
La fin des garanties-export ne devrait pas perturber les pétroliers

C’était une demande de longue date des associations environnementales. Dès l’an prochain, l’Etat français devrait arrêter d’octroyer des garanties export aux projets «ayant pour objet direct l’exploration, la production, le transport, le stockage, le raffinage ou la distribution de charbon ou d’hydrocarbures liquides ou gazeux ainsi que la production d’énergie à partir de charbon», selon le projet de loi de finances (PLF) 2023 en cours de discussion au Parlement. Cette mesure, déjà évoquée dans le PLF 2021, serait ainsi avancée de deux ans pour le pétrole, de douze ans pour le gaz et élargie à l’ensemble de la chaîne de valeur. Les garanties exports sont accordées par l’Etat par l’intermédiaire de Bpifrance et de la Sfil - qui refinance les projets supérieurs à 70 millions d’euros – à des entreprises françaises pour les couvrir contre des risques de défauts de leurs clients lors d’opérations à l’étranger.
TotalEnergies et Technip Energies concernés
Présentée comme un nouveau geste en faveur de la transition climatique par le gouvernement, l’exclusion des hydrocarbures du champ de ces garanties-export n’a pas semblé trop perturber l’industrie. Contacté, le spécialiste de l’exploration pétrolière CGG a indiqué à L’Agefi «ne pas profiter et n’avoir jamais profité de ces garanties export». Même son de cloche du côté du fabricant de tubes Vallourec et du pétrolier Maurel & Prom qui affirment ne pas être concernés. Selon nos informations, l’énergéticien Engie ne serait pas non plus affecté.
Le sujet semble en revanche plus sensible pour TotalEnergies qui n’a pas souhaité répondre à nos questions. D’après des documents publiés par Bpifrance (et Coface avant 2017), le pétrolier n’a pourtant pas eu recours à ce type de garantie depuis 2010 et un contrat pour la raffinerie de Jubail en Arabie saoudite garanti pour un montant de 242 millions d’euros.
L’ingénieriste Technip Energies en a, lui, bénéficié pour la dernière fois en 2017 avec 878 millions d’euros garantis pour des contrats au Mozambique et en Russie. Auparavant, il avait bénéficié de garanties export en 2016, pour 499 millions d’euros et en 2011 pour 534 millions, toujours pour des projets situés en Russie. «Technip Energies (T.EN) ne bénéficie pas directement de ces garanties à l’export. Elles sont utilisées par T.EN France dans le cadre de plans de financement développés pour le compte de ces clients lors d’appel d’offres. Ainsi, les principaux bénéficiaires de ces garanties à l’export sont les banques ou organismes prêteurs mandatés par nos clients», a réagi la société.
La fin des garanties export pourrait perturber certains schémas de financement pour les entreprises concernées mais leur large empreinte mondiale devrait leur permettre de trouver des solutions alternatives. Elles ont d’ailleurs probablement déjà commencé à le faire. «La dynamique générale de retrait progressif du secteur est déjà enclenchée avec l’absence de nouveaux projets étudiés», confirme la Sfil. Selon le dernier rapport de transparence de la coalition européenne Export Finance for Future (E3F), les garanties export de la France dans le domaine des hydrocarbures sont en chute libre depuis un pic en 2017 (lié aux deux contrats de Technip), passant de près de 900 millions d’euros à zéro en 2020. Un chiffre qui ne devrait pas excéder une centaine de millions d’euros sur la période courant de début 2021 à mi-2022 selon les documents publiés par Bpifrance. A croire que l’industrie avait déjà anticipé une accélération du calendrier.
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