
Finnov’ ou la vitrine des fintechs utiles

Technologies et finance sont faites pour s’entendre. C’est ainsi que Weefin a reçu le prix de la fintech de l’année décerné par le pôle Finance Innovation. Mais quelle est leur utilité sociétale, au fond ? La journée de conférences organisée par le pôle Finance Innovation à Station F a permis d’aborder la question sous de multiples angles : l’investissement et les financements ESG, l’intelligence artificielle au service de la finance verte, le rôle de la finance dans l’économie circulaire, le paiement rendu plus pratique et plus accessible, la meilleure maîtrise des risques… La fintech a de façon évidente transformé un secteur bancaire qui a longtemps souffert de fermeture et de rigidité.
L’un des apports les plus intéressants concerne l’inclusion «des personnes en situation de fragilité», une périphrase qui désigne autant les personnes à faibles revenus ou à revenus multiples et fragmentés que les handicapés ou celles rencontrant un passage difficile dans leur vie. Lors d’une table ronde, plusieurs fintechs ont décrit leurs services et en quoi ils contribuent à l’inclusion. D’abord, l’emblématique Nickel, qui compte désormais 3,6 millions de clients en France, en Espagne, au Portugal et Belgique et en Allemagne, continue d’ouvrir 65.000 nouveaux comptes chaque mois. Cette offre a presque annihilé le recours au droit au compte utilisé lorsqu’un particulier ne parvient pas à trouver de banque. 42% de ses clients n’ont que le compte Nickel et les deux tiers l’utilisent comme compte principal, preuve qu’on peut quasiment tout faire avec un service simple et riche à la fois. Thomas Courtois, directeur général de Nickel, a expliqué travailler sur des offres de crédit et d’assurance proposées grâce à des partenaires branchés via l’open banking. Rentable depuis 2018, la néobanque inclusive est en pleine accélération de sa croissance.
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Des progrès grâce aux données
Le rôle des données a été largement souligné dans la capacité d’inclusion. Exemple avec Provenir, une plateforme décisionnelle fondée sur l’intelligence artificielle qui s’est fait une spécialité de la recherche et du traitement de données alternatives permettant ainsi aux banques de mieux évaluer le risque de crédit des personnes aux profils non classiques, ayant par exemple un ou plusieurs petits boulots. Outre ces revenus fragmentés consultés via l’open banking, Provenir a trouvé que la fréquence de rechargement du téléphone mobile pouvait être un indicateur de fiabilité. Selon Corinne Lleti, directrice générale pour l’Europe du Sud, «Provenir permet ainsi d’octroyer de petits prêts dont le remboursement sert à observer le comportement de l’emprunteur et à lui créer un historique de crédit. La banque peut ensuite lui ouvrir progressivement un plus large accès au prêt.»
Même démarche chez Meelo qui travaille pour une trentaine de banques auxquelles il donne une vision plus claire et plus précise du risque réel porté par des clients n’ayant pas de revenus stables. L’open banking offre un moyen d’évaluer très précisément la situation réelle de l’emprunteur et la qualité de sa gestion : «même avec un revenu de 1.500 euros par mois, on peut être meilleur gestionnaire qu’avec un salaire de 10.000 euros, souligne Laurent Kocinski, directeur général de Meelo. Nous permettons aux établissements de tenir leur coût du risque et d’accueillir de nouveaux clients, intérimaires, freelances, indépendants. Ils peuvent ainsi augmenter leur portefeuille de clients, réduire leurs coûts et accroître leur productivité grâce à l’open banking qui permet un traitement des données en instantané.» La solution est également utilisée par les entreprises de location de téléphones portables ou de véhicules.
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Conseil et éducation financière
Enfin, La Bienveillance Financière marie sa plateforme technologique basée sur l’intelligence artificielle et une équipe d’ingénieurs patrimoniaux pour dispenser, via les banques, un service intégrant un conseil patrimonial payant et la vente planifiée de produits financiers. Sa valeur ajoutée réside dans un conseil personnalisé notamment pour les familles ayant un enfant handicapé dont elles souhaitent assurer l’avenir lorsque les parents ne seront plus là. En 2023, 5.000 bilans patrimoniaux ont ainsi été facturés. «C’est grâce à la combinaison de l’expertise de nos ingénieurs patrimoniaux qui conçoivent les solutions et de notre outil technologique qui apporte une grande efficience», souligne Arthur Jacquemin, président et fondateur de La Bienveillance Financière.
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Dans une table ronde précédente, Arbia Smiti, fondatrice et directrice générale de Rosaly, est également intervenue sur les nouveaux services mis à disposition des salariés. Son offre repose sur l’acompte sur salaire, qui permet aux salariés d’éviter les découverts ou les crédits à la consommation mais aussi de gagner en productivité s’ils ont l’esprit libéré de leurs difficultés financières. La fintech l’a élargie à l’aide à l’épargne, à partir de 20 euros par mois, et à l’éducation budgétaire digitalisée dans son application en envoyant des notifications sur le reste à dépenser ou sur le risque de dépenser trop et d’être à découvert. Un service rendu possible par l’open banking. Rosaly compte «300 clients entreprises de la PME aux ETI et aux entreprises du CAC 40», indique Arbia Smiti qui espère bien que la santé financière deviendra un enjeu aussi fort que la santé physique ou mentale.
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