
Les hedge funds reviennent sur le dollar avant la Fed

Les hedge funds se sont repositionnés sur le billet vert la semaine dernière pour la première fois depuis mars, alors que la Réserve fédérale (Fed) devrait pourtant faire une deuxième pause dans ses hausses de taux mercredi. Les analystes estiment que les gouverneurs de la banque centrale continueront à envoyer un message restrictif lors de cette réunion, suggérant qu’une dernière hausse reste possible au quatrième trimestre.
D’après les données de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), les investisseurs utilisant du levier détenaient au total 18.000 positions longues nettes sur le dollar face à huit principales devises après la semaine qui s’est terminée le 12 septembre, contre 25.175 positions courtes nettes la semaine précédente (voir graphique).
Ce changement s’explique par une des plus fortes baisses des positions longues depuis janvier sur l’euro-dollar repassé sous 1,07 depuis le 14 septembre, les traders estimant que la Banque centrale européenne (BCE) en a terminé ou presque de ses hausses de taux. «Beaucoup d’investisseurs ont joué depuis janvier via des positions ‘short’ le thème de la dédollarisation, qui est peut-être en train de s’essouffler», ajoute Etienne de Marsac, directeur de la gestion Absolute return chez Sunny AM. «Force est de constater que les indicateurs sur la macroéconomie US restent relativement bons depuis cet été, note Nordine Naam, stratégiste Forex chez Natixis. On l’a vu récemment avec les ventes de détail et l’indice ISM des services. Les demandes d’allocation chômage restent faibles… Dans ce contexte, la Fed devrait maintenir sa rhétorique ‘restrictive’ mercredi, surtout dans un contexte de remontée des cours du pétrole. Parallèlement, la situation économique reste médiocre en zone euro.»
Davantage un différentiel de croissance
Presque toutes les grandes banques centrales autres que la Fed devraient suivre les traces de la BCE cette semaine en relevant leurs taux de 25 points de base (pb), ce qui pourrait nuancer ce récent mouvement. Ou pas : après avoir été très fortement vendeurs fin juillet, les investisseurs sont redevenus très positifs sur le billet vert, en constatant, eux aussi, la résilience de l’économie américaine, et donc le différentiel de croissance quelle que soit l’évolution de la politique monétaire. «Pour nous, la Fed pourrait encore surprendre au moins une ou deux fois sur ses taux au quatrième trimestre et début 2024, notamment car le marché de l’emploi est très résilient, remarque aussi Etienne de Marsac. Cela peut ajouter un différentiel dans la dynamique de taux, en plus du différentiel de croissance, et du ‘trade contracyclique’ qui consiste à jouer la surperformance générale des actifs US (actions, commodities, etc.) par rapport à ceux d’autres régions en cas de ralentissement.»
«Au bout du compte, on a un ‘momemtum dollar’ toujours haussier alimenté par la croissance, une situation économique délétère dans le reste du monde (zone euro, Japon, Chine, Royaume-Uni) et une Fed toujours ‘hawkish’. A très court terme, on ne voit pas ce qui pourrait altérer la tendance haussière du dollar. Cet environnement global pourrait perdurer encore quelques semaines, et explique donc le retour à l’achat sur le dollar, qui résulte de la réduction des positions longues sur l’euro, poursuit Nordine Naam. Par la suite, un rebond de l’euro-dollar ne pourra provenir que d’un dollar plus faible en lien avec une Fed moins ‘hawkish’ et/ou une succession d’indicateurs d’activité moins bons que prévu.» Une inflexion vers une récession plus globale que certains estiment inéluctable pour fin 2023-début 2024, même si «le billet vert pourrait alors encore jouer son rôle de devise refuge», conclut Etienne de Marsac.
Plus d'articles du même thème
-
La Banque du Japon opte pour le statu quo
La banque centrale a maintenu ses taux inchangés, comme attendu, et poursuit sa politique monétaire accommodante. -
La banque centrale suisse confirme les particularismes du pays
Contre toute attente, la BNS a maintenu son taux directeur à 1,75% et pourrait arrêter son resserrement si l’inflation ne remontait pas trop au-dessus du niveau actuel de... 1,6%. -
Les actions s’ajustent au nouveau paradigme des taux
Les banques centrales insistent sur leur nouveau credo «des taux élevés pour longtemps», que commencent à intégrer les places boursières.
Sujets d'actualité
- La Société Générale dévoile des ambitions décevantes pour 2026
- Après les années Oudéa, Slawomir Krupa met la Société Générale au régime sec
- L’ancien patron de la Bred, Olivier Klein, arrive chez Lazard
- L’OCDE est plus pessimiste pour 2024 avec une inflation persistante
- Société Générale : le mythe têtu de la «création de valeur»
Contenu de nos partenaires
-
Exclusif
Séisme au Maroc: dans les coulisses du jour le plus long de Mohammed VI
L'Opinion a reconstitué les premières heures post sinistre du roi du Maroc pour répondre à la catastrophe naturelle la plus mortelle de son règne -
Spécial Pologne
« Les Russes veulent revenir » - la tribune d'Eryk Mistewicz
« Il y a 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne. À en croire les idéologues de Poutine, les Russes aimeraient aujourd'hui retourner en Pologne et dans toute l'Europe centrale. Nous faisons tout, nous, Polonais et Ukrainiens, Français aussi, tous en Europe et aux États-Unis, pour les en empêcher », explique le président de l'Instytut Nowych Mediówryk. -
Editorial
Antonio Guterres, le prophète de malheur qui ne fait peur à personne
Le Secrétaire Général de l’Onu va crescendo dans les prévisions apocalyptiques