
Les gérants crédit se veulent plus constructifs

Le biais pessimiste du panel Crédit de L’Agefi n’a pas duré. Les gérants étaient passés à «neutre» à la fois en exposition et sur la perspective de spread à un mois en juin. Trente jours plus tard, ils reviennent à «surpondérer» en exposition, la perspective sur les spreads restant bien ancrée à «neutre». Mais le panel continue de refléter l’image d’un marché partagé. D’un côté, l’optimisme d’un marché actions, et des actifs risqués en général, dont le crédit high yield, qui croit à un atterrissage en douceur de l’économie et à la résilience des résultats des entreprises. De l’autre, la crainte d’une récession véhiculée par les marchés de taux et de matières premières.
Ce mois-ci, nous accueillons deux nouveaux venus dans notre panel : Carmignac et Scor Investment Partners, avec un positionnement «surpondérer» et un sentiment «neutre» sur les spreads, pour le premier, et «sous-pondérer» et «négatif» pour le second. Cela porte à 28 le nombre de participants.
En juillet, cinq sociétés de gestion sont repassées à «surpondérer» (Candriam, Edram, La Française AM, OFI Invest AM et Ostrum AM), alors qu’elles étaient à «neutre» le mois dernier, ce qui porte à 16 le nombre de panélistes positifs en exposition, contre 11 en juin (26 panélistes). Neuf sont à «neutre» mais aussi trois sont désormais à «sous-pondérer» (aucun en juin), signe de cette séparation du marché en deux camps.
Economie résiliente
Difficile d’être trop sous-investi dans ce marché. L’économie est résiliente grâce à un marché de l’emploi solide et à une consommation robuste. Les entreprises affichent des bilans solides et les marges se maintiennent à des niveaux élevés. L’inflation est tenace, mais l’essentiel de la hausse des taux semble passé, la faible volatilité rassurant les investisseurs. Mais sur le crédit, le principal argument est le retour à des niveaux de portage élevés pour la première fois depuis une décennie, qui protègent contre le risque de correction.
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L’investment grade (IG) offre un rendement légèrement supérieur à 4%, et le high yield (HY), autour de 7,5%. Hormis les actions, le crédit affiche depuis le début de l’année l’une des meilleures performances sur le marché. Les obligations d’entreprises IG ont déjà progressé de 2,25% (évolution du spread plus le coupon) tandis que le HY gagne déjà, à mi-année, 4,4%, ce qui signifierait un gain de près de 9% sur l’année en cas de poursuite de la tendance.
Les performances sur le marché américain sont légèrement meilleures en HY mais surtout en IG, mais le coût de la couverture amputerait largement ces gains. Le marché crédit rattrape une partie de sa contre-performance de 2022. Les financières, principalement les AT1, sous-performent.
En revanche, les investisseurs s’interrogent sur l’évolution des spreads, ce qui explique aussi la prudence du panel. Les tendances se maintiennent avec l’ajout des deux nouveaux panélistes, avec désormais 17 «neutre» (16 en juin), 6 «positif» (5 en juin) et 5 «négatif» (inchangé). Les primes de risque crédit (spreads) ont continué de se resserrer, passant de 169 points de base (pb) le 31 mai à 164,5 pb fin juin pour l’IG. Le spread HY est passé de 478 pb à 455 pb.
Même si l’IG est loin de ses pics de 2020 et 2022, il intègre en partie le scénario d’une récession, contrairement au HY. La prime de risque HY grimpe généralement à 700-800 pb en cas de baisse sévère de la croissance. Le marché du haut rendement table, comme les actions, sur un soft landing. Mais outre un portage élevé, le spread protège aussi d’un taux de défaut de 6% par an sur cinq ans, rappelle Vincent Marioni, responsable de la gestion obligataire chez Allianz GI. Si les défaillances devraient augmenter (ce qui est déjà le cas, notamment aux Etats-Unis), les prévisions n’anticipent pas une envolée, mais une hausse autour de 4%-5% à douze mois.
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