
Les prix remontent aux Etats-Unis, l’inflation sous-jacente diminue

Pas de quoi changer fondamentalement la donne. La dernière publication de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis par le Département du Travail (US Bureau of Labor Statistics, BLS) avant la réunion de la Fed du 20 septembre n’a rien changé à la probabilité d’une pause dans ses hausses des taux. Un statu quo de la banque centrale est toujours anticipé à 97% selon le CME FedWatch Tool. Malgré une nouvelle progression de l’inflation CPI annuelle de 3,2% en juillet à 3,7% en août - et de 0,6% en rythme mensuel soit la plus forte augmentation depuis juin 2022, elle ne donne pas plus d’informations sur une éventuelle dernière hausse le 1er novembre (39%). Certes, les consensus attendaient plutôt une hausse de 3,6% en rythme annuel. Mais l’indice a subi des effets de base négatifs sur l’énergie et surtout la hausse des prix du pétrole, liée aux coupes de production de l’Opep qui pourraient entraîner un déficit de 3 millions de barils par jour (mbj) au dernier trimestre.
L’indice CPI énergie progresse ainsi de 5,6% en rythme mensuel, pour -3,6% en rythme annuel au lieu de -12,3% fin juillet. Les prix de l’essence ont augmenté de 10,6% en rythme mensuel (-3,3% en rythme annuel) et ceux du fuel de 9,1% (-14,8% en rythme annuel). «Nous voyons une baisse du prix du baril en dessous de ses niveaux actuels (80-85 dollars plutôt que 90 dollars) pour la fin d’année, mais avec des risques à la hausse, note Xavier Chapard, responsable Recherche & Stratégie chez LBPAM. Dans ce cas, l’inflation CPI ‘headline’ repasserait aussi au-dessus de l’inflation sous-jacente (‘CPI core’, hors énergie et alimentation).» Le CPI alimentation, qui pèse 13% dans l’indice global, continue à diminuer, de 4,9% à 4,3% en rythme annuel, et devrait poursuivre ce mouvement dans les prochains mois.
«Mais la Fed, si elle se concentre sur l’inflation de base, pourrait quand même ne pas négliger l’augmentation du chiffre global et donc envoyer un message plutôt ‘hawkish’», note Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN Amro IS.
Quid des services sans l’immobilier ?
L’inflation sous-jacente («CPI core», hors énergie et alimentation) remonte un peu en rythme mensuel (+0,3%), mais poursuit une décrue notable, pour le cinquième mois, en rythme annuel : de 4,7% en juillet à 4,3% en août, pour près d’un point de pourcentage en trois mois, «ce qui est très rarement arrivé sur les quarante dernières années», note CPR AM. «La hausse en rythme mensuel, un peu supérieure aux attentes du marché, tient essentiellement à la hausse des prix des transports qui est passée, de +0,3% à +2% en rythme mensuel et de 9% à 10,3% en rythme annuel», relativise aussi John Plassard, stratégiste de la banque privée Mirabaud. En cause : les locations de voitures (+1,3% en rythme mensuel) et les billets d’avions (+4,9% en rythme mensuel) après quatre mois de fortes baisses. Le léger rebond sur les prix des voitures neuves (+0,3% en rythme mensuel) semble compensé par une nouvelle baisse sur les voitures d’occasion (-1,2%). «Mais l’amélioration des deux derniers mois s’arrête là, nuance Xavier Chapard. Le ‘CPI core’ sur les biens hors voitures d’occasion se retrouve à +0,1% après -0,1% en juillet, et 1,7% en rythme annuel. Par ailleurs, le ‘CPI core’ sur les services hors logement atteint un plus haut de cinq mois à +0,4%, et +4% en rythme annuel. Cela peut être un peu décevant pour la Fed. D’autant qu’elle regardera davantage l’indice d’inflation ‘PCE core’ qui s’en rapproche, donc surtout l’évolution des salaires.» D’autres font le même constat de possibles hausses des taux même en décembre. Alors même que le poste logement («shelter»), qui pèse 35% de l’indice CPI global, continue à décroître, de 7,7% en juillet à 7,3% en août en rythme annuel, avec un ralentissement de plus en plus important des loyers.
«On a un soulagement d’un côté, et peu d’indications pour la suite de l’autre, résume John Plassard. Les derniers indicateurs envoient des signaux contradictoires : un taux de chômage en hausse (3,8% en août), mais un indice d’activité ISM des services aussi (54,5 points). On peut penser que les données sur la consommation vont être plus tendues : l’écart entre le fort usage des cartes de crédit et le faible taux d’épargne des Américains devrait arrêter de progresser et se stabiliser. Il faudra voir aussi comment réagissent les consommateurs de la génération Z (1997-2010) face au premier ralentissement dans leur vie active.»
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