
Le Crédit Agricole veut combler son retard dans le leasing automobile

Alors que l’activité de crédit automobile traditionnel devient moins rentable, le Crédit Agricole croit au potentiel de la location longue durée. Après avoir noué un partenariat stratégique avec le constructeur Stellantis (PSA et Fiat Chrysler), le groupe bancaire accélère son développement en Europe en mettant la main sur les activités de ALD et Leaseplan, leaders du secteur, dans six pays.
Dans le détail, ALD, filiale de la Société Générale, cède ses actifs en Irlande, au Portugal et en Norvège aux deux partenaires, et LeasePlan ses filiales en République Tchèque, en Finlande et au Luxembourg. Une opération qui vise à satisfaire les exigences de la Commission européenne en matière de concurrence dans le cadre de la fusion-absorption de Leaseplan par ALD qui doit être finalisée le 28 avril lors de l’assemblée générale d’ALD.
Au total, Crédit Agricole Consumer Finance, la filiale de crédit à la consommation du groupe, met la main sur une flotte de plus de 100.000 véhicules, pour un total d’encours d’environ 1,7 milliard d’euros. La banque mutualiste rafle la mise devant d’autres concurrents très actifs dans le crédit à la consommation en Europe, BNP Paribas et Santander.
Le leader paneuropéen du financement de la mobilité
«Cette acquisition sert notre ambition de devenir le leader paneuropéen du financement de la mobilité en Europe. Elle nous permet de renforcer notre présence dans six pays avec des activités rentables, qui ont été bien gérées par les meilleurs opérateurs du marché», explique à L’Agefi Stéphane Priami, directeur général de Crédit Agricole Consumer Finance et directeur général adjoint du Crédit Agricole en charge des services financiers spécialisés.
Concrètement, la coentreprise formée par Stellantis et Crédit Agricole Consumer Finance, qui compte aujourd’hui une flotte de 828 000 véhicules, plante son drapeau dans deux nouveaux pays, le Luxembourg et le Portugal. Le reste des activités de leasing du groupe bancaire est porté par l’ex-FCA Bank, dont le Crédit Agricole est devenu actionnaire à 100%. Grâce au rachat des actifs d’ALD et de Leaseplan, elle accroît encore sa présence en Irlande, en Norvège et en Finlande, où elle est déjà présente, et elle met un premier pied en République Tchèque.
«Cette opération ne sera pas dilutive et aura un impact positif sur la rentabilité de Crédit Agricole Consumer Finance», ajoute Stéphane Priami. Le Crédit Agricole vise un retour sur fonds propres (RONE) de 15% pour sa filiale de crédit à la consommation en 2025, dans le cadre de son plan à moyen terme. Une cible déjà atteinte à la fin de l’année 2022.
La LLD plus rentable que le crédit auto
Le développement du leasing automobile participe à une stratégie plus large de repositionnement de l’activité de crédit à la consommation dans un contexte d’évolution des usages de la clientèle. Les achats de véhicules neufs financés à crédit diminuent, en effet, au profit de ce nouveau mode de financement. Crédit Agricole Consumer Finance anticipe ainsi que le leasing deviendra «cœur», en passant de 40% aujourd’hui à 50% de son activité à moyen terme. Tandis que la directive européenne sur le crédit à la consommation en cours d’adoption devrait modifier les conditions d’exercice de la location avec option d’achat (LOA) en les alignant sur celles du crédit, la banque mutualiste préfère miser sur la location longue durée. Un produit qui s’est d’ailleurs récemment ouvert au marché des véhicules d’occasion.
Du fait des services associés tels que l’assurance et l’assistance, ces produits s’avèrent également très rentables. Le RONE de l’activité de crédits traditionnels oscille entre 10 et 12% en moyenne, tandis que le RONE de la location longue durée atteint 20%. «Avec le mouvement actuel de remontée des taux et la hausse des coûts de refinancement, sans compter le mécanisme du taux d’usure qui pèse sur notre capacité à accompagner la hausse des taux dans plusieurs géographies, le crédit automobile devient moins rentable», conclut Stéphane Priami.
A lire aussi: Avis de tempête sur le crédit à la consommation
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