
Barclays promet beaucoup en changeant peu

Mieux vaut faire envie que pitié. Coincée en queue de peloton des banques les moins valorisées, aux côtés de la Société Générale et de Deutsche Bank, Barclays a parlé mardi au portefeuille des investisseurs. La banque britannique promet de leur retourner 10 milliards de livres d’ici à 2026 dans le cadre de son nouveau plan stratégique, en plus des 3 milliards versés au titre de 2023, grâce à une hausse d’au moins trois points de sa rentabilité. Une perspective saluée par un rebond du titre. Il suffisait d’y penser. En septembre dernier, la Société Générale avait torpillé son action en n’ayant guère à offrir d’autre au marché pendant trois ans que de la peine et de la sueur, pour paraphraser un célèbre Anglais.
Les belles paroles n’engageant que ceux qui les écoutent, reste pour Barclays à se montrer impeccable dans l’exécution d’un plan bien peu révolutionnaire sur le fond. Le groupe fonde sa croissance sur la banque de détail au Royaume-Uni, où il vient d’annoncer le rachat des activités financières de Tesco, et sur les cartes de crédit aux Etats-Unis. Mais il s’agit de deux marchés matures, avec, outre-Atlantique, la perspective d’une concurrence encore plus puissante si Capital One boucle l’acquisition de Discover.
Surtout, la banque d’investissement doit être la première contributrice au redressement de la rentabilité. Limité à 9% en 2022 et à 7% en 2023, une année de vaches maigres dans ces métiers, son retour sur fonds propres durs devra se hisser au-delà des 12% visés à l’échelle du groupe en 2026. Parvenir à ce niveau de profitabilité en moyenne de cycle, sans accroître le capital alloué à l’activité, ne sera pas une mince affaire. Le groupe espère vendre davantage de services à ses clients, notamment aux fonds de private equity, et gagner des parts de marché dans les dérivés actions et la titrisation. Ses concurrents y pensent aussi.
A supposer qu’elle parvienne à ses fins, Barclays consacrera encore dans trois ans la moitié de ses actifs pondérés par le risque à sa banque d’investissement, contre 58% aujourd’hui à périmètre constant. Cette proportion, plus élevée que chez ses principaux rivaux européens, n’est pas de nature à changer sa perception par le marché. Celle d’un groupe où la banque de gros, moins rentable et plus volatile que le retail, pèse trop lourd pour ne pas justifier une forte décote boursière.
A la différence de la Société Générale, Barclays a su flatter les instincts court-termistes de l’actionnaire. Mais nul n’est obligé de croire ses dirigeants sur parole.
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