TotalEnergies résiste aux difficultés d’Adani

Le géant français du pétrole détient des participations dans deux filiales du groupe indien qui ont plongé de 20% en Bourse vendredi. Son action n’a pourtant pas réagi.
Johann Corric
TotalEnergies, panneaux solaires au japon
L’Inde pèse beaucoup dans le développement des énergies vertes de TotalEnergies.  -  PIERRE-OLIVIER / Capa Pictures / TotalEnergies

Les accusations d’un fonds activiste commencent à sérieusement affecter le conglomérat indien Adani. Trois jours après la publication du rapport de Hindenburg Research, les entreprises du milliardaire Gautam Adani se sont effondrées en Bourse. Le fonds, qui ne se cache pas de vendre à découvert les titres qu’il cible, a en effet reçu un soutien de poids vendredi. Bill Ackman, directeur général du hedge fund américain Pershing Square, a jugé sur Twitter le rapport «hautement crédible et extrêmement bien documenté».

Outre le vaisseau amiral Adani Enterprises, qui a vu son cours fondre de 18%, les titres Adani Green Energy et Adani Total Gas ont plongé de 20% avant d’être suspendus de cotation. Lundi matin, ils chutaient de 20% supplémentaires. Or, TotalEnergies détient des participations significatives dans ces deux sociétés spécialisées respectivement dans le gaz naturel liquéfié (GNL) et les énergies renouvelables. Il a pris 37,4% d’Adani Gas à partir de 2019 et 20% d’Adani Green Energy en janvier 2021. Plus récemment, le pétrolier a aussi acquis 25% d’Adani New Industries Limited (ANIL). Parmi les éléments avancés dans son rapport, Hindenburg Research s’étonne par exemple qu’Adani Total Gas soit audité par une entreprise dépourvue de site Internet et comptant seulement 11 salariés.

TotalEnergies ne baisse pas

La proximité du groupe dirigé par Patrick Pouyanné avec le géant indien n’a pourtant entraîné que peu de réactions des investisseurs. L’action TotalEnergies a clôturé la séance de vendredi en hausse de 0,2% et reculait de 1,5% lundi matin. Interrogé par L’Agefi, un porte-parole de l’entreprise a indiqué que «les investissements réalisés par TotalEnergies dans les entités d’Adani ont été effectués dans le respect total des lois applicables, notamment indiennes, et de nos processus de gouvernance interne. Notre exercice de due diligence, qui a été mené de manière satisfaisante pour TotalEnergies, était conforme aux meilleures pratiques, et tous les documents pertinents du domaine public ont été examinés».

L’indifférence du marché s’explique sans doute aussi par les valorisations boursières qu’affichent toujours Adani Total Gas et Adani Green Energy. Même après une chute de 20%, leurs capitalisations s’élèvent à 39 et 29 milliards de dollars. Soit environ 14,6 et 5,8 milliards pour les parts détenues par TotalEnergies alors que le français avait investi «seulement» 600 millions de dollars dans Adani Total Gas et 2 milliards dans Adani Green Energy. Il y a encore de la marge avant que leur cours de Bourse, qui se sont envolés au cours des deux dernières années, retombent à ces niveaux de valorisation.

Le doute jeté sur le sérieux d’Adani pourrait néanmoins, s’il se confirme, finir par pénaliser TotalEnergies. Au-delà des sommes investies, le partenariat noué avec le conglomérat indien soutient deux piliers importants de la stratégie du groupe : le développement du GNL et des énergies vertes. A fin 2021, l’Inde représentait 56% des capacités brutes installées de génération d’électricité solaire de l’énergéticien. En juin dernier, il indiquait s’associer à Adani via l’achat de 25% d’ANIL pour créer «un acteur géant de la production d’hydrogène vert». Après la diffusion de l’émission Cash Investigation lui étant consacrée le 26 janvier, TotalEnergies a vécu une fin de semaine agitée.

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