
La dette française remonte à près de 115% du PIB

En avant toute. La dette publique française est remontée à 114,5% du produit intérieur brut à fin mars 2022, indique vendredi l’Insee. Une hausse de 2 points en trois mois. Le record avait été atteint à la fin du premier trimestre 2021, à 117,4%, alors que l'économie n'était pas encore sortie de la crise du Covid.
À la fin du premier trimestre 2022, la dette publique au sens de Maastricht s’établit à 2.902 milliards d’euros. Après la baisse du quatrième trimestre 2021 (-19,8 milliards), la forte augmentation de la dette publique ce trimestre (+88,8 milliards) alimente pour une large part la trésorerie des administrations publiques (+52,1 milliards), principalement celles de l’Etat et des administrations de sécurité sociale (Asso), précise l’Insee.
Croissance revue en baisse
La publication de ces chiffres intervient à un moment délicat pour l'économie française et les finances publiques. Les taux réels négatifs permettaient en théorie d’améliorer mécaniquement le ratio de dette sur PIB, à la condition que les déficits restent maîtrisés et la croissance au rendez-vous. Mais le pic d’inflation et les conséquences de la guerre en Ukraine amènent à réviser fortement en baisse la prévision de croissance française : la Banque de France ne prévoit plus que 2,3% de progression du PIB cette année.
Le gouvernement doit par ailleurs présenter le 6 juillet un projet de loi sur le pouvoir d’achat et un projet de loi de finances rectificative (PLFR). La nouvelle donne parlementaire, avec l’absence de majorité absolue à l’Assemblée, autorise toutes les surenchères. Les mesures adoptées depuis l’automne 2021 pour limiter l’effet de la hausse des prix, comme le chèque inflation et la ristourne de 18 centimes sur le prix de l’essence, ont permis à la France de limiter l’inflation par rapport à ses voisins, à 5,2%, mais s’avèrent très coûteuses pour le contribuable.
L’accroissement continu de la dette publique, avec le cap symbolique des 3.000 milliards d’euros en vue, constitue aussi une mauvaise nouvelle alors que son coût augmente. La hausse des taux, dont le plein effet ne se fera sentir qu’au bout de plusieurs années, alourdira de plusieurs milliards le coût de la dette cette année.
Seule consolation, le mouvement de hausse des rendements s’est interrompu cette semaine : en deux jours, le taux français à 10 ans, très volatil, est passé de 2,33% mercredi à 2% vendredi midi. Pour de mauvaises raisons, les indicateurs économiques maussades alimentant les craintes de récession.
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Réchauffement climatique, surtourisme, divergences générationnelles: en Grèce, sur l'île d'Egine, la culture de la pistache menacée
Aegina - Sur l'île grecque d’Egine, quatre ouvriers agricoles, bâton en main, frappent les branches d’un pistachier pour faire pleuvoir les fruits sur des bâches. La récolte des pistaches bat son plein. Pourtant l'équipe fait grise mine. «Il y a peu de pistaches», déplore auprès de l’AFP Daso Shpata, un Albanais de 47 ans, sous un soleil de plomb qui fait chanter les cigales. Le changement climatique a fait fondre les récoltes. D’autres problèmes sont venus se greffer: de nouvelles générations peu enclines à reprendre les exploitations familiales et des arbres sacrifiés pour construire de lucratives résidences de vacances dans une Grèce où le tourisme va de record en record. «La culture traditionnelle (des pistaches) telle que nous la connaissons (ici) n’est plus viable», se désole Eleni Kypreou, la propriétaire du verger de cette île de près de 13.000 habitants, proche d’Athènes et connue dans toute la Grèce pour ses fameuses pistaches. «Si nous voulons sauvegarder les pistachiers, il faut trouver ce dont ils ont besoin (...) Sinon, ils appartiendront au passé et pourront entrer dans un musée», tranche-t-elle. La production de pistaches à Egine est infime en comparaison de celle des États-Unis ou de l’Iran où sont récoltées plusieurs centaines de milliers de tonnes chaque année. Mais ces fruits produits sur ce territoire situé à une heure en ferry du port du Pirée sont considérés comme particulièrement savoureux. «Les pistaches d’Egine ont un goût spécial», assure Mme Kypreou. «Ca vient de la terre et de l’eau. L’eau est un peu salée». Cette femme de 88 ans chérit ses 750 pistachiers au point de leur chanter et de leur parler. «Les deux dernières années, nous n’avions presque rien», poursuit-elle, soit 20 kg seulement en 2024 après 100 kg en 2023. «Nous attendions une bonne récolte cette année. Mais elle n’est pas bonne», soupire-t-elle. «Planter des maisons» En 2023, la Grèce a produit près de 22.000 tonnes de pistaches, contre 12.000 seulement en 2015, selon l’office grec des statistiques Elstat. Mais à Egine, la production a baissé pour passer de plus de 2.600 tonnes à 2.300 tonnes. Le nombre d’arbres en âge de production et les hectares de terre ont également diminué. «Ces deux dernières années ont été mauvaises» principalement en raison des hivers particulièrement cléments qu’a connus le pays méditerranéen, diagnostique Kostas Peppas, président de la coopérative des producteurs de pistaches d’Egine. Or les arbres ont besoin pendant «certaines heures de températures en dessous de 10 à 12°C. Pour dormir, pour se reposer. Donc si l’hiver est doux, ce n’est pas bon», assure-t-il. La coopérative vend les pistaches dans les magasins et supermarchés dans tout le pays et, à Egine, tout particulièrement notamment auprès des nombreux touristes, ainsi que dans son propre kiosque sur le port. Pour M. Peppas, il ne fait pas de doute que la plupart des vendeurs du port ont acheté des pistaches ailleurs, faute de pouvoir s’approvisionner auprès des producteurs locaux. Le dirigeant de la coopérative possède 230 arbres, principalement des femelles, qui produisent les pistaches, avec deux mâles plus grands pour la pollinisation. A Egine, «ils coupent des arbres et construisent des maisons à la place,» soutient ce capitaine de bateau à la retraite, âgé de 79 ans. Avec le boom du tourisme en Grèce, qui a accueilli 40 millions de visiteurs en 2024, les locations de courte durée, lucratives, explosent à Athènes et sur les îles. Thanasis Lakkos, 53 ans, soulève une branche de l’un de ses 3.500 pistachiers qu’il arrose avec l’eau de pluie collectée en hiver pour l’aider à grandir. La plupart des producteurs suivent le savoir faire ancestral en se disant «mon grand-père faisait comme ça, moi je vais continuer à faire comme ça», explique-t-il. «Mais ce n’est pas comme cela que ça marche», souligne-t-il, invitant les producteurs à chercher de nouvelles techniques. Il compte «continuer aussi longtemps que possible» malgré les difficultés. Dans son entourage, certains lui disent «mieux vaut vendre la terre et gagner un million d’euros et se reposer pour le reste de sa vie». Son fils est devenu DJ et les jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture sont rares, constate M. Lakkos qui fait partie de «la dernière génération» qui récoltera les pistaches à Egine. «La tradition va se perdre», prédit-il désolé. Anna Maria JAKUBEK © Agence France-Presse