
Les bons plans de la pierre papier

Cette fois, c’est la bonne ! Après le mariage avorté avec Primonial, Altarea fait ses premiers pas dans l’épargne immobilière grand public. Sa toute jeune société de gestion, Altarea Investment Managers (Altarea IM), lancée en mai dernier, a annoncé, mi-septembre, la commercialisation de sa première société civile de placement immobilier (SCPI), Alta Convictions.
Un lancement dans un contexte de marché compliqué. Entre décote de prix de parts et inquiétudes sur leurs liquidités, les SCPI font l’objet de toutes les attentions depuis le début de l’été. Les investisseurs ont bien compris qu’il se passait quelque chose et se sont montrés bien plus frileux sur la pierre papier au premier semestre. La collecte des SCPI a essuyé un repli de 23 %, selon les chiffres de l’Association française des sociétés de placement immobilier (Aspim). Un timing a priori peu opportun, donc, mais dans lequel Altarea IM voit des opportunités.
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Car, à défaut de dynamiser leur collecte, les gérants s’activent pour arbitrer. Des cessions à tout va, qui bénéficient aux acheteurs qui paient cash et ne sont pas pressés. Alta Convictions veut donc jouer le flibustier en pleine tempête. « Notre force est de pouvoir acheter les actifs moins cher dans les nouvelles conditions de marché, et notre absence de stock devrait prémunir nos premiers investisseurs contre des dévalorisations de part », avance Marc-Olivier Penin, le directeur général de la société de gestion. Comme d’autres de ses confrères, il se veut rassurant sur la situation : « Les baisses de prix de part ne modifient pas la promesse produit. Les SCPI conservent tout leur intérêt aux yeux des épargnants car leurs fondamentaux n’ont pas changé », appuie-t-il.
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Une enveloppe de 10 millions d’euros
Sur le contexte économique, il se veut plus cash : les choses ont changé. « On entre durablement dans un nouveau cycle, qui bouscule la hiérarchie des taux et repositionne les valeurs immobilières. Ce n’est pas juste un ‘mauvais moment à passer’, mais un vrai changement de paradigme. » C’est dans cette logique que ses équipes ont mis sur pied la thèse d’investissement d’Alta Convictions.
La SCPI sera « multithématique », terme que Marc-Olivier Penin préfère à « diversifiée », qui fait référence, selon lui, « au déploiement d’une allocation prédéfinie. Ce que nous voulons, c’est chercher à capter les thématiques qui font sens au moment où nous investirons », explique-t-il. Au début, donc, plutôt du commerce, qui a « corrigé plus rapidement au moment du Covid que les autres classes d’actifs mais qui n’a pas connu les mêmes rebonds », poursuit Marc-Olivier Penin. Dans son viseur, également, la logistique, notamment les actifs dits « du dernier kilomètre ». En revanche, point de bureaux au cours des premiers trimestres, le gérant estimant que « les corrections de valeurs n’en sont qu’à leur début, masquées par le faible nombre de transactions sur le secteur ».
Dans la gestion d’Alta Convictions, et plus globalement dans le développement d’Altarea IM, il sera épaulé par Philippe Delhotel, directeur général délégué en charge de la distribution. Pour ses débuts, la SCPI sera dotée d’une belle enveloppe, de 10 millions d’euros, alimentée par la maison mère Altarea. Les gérants visent une distribution entre 5 % et 5,5 %. « Notre approche est patrimoniale. Nous ne voulons pas acheter des actifs risqués pour booster le rendement. On ne promet pas la lune mais des performances sérieuses et une gestion prudente », appuie Marc-Olivier Penin. En attendant qu’elle soit proposée dans certains contrats d’assurance-vie, Alta Convictions sera commercialisée uniquement par intermédiation. A noter que les gérants devront investir au moins 80 % des capitaux dans des actifs n’ayant aucun lien avec Altarea.

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