Assurance vie : la gestion pilotée de masse décriée par le marché

Le gouvernement souhaite imposer le référencement d’au moins une gestion pilotée en assurance vie, mais les intermédiaires et les assureurs pointe du doigt les défaillances d’un système de conseil de masse et des risques pour les porteurs de risque.
Mathilde Castagna
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Dans ce contexte de crise, l’assurance vie attise les convoitises, mais aucun projet là concernant semble faire l’unanimité auprès des acteurs du marché. Désormais appelée à participer au financement de l’économie réelle et notamment sa transition vers un marché plus responsable via le projet de loi industrie verte présenté par le gouvernement au courant du mois de mai, le véhicule lourd de plus de 1.800 milliards d’euros reste une chasse gardée.

«Restreindre le libre arbitre des assurés et le cadre de l’investissement en assurance vie ne sera jamais synonyme de renforcement de la motivation et de l’adéquation du conseil au souscripteur ni de réduction des conflits d’intérêts et de l’amélioration de la transparence. Bien au contraire», a commenté Vincent Legros, président de Convictia et conseiller en gestion de patrimoine.

L’une des dernières propositions, issue du projet de loi sur l’industrie verte présenté par le gouvernement au mois de mai dernier, suggère entre autres d’imposer le référencement d’au moins une gestion pilotée lors de la souscription d’un contrat. «C’est l’industrialisation de masse des services financiers, le fast food de l'épargne... On fait du systématique et de l’identique pour tout le monde. Cela réduit les coûts et facilite le traitement et la gestion des investissements», a commenté le président de Convictia.

En accélérant le développement de la gestion pilotée, le gouvernement espère orienter – en début de vie du contrat - ces investissements vers des actifs non-côtés. Selon le texte provisoire, ces nouveaux flux d’épargne devraient participer au financement de la décarbonisation des PME et ETI. «Les conseillers perdent toute valeur ajoutée, il n’ y a plus d’analyse ni de personnalisation des solutions. (…) Elles dépendent désormais des équipes à la tête des services de gestion qui manipulent des fonds très importants de manière collective, bien loin de chaque client, de ses objectifs et de ses besoins particulier», a ajouté le conseiller en gestion de patrimoine.

Une performance qui se fait attendre

Au-delà des questions portées au devoir de conseil, la gestion pilotée – également appelée par certains acteurs «profilée» ou «sous mandat» - peine à performer. «La gestion profilée est intellectuellement intéressante, mais ce n’est pas la gestion qui performe le mieux d’un point de vue financier», a souligné Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet de conseil Facts&Figures et du site spécialisé sur les assurances de personnes et les placements financiers Good Value for Money.

Alors que l’assurance vie a permis de démocratiser ce type de gestion, le retournement des marchés boursiers n’a épargné aucun contrat. Sur l’année 2022, la majorité des supports ont enregistré des performances négatives. «Ni la gestion déléguée, ni la gestion pilotée, et ce quel que soit le profil choisi ne réalisent de bonnes performances. Elles font beaucoup moins bien que leurs indices de référence ou benchmarks. C’est un fait», explique le président deConvictia.

Sur les huit dernières années, la performance annuelle moyenne des «unités de compte (UC) gestion profilée» nette de tous frais est de 0,38% pour les UC dites «prudentes», de 1,81% pour les UC «modérées» et de 3,75% pour les UC «agressives», selon le site Good Value for Money. Une performance en demi-teinte pour des actifs à risque.

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