi à Matignon. Sébastien Lecornu est le troisième chef du gouvernement nommé depuis la dissolution en juin 2024, cinquième depuis le début du second quinquennat d’Emmanuel Macron en 2022. C’est dans ce contexte d’instabilité politique que l’agence de notation Fitch Ratings doit publier vendredi soir son évaluation de la qualité du crédit français. «La note actuelle est AA- avec une perspective négative. Une confirmation avec perspective négative serait un signe de prudence, renforçant les inquiétudes du marché, tandis qu’une dégradation – en raison d’une incertitude politique prolongée – serait significative, pouvant entraîner des ventes automatiques de la part d’investisseurs institutionnels soumis à des seuils de qualité de crédit minimum», explique Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Sur le marché obligataire du Vieux continent, l’emprunt allemand à dix ans était à 2,64% à la veille de la réunion monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), qui devrait laisser ses taux directeurs inchangés. Le taux français à dix ans s'établissait à 3,47% vers 09H45, maintenant l'écart avec son équivalent allemand à un niveau jugé élevé par les observateurs financiers, à plus de 80 points de base. Le taux français à dix ans a dépassé l’italien à même échéance mardi «pour la première fois depuis le début des années 2000", rappelle Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Le rendement de l’emprunt italien était aussi mercredi à 3,47%. Alstom annonce un contrat à un milliard d’euros Le constructeur ferroviaire français Alstom bondissait de 5,68% à 20,84 euros après avoir annoncé une commande la société des transports du New-Jersey (NJ Transir), aux Etats-Unis, que le groupe chiffre à 1 milliard d’euros. Euronext CAC40 © Agence France-Presse -
Migrants : trois morts et trois disparus dans deux drames distincts dans la Manche
Boulogne-sur-Mer - «Une nuit comme on n’en avait pas vécu depuis plusieurs mois": trois migrants sont morts et trois autres ont disparu lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche dans la nuit de mardi à mercredi. Vers 22H00 mardi soir au large de Neufchâtel-Hardelot, «un pêcheur a signalé à la gendarmerie que des personnes étaient en détresse sur un bateau qui était proche de la côte», a indiqué le préfet du Pas-de-Calais, Laurent Touvet, lors d’un point-presse au port de Boulogne-sur-Mer. «Une personne a pu être réanimée par les gendarmes alors qu’elle était en train de se noyer», a-t-il précisé, mais «un peu plus tard, on a entendu des cris dans la mer de personnes plus éloignées (...), vraisemblablement trois disparus». Aux alentours de 5H00 du matin, le remorqueur Abeille Normandie a ramené au port de Boulogne-sur-Mer «un groupe de naufragés» secourus en mer. Parmi les naufragés figurent trois personnes décédées, «vraisemblablement écrasées au fond du bateau», a encore indiqué le préfet, tandis que trois autres personnes ont été hélitreuillées «directement vers l’hôpital de Boulogne». Selon les premiers éléments à sa disposition, «deux personnes (décédées) seraient d’origine du sud-est asiatique et une serait plutôt égyptienne, et ce sont des personnes jeunes (...) peut-être deux mineurs». Il s’agirait d’une femme et de deux hommes, a-t-il ajouté. Cela porte à au moins 23 le nombre de décès survenus lors de telles tentatives depuis le début de l’année, selon un comptage de l’AFP à partir de données officielles. Une enquête a été confiée à la police aux frontières et à la gendarmerie maritime, a déclaré la procureure de Boulogne-sur-Mer Cécile Gressier. Les personnes prises en charge «sont entendues pour identifier leur rôle, ce sont a minima des témoins, des victimes de ces réseaux qui sont entendues pour pouvoir identifier l’organisation criminelle des passeurs qui sont derrière ces opérations», a ajouté la procureure. 115 personnes sur un bateau C’est «une nuit comme on n’en avait pas vécu depuis plusieurs mois», a déploré le préfet, qui a cependant souligné que «le bilan aurait pu être beaucoup, beaucoup plus lourd": un bateau en difficulté a été secouru avec 115 personnes à bord, probablement un «record» pour une embarcation clandestine dans la région, selon Laurent Touvet. Ces traversées très périlleuses se font avec des canots pneumatiques de quelques mètres de long surnommés «small boats», souvent surchargés et à bord desquels beaucoup de passagers n’ont pas de gilets de sauvetage. Plus de 30.000 personnes sont arrivées de la sorte sur les côtes anglaises depuis début janvier selon le ministère de l’Intérieur britannique, un chiffre record à ce stade de l’année. La seule journée de samedi a vu 17 embarcations et plus de 1.000 migrants réussir la traversée, toujours selon les autorités britanniques. Mardi, une femme migrante a été déclarée décédée sur le rivage britannique à l’issue d’une tentative de traversée, selon la police du Kent (sud-est de l’Angleterre). Depuis son élection en juillet 2024, le gouvernement du travailliste Keir Starmer a multiplié les initiatives pour tenter de limiter les arrivées au Royaume-Uni, mais il peine à endiguer ce phénomène. Sa nouvelle ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood, nommée vendredi, a promis que des expulsions de migrants vers la France, prévues dans le cadre d’un accord bilatéral entré en vigueur en août et censé avoir un effet dissuasif sur les traversées clandestines, débuteraient «de manière imminente». Londres a assuré début août avoir commencé à placer en détention des migrants arrivés par «small boats» dans le cadre de cet accord aux contours encore flous, régulièrement dénoncé par les associations. Jérôme NOËL avec le bureau de Lille © Agence France-Presse -
Olivier Faure demande à Sébastien Lecornu de « renoncer au 49.3 » pour démontrer un changement de méthode
Paris - Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a demandé mercredi au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu de renoncer à utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer «que la méthode change» par rapport aux précédents gouvernements. Sur franceinfo, M. Faure a affirmé qu’il n’y avait «aucun scénario où le Parti socialiste participe à l'équipe gouvernementale», et a affirmé qu’il ne refusait pas de discuter avec le nouveau chef de gouvernement, mais qu’il refusait de lui donner «un chèque en blanc» sans savoir ce qu’il fera notamment en matière budgétaire. «Je ne veux pas une plateforme commune qui nous amènerait à gouverner ensemble. Nous ne gouvernerons pas ensemble», a-t-il répété. S’il a «le sentiment que nous sommes baladés» et si la réponse du gouvernement «est une réponse qui est la même que celle qui est formulée depuis huit ans, alors je censurerai et donc nous irons vraisemblablement vers une dissolution», a-t-il prévenu. Le premier secrétaire a estimé que c'était au Premier ministre «de dire ce qu’il prend dans ce que nous avons proposé». Le Parti socialiste a présenté fin août à Blois un budget alternatif, proposant notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines. «Je refuse toute forme de budget qui irait chercher à prélever des économies sur les malades, sur les chômeurs, sur les travailleurs, sur les jeunes, sur les retraités, comme c'était le cas précédemment», a insisté M. Faure, estimant que la taxe Zucman sur les hauts patrimoines faisait partie «des réponses possibles» que pouvait donner M. Lecornu. Olivier Faure, qui réclamait un Premier ministre de gauche pour remplacer François Bayrou, renversé lundi lors d’un vote de confiance, a estimé que la nomination de Sébastien Lecornu n'était «pas une surprise, même s’il y a de l’incompréhension». «Au fond, Sébastien Lecornu à Matignon, c’est Emmanuel Macron à Matignon, c’est les mêmes», a-t-il asséné, rappelant qu’ils ont «tout entrepris ensemble depuis huit ans». © Agence France-Presse