
Les défis qui attendent l’écosystème crypto pour la fin d’année

Tour d’horizon des prochains points d’attention.
La grande mue écologique d’Ethereum
Le grand changement de consensus de la blockchain Ethereum, baptisé The Merge et qui doit faire baisser sa consommation énergétique de plus de 95%, est l’événement le plus attendu de ces prochains mois, pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que c’est la première fois qu’une blockchain de cette importance, gérant près de 400 milliards de dollars, change de consensus en plein fonctionnement, c’est donc techniquement un saut dans l’inconnu. La complexité du processus est telle que les différentes équipes de développeurs ont été obligées de repousser à de nombreuses reprises la date de la mise en application de The Merge. La grande mutation d’Ethereum n’a en tout cas jamais été aussi proche et pourrait intervenir dès la mi-septembre.
Ce sera également un grand test pour le consensus à «preuve d’enjeu» (PoS, pour «proof of stake»), qui sera la méthode de validation des blocs après The Merge et qui remplacera celui de la «preuve de travail» (PoW, pour «proof of work»). Dans la nouvelle méthode, ce ne seront plus les mineurs et les cartes graphiques qui sécuriseront le réseau mais des validateurs, et la question sera de savoir s’ils auront assez d’incitations économiques pour valider les blocs et ainsi assurer la sécurité du réseau.
L’équilibre de la régulation
Au niveau mondial, le calendrier a été accéléré par la chute de l’écosystème Terra-Luna, dans laquelle les investissements de nombreux particuliers sont partis en fumée. «Beaucoup de nouveaux entrants sur le marché ont pu être trompés sur ce qui était qualifié de ‘stablecoin’ – l’UST de Terra –, qui était d’un genre particulier. Je suis persuadé que les régulateurs demanderont plus de garanties et de compréhension sur ce type de produit à l’avenir», analyse pour L’Agefi Elodie Trevillot, directrice réglementation, conformité et contrôle permanent à la banque Delubac & Cie. L’effet systémique a provoqué la chute de plateformes, comme Celsius Network ou Voyager Digital, plongeant dans l’incertitude des millions d’utilisateurs dont les fonds y sont toujours bloqués en attendant les dénouements judiciaires.
L’Europe a été la première région à se doter d’un cadre réglementaire après l’accord politique trouvé autour du texte MiCa (Markets in Crypto-Assets) et du TFR (Transfer of Funds Regulation), poussé notamment par la France, qui voulait une victoire politique avant de quitter la présidence de l’Union européenne. «MiCa ne sera pas le dernier texte réglementaire. En conséquence, il faut que les acteurs crypto continuent de s’organiser en se structurant pour dialoguer avec les instances européennes de la manière la plus efficace possible, pour aboutir à des textes réglementaires qui protègent le consommateur sans freiner l’innovation», insiste Faustine Fleuret, la présidente de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan). Lors des discussions, Bercy avait confié à L’Agefi que certains acteurs avaient «découvert le dialogue communautaire», et remarqué que de nombreux gros acteurs avaient fait des progrès pour se structurer.
De nombreux institutionnels attendent un cadre plus clair, notamment aux Etats-Unis ou en Asie, pour pleinement se lancer sur le marché. D’autres gros acteurs de l’écosystème crypto, comme Binance, poussent également en faveur d’une régulation, qui leur permettrait de continuer à gagner des utilisateurs en démocratisant notamment le paiement crypto.
La parade contre les ‘hacks’ géants
Les hacks spectaculaires de ces derniers mois, qui ont notamment visé les bridges, ont relancé le débat autour de la sécurité des crypto-actifs dans l’écosystème. Depuis le début de l’année, au moins 1,6 milliard de dollars ont été volés dans la finance décentralisée (DeFi), selon un décompte de l’entreprise de cybersécurité CertiK, soit déjà plus que les montant volés en 2020 et 2021 combinés.
Les investigations à la suite de ces hacks soulignent souvent un manque d’audits du code des structures crypto, comme le remarquait notamment une étude de KPMG parue mi-juin. Un manque de sérieux qui permet de «trier» entre les projets les plus solides et les plus «fantaisistes», selon de nombreux observateurs de la DeFi. Mais ces failles refroidissent certains institutionnels et freinent la démocratisation de la DeFi… ce qui n’est pas forcément pour déplaire à certains puristes, dont la philosophie est de bâtir un secteur concurrent au système bancaire classique.
Le développement des ‘stablecoins’ décentralisés
Après la chute de Terra-Luna, de nombreux projets dans la DeFi cherchaient un moyen d’être plus résilients. Même si les réflexions ne sont pas apparues à ce moment-là, l’affaire Tornado Cash a encore appuyé la nécessité que ces projets soient notamment moins dépendants d’une poignée d’acteurs comme Tether ou Circle, les entités qui émettent les deux plus gros stablecoins du marché.
Dans cette optique, Aave a déjà fait une proposition à sa communauté pour le lancement du GHO, un stablecoin décentralisé. Curve, l’autre géant de la DeFi, devrait faire de même dans les prochaines semaines. Le lancement de ces stablecoins viendrait concurrencer la mainmise de Tether et de Circle, dont les stablecoins sont utilisés à une écrasante majorité pour faire fonctionner économiquement la DeFi.
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Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse