
Les Spac, le tube de 2020 sur les marchés

Même SoftBank cède à la mode des Spac. Le conglomérat japonais a annoncé en début de semaine le lancement d’un special purpose acquisition company (Spac), une société vide de toute activité qui sera introduite à la Bourse de New York en vue de lever de l’argent pour réaliser des acquisitions. Le groupe de Masayoshi Son veut récolter un peu plus de 600 millions de dollars. Une somme qui, couplée à l’effet de levier de la dette, permettrait de réaliser des achats pour plusieurs milliards de dollars.
Cette annonce clôt une année exceptionnelle pour les Spac. Selon les derniers chiffres de Dealogic, 234 sociétés de ce type ont été mises en Bourse à Wall Street en 2020, pour un montant levé de 81 milliards de dollars. Il n’y avait eu que 59 Spac en 2019 pour une valeur de 13 milliards...
«La thématique des Spac, qui a pris une très forte ampleur aux Etats-Unis au cours des deux dernières années, et qui connait même une petite surchauffe actuellement, est une tendance de long terme», est persuadé Paul Mihailovitch, managing director chez JPMorgan. Cette frénésie est alimentée par la faiblesse des rendements des actifs plus classiques. Un Spac offre l’avantage de pouvoir placer des liquidités dans une société avec la perspective de faire une culbute au moment de l’acquisition des actifs et, si cela ne se passe pas comme prévu, de récupérer son cash. Pour certains détracteurs des Spac, dont fait partie le vendeur à découvert Carson Block, la bulle n’est pas très loin. Ils soulignent notamment la faible performance des Spac une fois qu’ils sont cotés en Bourse.
L’Europe en retrait
Toujours un peu en retard par rapport aux Etats-Unis, l’Europe n’a pas encore succombé à la mode des Spac. Seules deux sociétés de ce type ont été mises en Bourse sur le Vieux Continent cette année : Dutch Star Companies ONE (DSCO) à Amsterdam et 2MX Organic à Paris. Invest Industrial, la société d’investissement d’Andrea Bonomi a lancé un Spac, mais l’investisseur qui s'était fait connaître en France au moment de l’OPAsur le Club Med, a choisi New York pour sa cotation.
Selon, Paul Mihailovitch, «beaucoup de dossiers sont à l’étude» en Europe. Mais peu se concrétisent. Les investisseurs européens sont moins familiers avec ce type de structure. Certains dossiers sont également un peu «farfelus», ajoute un spécialiste du marché qui rappelle que le sérieux d’un Spac dépend uniquement du profil de ses promoteurs et de leur projet. Impossible en effet de s’appuyer sur les résultats d’une entreprise sans actifs pour se faire une idée de sa valeur.
Confiance aveugle
La récente réussite de 2MX Organic tient ainsi à ses promoteurs, Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, et au relatif succès de Mediawan, premier Spac français, également porté par Xavier Niel et Matthieu Pigasse. Mais selon Julien Fabre, co-responsable de la banque d’affaires de Deutsche Bank en France et qui a piloté cette opération, la réussite de 2MX Organic, qui a levé 300 millions d’euros en quelques jours, «prouve que le marché français est agile et qu’il dispose de tous les atouts nécessaires pour accueillir ce type de sociétés, sachant que Mediawan et 2MX Organic ont créé une forme de standard auprès des investisseurs et du régulateur».
«Dans les Spac, il ne faut pas s’attendre à la même vague en Europe que celles connue aux Etats-Unis cette année. Mais l’exemple 2MX Organic a montré que les investisseurs sont plus enclins à investir en Europe dans ce type de structure, à condition d’avoir la bonne thématique et des promoteurs réputés», appuie Pierre Troussel, co-responsable du primaire actions (equity capital markets) à la Société Générale, qui a participé à l’opération 2MX Organic.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse