
La finance française renforce son engagement en faveur du climat
La tenue hier duClimate Finance Day à Bercy puis ce mardi du One Planet Summita donné lieu à un tir groupé des grandes banques françaises. A l’occasion de ces deux évènements, chaque établissement a mis en avant sa stratégie pour lutter contre le réchauffement climatique et dévoilé de nouvelles mesures. Après BNP Paribas,qui avait ouvert la voie en octobre, la Société Générale, Natixis et le Crédit Agricole ont notamment pris l’engagement de ne plus financer le pétrole issu des sables bitumineux, ainsi que toute exploitation de pétrole dans la région arctique.
Verdir les financements
Ces mesures d’exclusion des hydrocarbures les moins performants s’inscrivent dans la lignée de celles prisesà l’encontre du charbon. Elles ne signifient pas un arrêt total des financements. A l’instar de BNP Paribas, très impliquée dans le financement de l’énergie et qui a fixé un seuil de 30%, Natixis ne financera plus« les entreprises d’exploration et de production dont l’activité est principalement adossée à des réserves de pétrole issu des sables bitumineux ». Le Crédit Agricole exclura les gaz ou pétrole de schiste dont l’exploitation occasionne torchage ou évaporation, là où la Société Générale conditionnera son soutien à une réduction ou un engagement de réduction de ces deux techniques.
Au-delà de la limitation du soutien aux énergies fossiles les plus néfastes au climat, les groupes ont également pris des engagements en matière de financement. Alors que le gouvernement entend asseoir la place de Paris commeune plaque tournante de la finance verte, la Société Générale entend arranger 100 milliards d’euros répartis pour 15 milliards d’euros sous la forme de conseil et de financement au secteur des énergies renouvelables et pour 85 milliards en émissions degreen bonds. BPCE a annoncé lors deson plan stratégiqueune enveloppe de 10 milliards d’euros à destination des énergies renouvelables, tandis que BNP Paribas a réaffirmé il y a deux mois son objectif de 15 milliards de financement à horizon 2020. Le Crédit Agricole entend, lui, arranger 100 milliards d’euros d’obligations vertes ou de prêts verts d’ici 2020, soit 40 milliards de plus que l’objectif à fin 2018 annoncé lors de la COP 21. Ses réseaux espèrent financer un projet sur trois en énergie renouvelable d’ici 2020 afin de doubler le niveau de financement sur ce segment dans l’Hexagone.
Alors que la Fédération bancaire française milite pour une prise en compte du risque favorable à la transition énergétique, Natixis s’est en outre illustrée en annonçant la mise en place en 2018 d’un mécanisme internequi s’appliquera dans le monde entier dans la BFI et les services financiers spécialisés. Ce système qui fera l’objet d’un point d’avancement en juin prochain« conduira à une modification des indicateurs retenus pour l’allocation de capital et le pilotage des activité »et mènera« à une amélioration du RoE interne des projets ayant un impact positif sur le climat et l’environnement ».
Les investisseurs publicss’engagent
La gestion d’actifs fait aussi partie des thématiques majeures. En clôture du ClimateFinance Day, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé la signature dela Charte des investisseurs publics français en faveur du climat, qui conduirala Caisse des dépôts, l’Agence française de développement, Bpifrance, le FRR, l’Erafpainsi que le portefeuille de participations de l’État à intégrerdes critères d’impact climatique dans la gestion de leurs fonds. Ils gèrent à eux tous 590 milliards d’euros.
Dans un contexte de meilleure transparence de la prise en compte de l’ESG (environnement social gouvernance),mis en valeur par le dernier rapport de l’AMF, BPCE ambitionne de gonfler ses encours ISR de plus de 10 milliards sur ce segment et les nouvelles assurances vie de Natixis intégreront une unité de compte ESG d’ici la fin 2018. BNP Paribas renforcera sa gamme de fonds verts en lançant notamment un fonds d’épargne dédié aux PME et ETI actives dans la transition énergétique.
