L’effet de cliquet conserve la forme

Malgré certaines préventions, le taux de rendement des fonds en euros est resté compétitif en 2014, A 2 % net d’inflation, il a peu de concurrents en attendant l’éclosion des supports Eurocroissance

Sécuritaires, liquides et encore rémunérateurs. En 2014, les supports en euros des contrats d’assurance vie affichent un taux de rendement net moyen de 2,5% et se positionnent, à égalité avec le Plan d’épargne logement, dans le quatuor de tête des placements les plus rémunérateurs, juste derrière les unités de compte (4,7% de rendement moyen) et devant le Livret d’épargne populaire (1,6%)(1). Net d’inflation de 0,5% l’an passé, le taux de rendement moyen des fonds en euros signe une performance digne de ses meilleures années (voir le graphique). Bien entendu, il s’agit de premières estimations, mais contrairement aux attentes, le support à effet de cliquet a su tenir son rang.

Pourquoi, dans ces conditions, chercher à modifier le comportement des assurés qui consacrent pas loin de 80% de leurs versements sur les supports en euros ?

Produit d’appel patrimonial.

La question n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs années, les assureurs tentent de manœuvrer pour amener les assurés à privilégier les supports en unités de compte. Ils y réussissent avec plus ou moins de bonheur selon leurs canaux de distribution et, dans ce domaine, les opérateurs centrés sur les cabinets de gestion de patrimoine sont généralement bien meilleurs que les autres.

Mais il se trouve aussi que les fonds en euros qu’ils proposent arrivent à se situer dans la fourchette haute des rémunérations en dépassant, pour certains, en 2014 les 3%, voire les 4%.

C’est le cas notamment de Suravenir et Primonial qui viennent d’annoncer un rendement de 4,05% net sur le fonds en euros Sécurité Pierre Euro du contrat Sérenipierre. Chez UAF Life Patrimoine, entité du groupe Crédit Agricole Assurances, c’est un taux de 3,82% net pour l’actif Euro Allocation Long Terme assuré par Spirica qui a été servi l’an passé. Au Crédit Mutuel Nord Europe, la filiale d’assurance ACMN Vie se flatte quant à elle d’une performance de 3,70%, réservée il est vrai aux contrats commercialisés par CD Partenaires. Sur les contrats Diade Evolution, ce taux concerne le fonds en euros Euro Pierre Plus. Au Conservateur, le taux de rendement atteint 3,45% sur Conservateur Hélios Sélection et 3,25% sur Arep Multisupport. Quant à Generali, bien que livrant un éventail assez vaste de rémunérations, un taux de 3,70% est accordé pour le fonds Elixence sur le contrat Himalia.

Les mutualistes dans la course.

En 2014, les assureurs mutualistes ont encore bien défendu leurs couleurs avec un tir groupé autour des 3%. Ainsi, la Macif annonce des taux compris entre 3,10% et 3,15% pour ses contrats épargne. Le taux du contrat d’assurance vie de Matmut Vie Epargne s’élève aussi à 3,10%, tout comme celui du contrat Assurance vie Responsable et Solidaire de la Maif qui livre un taux de 3% pour Nouveau Cap.

La Maif affiche 3,10% et Maaf maintient le rendement de 3,01% sur ses deux principaux contrats en cours de commercialisation Winalto et Winalto Pro. GMF reste sur un 3,05% qui est attribué à la totalité des encours gérés à l’ensemble des contrats dont Altinéo et Compte Libre Croissance.

Petits encours, bonne performance.

Il ne s’agira pas d’une révélation: tous les contrats ne sont pas logés à la même enseigne. Pas mal de gros porteurs servent des taux inférieurs à la barre des 3%. Ce sont souvent des formules anciennes, voire fermées. Il est inutile de s’attarder sur ce phénomène souvent relevé par les observateurs. En 2014, le jeu consistant à «mettre en vitrine» les rendements servis sur les fonds de faible taille est toujours d’actualité. Pour être juste, on évitera cependant toute généralisation en citant l’Afer qui sert sur la totalité de ses encours en euros de 41 milliards un taux de 3,20% net, tout en dotant sa provision pour participation aux bénéfices de 80 millions d’euros.

