
«Le niveau de sécurité des paiements au sein d’une entreprise est souvent plus faible dans ses filiales»
«Le niveau de sensibilisation au risque de fraude aux paiements est très élevé chez les trésoriers d’entreprise, a estimé Mathieu Vincent, associé au sein du groupe de conseil et d’expertise Mazars. Le degré de maturité et de sécurité entre les groupes et même au sein de ceux-ci est toutefois très hétérogène», a-t-il nuancé. Et ce dernier de pointer les filiales des grandes entreprises, au sein desquelles la sécurité des paiements est souvent inférieure à celle constatée au siège de l’entreprise.
En cause notamment, selon l’expert, le périmètre de responsabilité directe du trésorier qui ne couvre pas toujours les filiales de l’entreprise, ainsi qu’un manque de moyens permettant au trésorier de vérifier la bonne application des règles de sécurisation des paiements au sein des filiales.
Autre facteur qui peut expliquer le succès de certaines fraudes aux paiements : la taille de l’entreprise. «Pour certains groupes du CAC 40, une variation d’un, voire de plusieurs millions d’euros, ne va pas perturber sa trésorerie». Ainsi, une attaque portant sur un écart n’excédant pas ces ordres de grandeur peut passer inaperçue.
Sophistication des techniques de fraude
Bien que préparés face au risque de fraude, les trésoriers d’entreprise ont conscience que la question n’est pas «s’ils seront victimes d’une attaque, mais quand», a prévenu Mathieu Vincent. L’expert a souligné la sophistication des techniques de fraude aux paiements, «plus élaborées, préparées dans le temps et structurées». Les techniques employées vont de «l’usurpation d’identité, la mise en place d’ingénierie sociale et humaine, à la collusion en interne ou en externe…et l’objectif de ces groupes structurés est de frapper fort. Il ne s’agit pas de voler de petits montants.» Pour arriver à leurs fins, ces fraudeurs n’hésitent pas à recourir à la technologie, à créer des cyberattaques dans l’objectif de faire diversion afin d’assurer le succès de leur escroquerie.
Bonnes pratiques
Pour renforcer le niveau de sécurité, Mathieu Vincent a préconisé de réaliser une cartographie des processus de traitement des paiements au sein de l’entreprise. Une étape nécessaire pour évaluer le niveau de maturité de l’entreprise sur ces questions. S’appuyant sur ces informations, l’expert a indiqué la nécessité d’établir ensuite «un modèle-cible», permettant de couvrir au mieux les risques. «Cela passe notamment par des outils de communication bancaire visant à sécuriser les canaux de paiements» a ajouté Mathieu Vincent tout en soulignant l’importance de la sensibilisation des équipes, en interne, au risque de fraude.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse