
Janet Yellen sème le doute sur les marchés

La crise bancaire aux Etats-Unis continue d’empoisonner les marchés financiers. Alors que le président de la Fed, Jerome Powell, esquissait la possibilité d’une pause dans son resserrement monétaire, la secrétaire d’Etat au Trésor américain, Janet Yellen, a douché les espoirs des investisseurs en rejetant l’idée d’une garantie de tous les dépôts. A Wall Street, la réaction a été immédiate, entraînant ce jeudi les places boursières européennes à la baisse.
L’indice Euro Stoxx 50 reculait de 0,2% vers 10h45. A Paris l’indice CAC 40 perdait 0,3% tandis que le Dax abandonnait 0,5% à Francfort. Les Bourses de Madrid et de Milan baissaient respectivement de 0,6% et 0,5%. Le secteur bancaire reste sous pression en Bourse. Les analystes de Citigroup ont abaissé leur note car ils estiment que le rythme rapide des hausses de taux d’intérêt pèsera davantage sur l’activité économique et les bénéfices des banques. L’indice Euro Stoxx 50 Banks recule de 1,9%.
Mercredi, la Fed a, comme prévu, relevé de 25 points de base (pb) la cible des taux Fed funds dans la fourchette 4,75%-5% et laissé entendre qu’elle pourrait bientôt mettre fin à la séquence de resserrement monétaire après l’apparition de craintes pour la stabilité du secteur bancaire aux Etats-Unis. Mais dans le même temps, Janet Yellen a douché les marchés en déclarant lors d’une audience dans une commission au Sénat américain qu’elle n’avait «pas envisagé ni discuté de quoi que ce soit ayant trait à une assurance générale ou des garanties de dépôts», ajoutant que ce n'était pas encore le moment de discuter de la modification du plafond de la FDIC (autorité fédérale américaine de garantie des dépôts bancaires) actuellement de 250.000 dollars.
A lire aussi: La prime de risque doit être plus élevée pour le secteur bancaire
Alors que les indices avaient réagi favorablement à la décision de la Fed, d’autant que Jerome Powell a affirmé lors de sa conférence de presse que la «désinflation était intacte», le S&P 500 comme le Nasdaq ont rapidement basculé dans le rouge terminant en net repli de 1,65% et 1,6% respectivement.
Rallye sur les taux
«La conférence de presse de Jerome Powell a été éclipsée par les commentaires simultanés de sa prédécesseuse selon lesquels une garantie globale des dépôts n’avait pas été discutée ni envisagée, note Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank. Il semble hautement improbable que les États-Unis laissent les déposants subir des pertes, mais peut-être qu’une telle décision ne sera pas prise de manière préventive et nécessiterait d’abord des tensions futures. La réaction à ses commentaires a également mis en évidence la nervosité et la fragilité qui sous-tendent un grand rallye de 2 jours.» De nombreux observateurs estiment que le rebond est surprenant après un tel choc sur le système bancaire.
Jim Reid souligne par ailleurs que les commentaires du patron de la Fed sur le resserrement des conditions de crédit et les baisses de taux en 2023 ne correspondant pas aux «attentes de base» du FOMC (le comité de politique monétaire de la banque centrale américaine) ont également pu peser sur le sentiment de marché.
Outre la forte baisse des actions, les remarques de Janet Yellen ont conduit à un rallye des emprunts d’Etat (le rendement à 2 ans chutant de 23 points de base, dont plus de la moitié après les déclarations de la secrétaire au Trésor). Dans la zone euro, les rendements sont également en repli ce jeudi. Celui du Bund à 10 ans baisse de 5 pb, à 2,27%. Le rendement du Treasuries américain de même maturité recule encore de 2 pb ce jeudi à 3,48%.
Plus d'articles Marchés actions
-
Les gestions s’interrogent sur le niveau actuel des marchés actions
Le Panel Actions espère au mieux un statu quo des places boursières d’ici un an. Elles devraient reculer de 2% à 4% en fin d’année. -
Les actions européennes se reprennent avec l'accord sur la dette américaine
Le vote par le Congrès américain de l’accord sur une suspension jusqu’à début 2025 du plafond de la dette a été bien accueilli par les marchés, tout comme les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis. -
L’engouement pour l’IA a propulsé le Nasdaq en mai
Le mois dernier, les valeurs technologiques ont profité de l’euphorie autour de l’intelligence artificielle, avec une nouvelle forte concentration de la performance des actions sur quelques valeurs.
Sujets d'actualité
Contenu de nos partenaires
- Slawomir Krupa doit redorer le blason boursier de la Société Générale
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Arnaud Llinas (Amundi ETF): «80% de notre collecte du premier trimestre s’est faite sur les ETF ESG»
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
- La Société Générale présentera sa nouvelle feuille de route stratégique le 18 septembre
- Les gros dossiers de LBO attendent des jours meilleurs
- Sycomore AM relance la fronde sur la gouvernance d'Atos
-
Dialogue ?
L’Otan appelle à la désescalade dans le nord du Kosovo
Des affrontements ont eu lieu vendredi 26 mai entre la police kosovare et des Serbes du Kosovo qui ont tenté d'empêcher des maires albanais nouvellement élus de prendre leurs fonctions -
Colère sociale
Sous pression, le président serbe Aleksandar Vučić quitte la direction de son parti
Aleksandar Vučić a démissionné du Parti serbe du progrès après d'importantes manifestations contre son régime en réaction à deux fusillades de masse dans le pays au début du mois -
Responsabilité
Etats-Unis: Joe Biden et Kevin McCarthy ont trouvé un accord de principe sur le plafond de la dette
La rédaction du texte devrait être terminée dimanche et l'accord pourrait être voté mercredi. Il prévoirait le relèvement du plafond de la dette pour une durée de deux ans, en limitant les dépenses pendant cette période