Les formules en euros à taux de rendement bonifié qui, en contrepartie d’une part minimale investie sur des unités de compte, procurent un rendement majoré sont aussi à relever. La technique se défend, elle peut même, selon certains assureurs, se présenter comme le bon mix-produits pour les années à venir avec d’un côté une poche sécurisée destinée à la progression régulière du capital; et des unités de compte de l’autre pour rechercher la performance. La solution est bien connue des conseillers en gestion de patrimoine. Si l’assuré se fixe une échéance et que l’intermédiaire sait saisir les opportunités d’arbitrage sur les supports en unités de compte, ce montage n’est pas si éloigné de l’Eurocroissance, font remarquer certains opérateurs. Il est moins complexe, mais il est vrai sans garantie contractuelle au terme.

De l’euro classique…

Très entouré médiatiquement ces derniers mois, l’Eurocroissance tiendra-t-il ses promesses de développement? Difficile d’établir des pronostics sérieux. Pour l’heure, cinq formules Eurocroissance ont vu le jour sur le marché. On ne peut pas parler d’engouement, mais pas non plus d’indifférence.

L’Eurocroissance a un sens pour les assurés qui raisonnent par projets et savent se fixer des échéances comme un départ en retraite. Selon une récente enquête de l’Association française de l’assurance (AFA), la retraite serait de loin le premier objectif des souscripteurs de nouveaux contrats d’assurance vie (30%), loin devant la transmission du capital (10%). Voilà qui est un argument sérieux pour le nouveau contrat.

… à l’Eurocroissance.

Les assureurs ont révisé leur discours sur le sujet. Il y a une dizaine d’années, au moment de la sortie de l’Eurodiversifié, quasi semblable au fonds croissance au niveau actuariel, ils étaient peu nombreux à encenser le produit. Aujourd’hui, la technique reste la même. Au-delà des aménagements réalisés dans l’enveloppe de l’assurance vie, le principe à faire accepter à l’assuré n’a pas varié: une recherche d’un meilleur rendement que le fonds en euros classique en contrepartie d’une garantie à une échéance. Et à supposer que l’on fasse abstraction de l’environnement des taux d’intérêt, bien moins favorable qu’il y a dix ans pour affecter une part importante de l’épargne aux placements dynamiques, il faudra revenir vers les particuliers avec les mêmes arguments.

Sauf peut-être pour les rares opérateurs qui ont eu la sagesse de se positionner sur les fonds diversifiés, à l’instar de BNP Paribas Assurances. Le groupe peut être satisfait de se présenter sur la Place avec des performances en 2014 supérieures à 10% pour ses ex-contrats diversifiés devenus Eurocroissance. Et même si toutes les précautions d’usage doivent être prises dans la lecture de ces rendements, il est néanmoins opportun de relever que, dans un univers où la communication est reine, le groupe présente un sérieux avantage concurrentiel.

Une transparence à améliorer.

La communication reste encore un sujet douloureux pour les assureurs. Pour en revenir au fonds en euros classique, il est clair que d’importantes «terres inconnues» persistent dans la formation du taux de rendement et de la répartition des bénéfices. Les conseillers indépendants doivent plus que jamais se montrer vigilants dans un contexte délicat de faiblesse persistante des taux d’intérêt et des risques liés à l’endettement des Etats, la part des emprunts publics avoisinant les 40% des portefeuilles.

Les experts invités à notre table ronde (lire pp. 36 à 39) attirent une fois de plus l’attention des professionnels de l’assurance sur ce sujet. Mais les vieilles habitudes sont tenaces. L’Agefi Actifs a interrogé les assureurs sur les taux de rendements en rappelant que le Code déontologique de l’AFA précise que «pour toute communication spécifiquement destinée à établir des comparaisons avec d’autres contrats, il doit être indiqué soit le montant total de l’épargne en euros gérée au titre de la catégorie de contrats concernée par le taux, soit le pourcentage d’encours en euros que ce contrat représente par rapport à l’ensemble des engagements en euros gérés par l’entreprise». Peu ont répondu dans l’intégralité.

(1) Lire sur le site de L’Agefi Actifs: le dossier sur les fonds en euros.

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