
A quoi ressemblera le bureau post-Covid ?

Révolution dans la géographie des implantations, révolution dans les temporalités d’usage des bureaux ou encore révolution dans la qualité intrinsèque des immeubles de bureaux et dans l’intégration des critères Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance (ESG) pour l’ensemble des actifs.Cette crise est indéniablement l’accélérateur d’une mutation inéluctable du secteur tertiaire. La création de valeur dans nos métiers ne passera plus seulement par le nombre de m², mais par les services qui y sont associés.
Consolidation de l’attractivité des métropoles
Le phénomène de métropolisation ne va pas s’arrêter. Au contraire, les besoins croissants de sociabilisation, de mixité d’usage, d’accès à l’éducation, à la culture, et aux services de santé, poussent à se tourner vers les métropoles qui concentrent en leur sein les moyens financiers nécessaires pour un haut niveau d’équipements que ce soit en termes de connectivité, de transports en commun propres ou de mutualisation des espaces techniques haut de gamme. Ce mouvement ne semble pas pouvoir être inversé par la présente crise : toute personne se trouvant en situation de télétravail contraint dans des zones parfois mal desservies, ou peu connectée, a bien conscience de l’importance de la métropole, ne serait-ce, simplement, pour faire société.
Chaque métropole se renforce d’année en année, et développe de nouveaux transports en commun propres venant redessiner la carte d’attractivité des zones d’implantation des bureaux. Il devient difficilement envisageable d’investir dans des bureaux situés à plus de 10 minutes à pied d’une station de transport « lourd » de type tram, bus en site propre, métro, etc, alors que dans le même temps, de nombreuses alternatives au mass transit se développent au travers des mobilités douces. Le bureau en tant que hub a un rôle à jouer en s’interconnectant à ce réseau de transports pluriels. Seule la métropole peut permettre cette densité d’offre.
La demande locative se concentre par ailleurs massivement sur les centres urbains déjà établis et offrant une véritable mixité d’usage. Les zones à usage exclusif de bureaux sont de moins en moins désirables malgré la qualité des services offerts aux occupants pouvant compenser ce manque d’attractivité. Une géographie du bureau à deux vitesses s’installe durablement. Les écarts importants dans les taux de vacances par zones avant la crise illustraient déjà ce phénomène.
Les plus jeunes renforcent ce mouvement, plus de la moitié d’entre eux estiment que l’emplacement de leur bureau est critique dans leur choix d’entreprise, et veulent travailler et vivre en centre urbain.
Avant la crise liée au Covid 19, la guerre des talents faisait rage en particulier dans le secteur du IT, poussant les entreprises à investir de plus en plus les Central Business District (CBD) ou les premières couronnes mixtes, très bien connectées. La crise va entrainer de nombreuses suppressions d’emplois, mais tous les secteurs ne seront pas touchés de la même façon, avec des résistances notamment dans le secteur du digital au sens large, devenu crucial à la lecture de cette crise sanitaire inédite.
Le bureau comme hub social
La crise met en exergue un deuxième phénomène qui se dessinait déjà dans de nombreuses entreprises et qui s’étend à l’ensemble du secteur tertiaire, à savoir un temps de travail réparti en trois temps :
- Le home office pour réaliser notamment toutes les tâches processées et s’intégrant dans un management par objectifs ;
, - le bureau comme lieu destiné à assurer la cohésion de l’entreprise, la créativité de ses membres et leur sociabilisation ;
, - le nomadisme pour un certain nombre de fonctions, entre les déplacements chez les clients, sur des chantiers, etc, et le travail dans des tiers lieux relais, centre de coworking, ou tout simplement dans les transports, afin d’optimiser les déplacements et le temps de travail, et répondre à une demande de temps d’occupation plus court et plus incertain.
Environ la moitié des entreprises du secteur tertiaire dont l’activité le permettait expérimentait ou avait déjà adopté le télétravail avant crise, et la quasi-totalité l’a appliqué totalement pendant le confinement quand la poursuite de l’activité à distance était possible. C’est indéniablement une révolution du travail qui s’opère avec l’émergence du home office, qui au demeurant va questionner la structuration des logements.
Pour autant, de très nombreux salariés et chefs d’entreprise aspirent à revenir au bureau même partiellement, à partager, à échanger, à sociabiliser. Il serait illusoire d’imaginer le bureau disparaitre, il apparait au contraire plus que jamais le socle indispensable à la structuration du projet d’entreprise et au sentiment d’appartenance des collaborateurs.
Le bureau devient un hub, un espace de créativité, de structuration de la stratégie de l’entreprise, d’expérimentation, de célébration des succès. Plus que jamais il fait sens, et les entreprises doivent le valoriser en partenariat avec leurs bailleurs, investisseurs et gestionnaires.
Le tout travail au bureau est sans doute en voie de disparition progressive. Pour autant, ce phénomène va-t-il engendrer une demande bien plus faible en m² ? Rien n’est moins sûr…
Du smart Building au safe building
L’avenir du bureau passe par une politique de RSE sans équivoque pour l’ensemble des entreprises et en lien profond à leur raison d’être telle que définie par la loi PACTE. L’action immobilière doit être tournée vers l’utilisateur final, vers la communauté, vers les territoires.
L’emplacement des bureaux est essentiel pour le bilan carbone et pour l’attractivité des entreprises. La sobriété des bâtiments et leur raccordement à des sources d’énergie verte deviennent des pré requis. La fin de la civilisation carbonée est proche, les actuels prix bas de l’énergie fossile ne doivent pas nous détourner de l’objectif d’une société décarbonée à horizon 2050.
Nous évoluons du smart building au safe building. La capacité des bâtiments à offrir un environnement sain, de nature à agir positivement sur la santé des occupants devient obligatoire, l’approche par le bien-être va devenir la norme. La qualité des services fournis au sein du bâtiment ainsi que la porosité avec l’univers de services autour de l’immeuble sont une des clés de l’attractivité pour les utilisateurs.
Enfin, le caractère inclusif de l’immobilier devient peut-être un des enjeux les plus importants dans le monde instable dans lequel nous évoluons. La société est effectivement de plus en plus clivée et la crise risque d’accentuer encore les inégalités. L’immobilier en ce qu’il créée notamment du bien-être pour les utilisateurs, de la sociabilisation, de la réassurance et de la protection vis-à-vis des agressions extérieures a un rôle très important à jouer sur l’équilibre de ses occupants et sur le vivre ensemble. Loin du repli sur soi mortifère, le bureau est un lieu qui permet de brasser des origines diverses, des conditions diverses au sein d’une entité qui permet de faire société, qui créée des solidarités et qui mobilise les énergies autour d’un projet commun. Le bureau inclusif doit d’ailleurs être accompagné par un logement inclusif, et par la création d’une offre locative abordable qui accompagne les entreprises sur les territoires qu’elles ont choisi. L’immobilier est un formidable outil pour lutter contre une société traversée par des courants discriminants.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse