Nvidia à 4.000 milliards, symbole d’un marché qui néglige la guerre commerciale

Le record de capitalisation boursière inscrit par Nvidia illustre le changement de psychologie des investisseurs depuis le printemps. L'éditorial d’Alexandre Garabedian.
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Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L'Agefi  - 

Donald Trump n’aurait pu rêver d’un meilleur début d’été. Aucun des voyants financiers susceptibles de tempérer ses ardeurs n’est passé au rouge ni même à l’orange : les Etats-Unis placent leur dette à un taux raisonnable, le consommateur américain ne craint ni le chômage ni l’inflation, et Wall Street a retrouvé le vertige des hauteurs. Quel meilleur symbole de cette immunité présidentielle que l’envolée de l’action Nvidia, le jour de l’annonce de droits de douane massifs sur le cuivre. L’emblème de la révolution IA vient de franchir pour la première fois les 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Un sommet qu’aucune autre Big Tech n’avait jusqu’à présent exploré.

A ces altitudes, l’oxygène vient à manquer aux investisseurs. Le concepteur des puces indispensables à l’essor de l’intelligence artificielle générative n’est pas si cher en termes de multiple de résultats, puisqu’il se paie 37 fois ses résultats attendus. Le ratio devient extraordinaire rapporté aux revenus. Nvidia vaut plus de 25 fois son chiffre d’affaires, le triple, en moyenne, des autres représentants de la tech aux Etats-Unis. Le taux de croissance des ventes et le niveau de marge stratosphérique du groupe, supérieur à 50%, constituent le premier vecteur de cette ascension boursière. Et donc, un risque à surveiller si leur rythme venait à ralentir.

Mais les fondamentaux techniques s’effacent derrière la psychologie des financiers en cet été 2025. Nvidia n’est pas seulement le premier de cordée de Wall Street, il incarne à lui seul un marché actions qui ne sait plus valoriser la guerre tarifaire ou les incartades de Trump. Entre l’investiture du président en janvier et l’annonce des droits de douane réciproque début avril, période marquée par l'émergence de la menace chinoise d’une IA à bas coût, le cours avait fondu d’un tiers. Depuis, au gré des volte-face et des dates butoirs sans cesse repoussées, les investisseurs ont décidé de faire abstraction des nouvelles du front commercial. Le titre Nvidia a rebondi de 75%. Son poids dans les indices accroît mécaniquement la demande des gestions passives de type ETF que les particuliers américains achètent à tour de bras. Et ceux qui voudraient aujourd’hui se protéger contre un risque de krach boursier dégraderaient leur performance.

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