
Google allège son fardeau judiciaire outre-Manche mais l’alourdit dans l’UE

Les procédures antitrust contre Google évoluent différemment au Royaume-Uni et dans l’Union européenne. La filiale d’Alphabet est parvenue vendredi à mettre à terme à son contentieux avec l’autorité britannique de la concurrence (Competition & Markets Authority ou CMA) concernant la suppression des cookies tiers sur son navigateur Chrome («Privacy Sandbox»). Cette mesure était contestée par de nombreuses entreprises désireuses de proposer des annonces publicitaires les plus personnalisées possible. A l’issue d’un an d’enquête, la CMA a fait savoir qu’elle avait accepté les engagements les plus récents du groupe américain et qu’elle allait désormais «aborder une nouvelle phase» durant laquelle elle surveillera la façon dont Google mettra en place les changements attendus, afin que les consommateurs puissent en tirer parti.
Google a notamment promis de «ne pas supprimer les cookies des parties tierces jusqu’au moment où la CMA exprimera sa satisfaction sur les remèdes pris pour préserver la concurrence». Il s’est engagé à travailler avec la CMA et avec l’organisme britannique en charge de la protection des données personnelles (ICO) pour réaliser les tests nécessaires avant d’appliquer cette mesure. Il devra aussi publier les résultats de ces tests et traiter les problèmes éventuels soulevés parl’antitrust britannique ou les parties tierces. «Les engagements reçus de Google permettront de promouvoir la concurrence, de protéger la capacité des éditeurs en ligne à monétiser leurs contenus publicitaires et de sauvegarder la vie privée des utilisateurs», a commenté Andrea Coscelli, directeur général de la CMA.
Une source de conflits d’intérêts
Dans l’Union européenne (UE), une nouvelle procédure donnera en revanche du grain à moudre à l’enquête ouverte en juin dernier par Bruxelles sur latechnologie d’affichage publicitaireen ligne de Google. Le Conseil européen des éditeurs (European Publishers Council ou EPC), organisation professionnelle qui compte parmi des membres Axel Springer, Impresa, Prisa, Conde Nast ou The Guardian, a porté plainte vendredi auprès de la Commission européenne pour que celle-ci mette fin à la stratégie anticoncurrentielle pratiquée par le groupe américain sur ce marché depuis l’acquisition de DoubleClick en 2008. Environ 16% des revenus de Google proviennent de ses activités auprès d'éditeurs de presse, qui utilisent sa technologie pour vendre des annonces sur leurs sites internet et leurs applications.
«Il est grand temps que la Commission européenne impose à Google des mesures qui modifient réellement, et pas seulement remettent en question, son comportement», a déclaré Christian Van Thillo, président de l’EPC. Les éditeurs européens estiment que lesystème publicitaire de Googleest source de conflits d’intérêts car ce dernier représente à la fois les vendeurs et les acheteurs d’annonces. «Google a profité à de nombreuses reprises de sa position pour donner la priorité à ses propres intérêts au détriment des clients mêmes qu’il est censé servir», affirme le syndicat professionnel.
Il relève ainsi que «Google a atteint un contrôle de bout en bout de la chaîne de valeur de la technologie publicitaire, avec des parts de marché atteignant 90 à 100% sur certains segments» de ce marché. Selon l’EPC, ce comportement «cause toujours un tort considérable, non seulement aux éditeurs de presse en Europe, mais également à tous les annonceurs et aux consommateurs finaux sous la forme de prix plus élevés, d’un moindre choix, d’une transparence réduite et d’une innovation insuffisante». Google a réagi en déclarant dans un communiqué que les éditeurs «conservent la majorité des revenus» issus de la publicité numérique.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse