
Un marché porté par le besoin de diversification

Agrifrance, département spécialisé de BNP Paribas Wealth Management, a présenté le 25 avril sa note de conjoncture sur le secteur du foncier rural français. L’engouement des épargnants pour les terres, les vignes ou encore les forets ne faiblit pas. Toutefois, «il s’agit principalement d’investissements plaisir plébiscités par des clients fortunés à la recherche de diversification», indique Matthieu Carbillet, collaborateur Agrifrance.
Prix hétérogènes sur les forêts.
La forêt constitue un marché de pénurie puisque la demande reste supérieure à l’offre, particulièrement sur les petites surfaces qui se raréfient. Le prix moyen de l’hectare se négocie aux alentours de 4.000euros. Cependant, en fonction des segments, les tarifs peuvent varier de 650 euros à plus de 11.500 euros par hectare. Selon l’étude Agrifrance, le prix des forêts est pourtant largement décorrélé des rendements observés, le foncier augmente indépendamment des revenus.
Baisse sur le bois.
Le secteur traverse des difficultés et affiche des prix atones. En 2016, la filière bois française a accusé un déficit à l’export de 5,7 milliards d’euros. La France ne parvient pas à retenir les activités à forte valeur ajoutée telles que le sciage ou la transformation, qui sont délocalisées dans des régions où les coûts de production sont plus faibles. Pour contrer ce phénomène, la Fédération nationale du bois a adopté un label transformation UE qui a fait reculer les exportations vers la Chine de près de 30%. La quasi-totalité des essences a souffert sur 2016 d’une stagnation, voire d’une baisse des prix. Les résineux sont particulièrement touchés. La crise du bâtiment a entraîné une baisse de 2,5% à 5% sur les bois de charpente et la météo de l’hiver 2016 a induit une chute de la consommation et des prix de bois énergie. Même constat pour le frêne, dont le tarif a baissé de 15% en 2016 sous l’effet d’un ralentissement de la demande asiatique. Seul le chêne se démarque et rivalise avec les prix d’avant-crise 2007-2008, avec une progression de 10% sur l’année 2016.
Les vins français toujours prisés.
Soumise à de nombreux aléas climatiques, la production viticole française a marqué une chute de 10% sur l’année 2016, contre une baisse de 5% de la production mondiale qui a enregistré l’un de ses plus faibles volumes depuis vingt ans. Cependant, l’étude souligne que le secteur tend à se relever depuis quelques années, même si ce redressement reste très disparate en fonction des régions productrices. Ainsi, les productions en Champagne et en Val-de-Loire ont connu en 2016 des chutes respectives de 23% et 31% alors que les rendements en Provence et dans le Bordelais ont augmenté de 1% et de 7% sur 2016. En dépit de l’érosion de sa production, la France demeure le deuxième pays producteur au monde et reste très présente à l’export de vins et de spiritueux, qui a crû de 1,2% alors qu’il avait déjà atteint son meilleur niveau en 2015. Il s’agit du second poste excédentaire de la balance commerciale de l’Hexagone, derrière l’aéronautique. Les Etats-Unis représentent une part importante des exportations françaises puisque la France y occupe la deuxième place (derrière l’Italie) avec 29% des parts de marché en valeur et la quatrième place en volume. Benoît Léchenault, directeur d’Agrifrance, indique «que les perspectives aux Etats-Unis sont très favorables pour les vins français qui restent leader incontesté sur le segment haut de gamme et sur le rosé». D’ailleurs, le marché mondial devrait croître de 3,5% d’ici à 2018, porté par le pouvoir d’achat grandissant des consommateurs outre-Atlantique.
Tendance positive sur le foncier viticole.
Les prix de la vigne ont augmenté en moyenne de 6,7% par an sur ces dix dernières années et approchent en 2016 des 140.000euros l’hectare. Là encore, les écarts peuvent être notables d’une région et d’une appellation à l’autre. Le marché bordelais s’avère dynamique et offre un large choix aux acheteurs, tous profils confondus. En entrée de gamme, les tarifs sont affichés à 15.000 euros l’hectare et peuvent atteindre plus de 3,3 millions d’euros pour un hectare de Pomerol. En Bourgogne, le foncier est rare et très divers puisque l’on dénombre 101 appellations d’origine contrôlée (AOC). La demande des investisseurs et la pénurie d’approvisionnement de raisins maintiennent une forte pression sur les prix. Les vignobles champenois prennent la tête du marché en termes de valeur, avec un prix moyen à l’hectare de 1,2million d’euros et une progression de 1,8% sur 2016. Toutefois, le grand nombre de petites surfaces rend l’offre facilement accessible. A l’inverse, les investisseurs délaissent les terres du Val-de-Loire, dont les prix n’enregistrent pas de progression sur les dix dernières années.
Terres agricoles en hausse relative.
Le prix des terres agricoles a augmenté de 3,4% en 2016, soit 6.035 euros l’hectare. Cependant, cette croissance reste relative puisque la hausse relevée suit un rythme plus faible que celle constatée ces dix dernières années. En cause, les faibles rendements de l’agriculture française –au plus bas depuis les années 80 en raison des intempéries– et la chute des prix des produits agricoles. Un écrasement dû notamment à l’excellente récolte céréalière internationale qui a battu un record en 2016, induisant une augmentation des stocks mondiaux et une diminution des cours. Pour autant, Benoît Léchenault constate que «le nombre d’années nécessaires pour rembourser un hectare de foncier reste moins important en France que dans les autres pays européens. Il faut par exemple six années de valeur ajoutée pour rembourser un hectare français contre vingt en Angleterre».
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