
L’inflation fait grimper le coût de la dette britannique
L’inflation a particulièrement pesé sur les finances publiques du Royaume-Uni le mois dernier, entraînant les paiements d’intérêts du Trésor sur la dette publique à un montant de 8,7 milliards de livres, un plus haut depuis le début des relevés en 1997, a annoncé mercredi l’Office for National Statistics (ONS). C’est 6 milliards de plus qu’en juin 2020, essentiellement à cause de la hausse des prix qui fait grimper le coût des Gilts indexés. Alors que le déficit global du Royaume-Uni restait inférieur aux estimations de l’Office for Budget Responsibility (OBR) sur trois mois à fin mars, cette évolution, avec une inflation mesurée à +3,9% sur un an, menace d’absorber les économies dégagées grâce à la reprise.
Un quart de la dette britannique, soit environ 448 milliards de livres, est lié à des indices d’inflation, selon le Debt Management Office. L’OBR estime que si l’inflation atteignait 5%, les intérêts augmenteraient jusqu’à 9 milliards sur les Gilts indexés. L’inflation n’est «plus un moyen très efficace de réduire le ratio dette/PIB», a-t-il indiqué dans un rapport publié plus tôt dans le mois décrivant les risques pour les finances publiques. Il notait que le Royaume-Uni a une proportion «relativement élevée» de dette indexée, ainsi que des échéances plus courtes qui sont un «sous-produit» du programme d’achat d’obligations de la Banque d’Angleterre (BOE) pour stimuler l’économie.
Baisse de 13% des émissions espérée cette année
A titre de comparaison, les obligations indexées sur l’inflation représentent 11% de l’encours de dette de la France, qui atteint au total 2.057 milliards d’euros selon le dernier relevé de l’Agence France Trésor.
Le déficit public comptabilisé par l’ONS s’est élevé à 69,5 milliards de livres entre avril et juin, bien en-deçà des 92,7 milliards prévus par l’OBR au moment du budget décidé en mars. Les recettes fiscales ont bondi de +18% en juin par rapport à l’année précédente, contre +3,1% pour les dépenses. Cette tendance sur les trois premiers mois de l’exercice 2021-2022 a pour l’instant permis au Royaume-Uni de limiter son recours à l’emprunt d’environ 25% par rapport au programme, et d’espérer émettre 13% de moins sur les 234 milliards prévus pour l’année. Mais une forte augmentation du coût de la dette publique pourrait limiter cette marge de manœuvre que le chancelier de l’Echiquier Rishi Sunak croyait voir apparaître, alors que la nouvelle vague de Covid-19 pourrait nécessiter au moins 10 milliards d’aides publiques supplémentaires.
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