
Londres se ménage des marges budgétaires face à l’inflation

Malgré un déficit mensuel en hausse à 13,1 milliards de livres sterling en février, le gouvernement britannique enregistre un déficit bien inférieur aux prévisions en cumul sur les onze premiers mois de l’exercice fiscal 2021-2022 qui se terminera fin mars. Le trou atteint 138,4 milliards de livres au lieu des 164,4 milliards prévus par l’Office for Budget Responsibility (OBR). C’est aussi 52% de moins que pour la même période en 2020-2021, grâce à des recettes fiscales bien plus élevées, indique l’Office for national statistics (ONS).
Ce bilan pourrait donner un coup de pouce au chancelier de l’Echiquier Rishi Sunak lors de sa présentation budgétaire définitive attendue mercredi 23 mars. Notamment si le gouvernement britannique doit dévoiler des mesures pour aider ses administrés à faire face à la forte augmentation du coût de la vie au Royaume-Uni. Rishi Sunak est sous pression pour agir alors que les ménages et les entreprises sont confrontés à des factures alimentaires et énergétiques qui flambent, exacerbées par la guerre en Ukraine. Une hausse des impôts entrera en outre en vigueur le 1er avril.
Lundi, le ministre des Finances s’est engagé à garder «une approche responsable» dans le contexte «d’incertitude persistante causée par les chocs mondiaux» après les emprunts records réalisé pendant la pandémie.
Le coût de la dette augmente
L’inflation est un sujet budgétaire particulier au Royaume-Uni où 25% de la dette souveraine est indexée. Le saut d’inflation depuis un an a augmenté le coût des intérêts de la dette jusqu’à 67 milliards de livres entre avril et février, soit 29,5 milliards de plus (80%) que sur la même période un an plus tôt, et bien au-dessus des prévisions de l’OBR. L’Institute for Fiscal Studies avait averti le mois dernier que la flambée des prix renchérirait d’au moins 23 milliards de livres au coût du service de la dette nationale cette année et autant l’année prochaine.
L’ONS a par ailleurs indiqué que les hausses de taux décidées par la Banque d’Angleterre (BoE), de 0,10% à 0,50% (puis 0,75% le 17 mars), ont bien renchéri les intérêts dus par le Trésor britannique versés à la BoE dans le cadre de son programme d’achats (QE). Le coût mensuel est passé de 73 millions de livres en novembre à 369 millions en février.
Le Trésor a également fait part de son inquiétude sur la sensibilité accrue de la dette britannique aux changements de politique de la BoE. Une hausse des taux trop rapide a un effet négatif sur la valorisation des titres détenues par la banque centrale, avec de possibles pertes en capital à prévoir, ce qui préoccupe son actionnaire.
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Réchauffement climatique, surtourisme, divergences générationnelles: en Grèce, sur l'île d'Egine, la culture de la pistache menacée
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