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Paris - «C’est pas une sortie à la Mendès-France, mais en rase-campagne», ironise un cadre du camp présidentiel. Neuf mois après l’avoir supplanté, François Bayrou cède Matignon à Sébastien Lecornu, un échec pour le centriste qui devait forger des compromis au Parlement et avec les partenaires sociaux. François Bayrou ne s’est pas éternisé pour son discours de passation. Sébastien Lecornu non plus, qui l’a raccompagné à la porte du 57, rue de Varenne. Le patron du MoDem a auparavant promis «d’aider» son successeur à Matignon. Il a exhorté le pays et sa classe politique à se «rassembler». Et comme il l’a souvent fait ces dix derniers mois, il a appelé à «inventer le monde nouveau» qui «va s’imposer» à partir de la «réalité». Une claire allusion à l'état d’endettement du pays, son mantra depuis un quart de siècle, dont le constat maintes fois répété n’a pas empêché le renversement de son gouvernement par l’Assemblée. Sébastien Lecornu s’y est référé en évoquant l’"extraordinaire courage» avec lequel son prédécesseur a défendu ses «intimes convictions de militant et de citoyen». Tout en ajoutant, dans un discours laconique: «il va falloir aussi changer, être sûrement plus créatif, plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions». La scène résume bien l'état d’esprit du camp macroniste, où la mansuétude n’est guère de mise pour un Premier ministre qui, après s'être imposé à Emmanuel Macron, a semblé accélérer sa chute avant même l’examen du budget. La promesse d’un renouveau du dialogue social et politique, porté par le dirigeant centriste adepte de la «co-responsabilité», a échoué lors du conclave entre partenaires sociaux sur les retraites, puis sur ce faux-départ budgétaire sans négociation estivale, après la présentation d’un plan drastique mi-juillet. Jusqu'à ce vote de confiance sollicité à la surprise générale. «C’est malin», écrit, après cette annonce, une ex-ministre MoDem dans une boucle interne. Sauf que les conditions d’une issue positive du vote n’ont été négociées ni avec le PS, ni avec le RN. Surprise dans les rangs du parti, comme au sein du gouvernement, dont les membres n’ont été informés que quelques minutes auparavant. «Jamais rêvé de Matignon» Au sommet de l’Etat, on prend soin de ne pas accabler le Premier ministre, tout en insistant sur le caractère inédit de la méthode. Lors d’un déjeuner à l’Elysée, la semaine dernière, Emmanuel Macron aurait même évoqué l’idée de renoncer à ce vote de confiance, selon l’entourage de l’un des participants. François Bayrou «a échoué sur ce qui était pourtant censé être un mantra, c’est-à-dire une capacité à dialoguer. C’est quand même singulier d’entrer à Matignon en ayant la responsabilité de devoir trouver une voie de passage et de compromis et de se montrer inflexible à toute concession», juge un cadre d’un des partis du bloc central. En témoigne le détail du vote de l’Assemblée lundi: seuls 194 députés lui ont accordé la confiance. François Bayrou n’a pas fait le plein dans le socle commun. 13 députés des Républicains ont même voté contre, et 9 se sont abstenus. «C’est d’une tristesse pour lui... Quarante ans de vie politique qui finit comme ça. Et puis dans l’indifférence générale. Voire dans le soulagement», feint de s'émouvoir un cadre du camp macroniste. Carrière terminée ? C’est mal connaître le Béarnais, murmurent ses proches. Non, François Bayrou ne nourrit pas d’ambition présidentielle. «Ma liberté c’est que je savais, en passant le portail ici, que ça n'était pas compatible», expliquait-t-il à l’AFP début août. Mais «son projet n'était pas d'être Premier ministre mais président de la République. Il n’a jamais rêvé d'être à Matignon», glisse un de ses proches. Le Premier ministre sortant a déjà cédé le pas dans la course à l’Elysée au profit d’Emmanuel Macron en 2017. Et pour la suite ? Un soutien à Edouard Philippe ou à Gabriel Attal n’a rien d’une évidence, tant les relations sont fraîches. Et François Bayrou est encore, jusqu’en 2027, président du MoDem. Baptiste PACE © Agence France-Presse -
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