
La pression des autorités antitrust monte sur les Gafa en Europe

Les grands groupes numériques américains sont plus que jamais dans le viseur des autorités de la concurrence en Europe. Ce lundi, l’Autorité française de la concurrence annoncera sa décision sur Google, soupçonné d’avoir privilégié ses propres plateformes technologiques au sein de sa régie publicitaire dans l’Hexagone. L’enquête menée par le régulateur français fait suite à une plainte déposée en 2019 par le groupe de presse australien News Corp, le groupe belge Rossel et Le Figaro qui s’est par la suite retiré du dossier.
Cette décision intervient alors que, vendredi, la Commission européenne et le Royaume-Uni ont séparément annoncé avoir ouvert des enquêtes sur un possible comportement anticoncurrentiel de Facebook sur le marché des annonces en ligne. Ces enquêtes sont destinées à déterminer si le premier réseau social mondial fausse le jeu de la concurrence en utilisant les données de ses utilisateursainsi que les informations recueillies auprès de quelque sept millions d’entreprises qui publient des annonces sur son service Facebook Marketplace. Lancé en 2016, ce service est utilisé par 800 millions d’abonnés dans 70 pays pour acheter ou vendre des marchandises.
L’exécutif européen, qui souligne avoir ouvert «une procédure formelle d’examen» après avoir mené des investigations approfondies, a également l’intention d’étudier la façon dont ce service est intégré à son réseau social, pour déterminer s’il s’agit d’une offre liée lui conférant un avantage concurrentiel. En parallèle, l’enquête lancée par l’autorité britannique de la concurrence (CMA) vise à déterminer «si Facebook a obtenu un avantage déloyal par rapport à ses concurrents dans la fourniture de services de petites annonces et de rencontres en ligne, grâce à la manière dont il recueille et utilise certaines données», a indiqué le régulateur britannique. Son enquête concernera principalement Facebook Marketplace, mais également Facebook Dating, un service de rencontres lancé l’an dernier en Europe.
Une approche coordonnée entre Bruxelles et Londres
Les deux autorités adopteront une approche coordonnée concernant ces enquêtes. De son côté, le groupe américain a fait savoir qu’il comptait coopérer pleinement afin de démontrer que les enquêtes européennes et britanniques «sont sans fondement». Il estime que ses services Marketplace et Dating «offrent davantage de choix aux internautes, dans deux marchés hautement concurrentiels sur lesquels de nombreux acteurs sont présents».
Des craintes sur Google News outre-Rhin
Si Facebook se trouve pour la première fois dans le collimateur de Bruxelles, Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission en charge de la politique de la concurrence, a déjà infligé près de 8 milliards d’euros d’amendes à Google, filiale d’Alphabet. Sous ses auspices, des enquêtes ont également été lancées sur Amazonet Apple. Google est loin de voir le bout de son tunnel réglementaire, puisque le gendarme allemand de la concurrence a ouvert vendredi une enquête sur son service d’actualités Google News Showcase, en vue de déterminer si les contenus sélectifs qu’il propose ne discriminent pas certains médias.
Lancé à l’automne dernier outre-Rhin, ce service permet aux médias partenaires, dont les journaux Der Spiegel, Stern ou Die Zeit, d'être rémunérés pour une sélection de contenus enrichis proposés par Google. Ce dernier acquiert aussi des articles payants auprès d'éditeurs afin de les proposer gratuitement aux lecteurs. «La position de force de Googlene doit pas avoir pour effet d'écarter les offres concurrentes des éditeurs ou d’autres fournisseurs d’informations», explique le président de l’office fédéral anti-cartel, Andreas Mundt.
Adoptée en janvier dernier, une nouvelle loi allemande a renforcé les compétences de l’autorité antitrust pour lutter contre les pratiques abusives des groupes numériques qui disposent d’une position dominante sur leurs marchés. L’institution a ainsi pu lancer des enquêtes contre Google, Facebook et Amazon sur ce sujet.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse