
Cryptos : le modèle spécifique de Terra a précipité sa chute

Sur Twitter, il avait fait de l’arrogance une marque de fabrique. Do Kwon, le co-fondateur de Terra, voulait détrôner la concurrence «par sa main», pour que son écosystème devienne le stablecoin numéro un. «Ce culte de la personnalité a permis de donner confiance aux particuliers pour y investir. Grâce à ça, le projet a été naturellement porté par le marché pendant plusieurs mois», analyse Artem Sinyakin, co-fondateur d’OAK Invest, un média spécialisé dans l’investissement en cryptomonnaies. A chaque remous auquel faisait face Terra, il suffisait d’un tweet de l’entrepreneur sud-coréen pour faire repartir la machine. «Avec une telle confiance affichée par Do Kwon, la majorité de la communauté du projet se disait que Terra était beaucoup trop gros pour tomber, que les fondamentaux étaient assez solides», souligne Artem Sinyakin.
Pour comprendre l’innovation que proposait Terra, il faut se pencher sur les trois grandes catégories de stablecoins actuellement sur le marché. D’abord, les stablecoins centralisés comme l’USDT de Tether. Ils sont émis par des sociétés privées qui sont censées garder dans leurs réserves autant de dollars (ou autre monnaie fiat) que le nombre de jetons qu’elles proposent en circulation. Le passé a montré, notamment pour Tether, qu’il n’était pas facile pour les régulateurs ou les utilisateurs de vérifier cette promesse.
Pour pallier ce possible manque de confiance dû à la centralisation, des stablecoins décentralisés ont fait leur apparition. Cette fois, c’est un algorithme informatique qui s’assure que le stablecoin est toujours soutenu par un collatéral en cryptomonnaies. Enfin, il y a les stablecoins algorithmiques, qui fonctionnent sur un principe de contraction entre l’offre et la demande sans collatéral. Terra se voulait à cheval entre le modèle décentralisé et algorithmique : «Le problème, c’est que Terra a commencé à collatéraliser trop tard. Il aurait fallu le faire aux premières centaines de millions de dollars, pas à 18 milliards de capitalisation», explique Artem Sinyakin. Une collatéralisation assez importante devait permettre à Terra de défendre la stabilité de son stablecoin, en cas de mouvement de marché trop important. C’était d’ailleurs le sens des achats en bitcoins de la fondation Luna qui en avait acquis plus de 40.000 depuis mi-mars. Pour Artem Sinyakin, «Terra aurait dû instaurer une petite taxe par exemple sur les échanges entre Luna et UST pour se constituer une réserve automatiquement dès le début».
Sauvetage impossible
Et maintenant ? Pour le co-fondateur d’OAK Invest, «Terra ne va pas disparaître immédiatement. Ses équipes vont le laisser un peu en plan. On voit déjà que de nombreux robots de trading jouent avec le cours de l’UST (le stablecoin de Terra) et le Luna (sa cryptomonnaie) depuis quelques heures». Terra semble promis à devenir le jouet des spéculateurs, au moins pour les mois à venir, à l’instar des «shitcoins», qualificatif attribué aux cryptomonnaies qui font plus souvent l’actualité pour leur caractéristiques spéculatives que pour leur projet. «Pour moi dans l’immédiat, le projet est insauvable. Et même si l’UST retrouve sa parité avec le dollar (avec le plan de sauvetage proposé par Do Kwon), cela ne tiendra pas longtemps parce que d’autres personnes voudront vendre de l’UST, ce qui refera chuter son cours», conclut-il. Jeudi en fin d’après-midi, Terra a même arrêté «temporairement» sa blockchain pour limiter les risques de hacking, son jeton (Luna) ne valant plus rien.
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