
Salaires : le Crédit Mutuel signe les mesures les plus généreuses dans la banque

L’inflation continue de faire pression sur la question des rémunérations et du pouvoir d’achat dans les banques françaises. Après BPCE, qui a bouclé ses négociations annuelles obligatoires (NAO) pour 2023 dès fin septembre, suivie par BNP Paribas et la Société Générale, c’est au tour du Crédit Mutuel Alliance Fédérale de signer ses mesures salariales pour 2023.
L’accord signé à l’unanimité ce jeudi 24 novembre par les quatre organisations syndicales représentatives, le SNB, la CFDT, FO et la CGT, prévoit une augmentation générale des salaires de 3% dès le premier janvier 2023. Contrairement à la plupart des autres banques françaises qui ont opté pour des augmentations collectives par paliers de revenus, cette mesure bénéficiera à l’ensemble des salariés du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, « avec un plancher de 1.200 euros pour favoriser les bas salaires », précise Claude Bailer, délégué syndical SNB.
Une prime de partage de la valeur de 3000 euros
Le groupe mutualiste a également accordé une prime de partage de la valeur – dispositif qui a succédé l’été dernier à la « prime Macron » - d’un montant de 3.000 euros qui sera versée en décembre. La mesure est bien plus généreuse que ce que pratiquent les autres banques : les Caisses d’Epargne distribuent une prime de 1.000 euros pour tous, les Banques Populaires de 850 à 1.800 euros selon les caisses locales, la Société Générale de 1.700 euros, et BNP Paribas de 1.100 euros pour les bas salaires (inférieurs à 60.000 euros) et de 800 euros pour les plus hauts salaires. La Banque Postale, quant à elle, se contente d’une augmentation générale comprise entre 1% et 3% selon les tranches de rémunération, sans prime additionnelle.
Une revoyure en juillet prochain
Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale a, en outre, décidé de reconduire l’enveloppe de 1,5% de la masse salariale dédiée aux augmentations individuelles dès 2023. Le groupe bancaire est, par ailleurs, l’un des rares en France à inclure une « clause de revoyure » sur ses NAOdu fait de l’évolution de l’inflation. Alors qu’il avait arrêté une augmentation générale de 1 % au 1er janvier 2022 avant le choc de la guerre en Ukraine, il a consenti à rouvrir les négociations l’été dernier pour finalement accorder une augmentation collective de 2,20 %, avec un plancher de 750 euros, au 1er juillet 2022. Cette « clause de suivi » inédite sera reconduite en juillet 2023.
L’accord signé jeudi prévoit également l’ouverture d’une négociation afin de faire évoluer la grille salariale issue de la convention de groupe. Il s’agit de revoir les différents niveaux de classification et de tenir compte de certaines évolutions légales, sur le congé paternité par exemple.
Dans le contexte de la crise du carburant, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale accorde également une hausse du forfait mobilité durable qui passe de 400 à 700 euros et jusqu’à 800 euros pour les salariés détenteurs d’un abonnement de transport en commun en 2022 et 2023. L’employeur prendra en charge à 75%, et non à 50%, le coût de cet abonnement l’an prochain.
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L'américain Anthropic interdit aux entités chinoises d'utiliser ses services d'intelligence artificielle (IA)
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Paris - Le rachat d’UGC par Canal+ n’en est qu'à ses prémices mais fait déjà souffler un vent d’inquiétude dans le cinéma indépendant français, qui redoute une «concentration» des pouvoirs aux mains d’un seul acteur. Premier financeur privé du cinéma français (quelque 220 millions d’euros investis par an), le groupe de Vincent Bolloré a annoncé lundi le début d’un processus devant conduire «en 2028" à une prise de prise de contrôle totale d’UGC, ses 48 cinémas en France mais aussi sa société de production et de distribution. Si l’opération va à son terme, Canal+ et sa société StudioCanal seraient présents en force à toutes les étapes de la vie d’un film, de son préfinancement à son exploitation en salles et à la diffusion télé. «Ce sera la première fois qu’un groupe aura autant de puissance à chaque étape. StudioCanal sera en position d'écraser tout le monde», redoute auprès de l’AFP une productrice indépendante sous couvert de l’anonymat. Elle note que Canal+ mettrait aussi la main sur l’UGC Ciné Cité les Halles à Paris, plus grande salle d’Europe et baromètre de la fréquentation en France. Ceux qui acceptent de parler publiquement partagent la même inquiétude. Jointe par l’AFP, l’association de cinéastes indépendants Acid, qui organise chaque année une section parallèle au festival à Cannes, dit craindre «un déclin de la diversité du cinéma». «Tout phénomène de concentration du marché ne peut se faire qu’au détriment des œuvres de la diversité et d’une offre riche, menaçant in fine la capacité même des publics à les découvrir», détaille l’association. Filière fragilisée Un des principaux sujets d’inquiétude se joue bien en amont de la production d’un film. Au début de sa vie, un long-métrage doit trouver un distributeur qui lui accordera un pré-financement et, en bout de chaîne, assurera notamment sa promotion et sa sortie en France voire à l'étranger. Etape cruciale, le choix d’un distributeur influence souvent le niveau de financement que les chaînes de télé accepteront de débloquer pour soutenir un film. Or, si le rachat annoncé lundi se concrétise, Canal+ engloberait la société de distribution d’UGC au risque de faire disparaître un acteur vers lequel des productions peuvent actuellement se tourner pour se financer. «On perdrait un énorme guichet et une solution alternative», déplore la productrice. Jointe par l’AFP, la Société des réalisateurs de films (SRF), qui regroupe quelque 500 cinéastes, redoute elle aussi un rétrécissement d’une filière, par ailleurs fragilisée par la baisse de la fréquentation des salles (-15% depuis janvier). «Plus on a de concentration, moins bien on se porte», assure sa déléguée générale Rosalie Brun, qui voit avec inquiétude la montée en puissance des grands groupes dans le cinéma avec la récente prise de participation du géant CMA-CGM dans le groupe Pathé. Selon Mme Brun, il y a un risque de voir triompher «la logique de la demande» qui conduirait à ne faire exister que les films supposés plaire au plus grand nombre, au risque de fragiliser le cinéma indépendant, pilier de l’exception culturelle française. Mme Brun se félicite toutefois qu’UGC ne tombe pas entre les mains d’un groupe étranger et relève que Canal+, même depuis sa prise de contrôle par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, continue de soutenir l’ensemble du cinéma français. «On n’a pas de problème de mainmise politique», estime-t-elle. Sous couvert d’anonymat, un haut cadre de l’audiovisuel se montre moins alarmiste et voit d’abord dans ce rachat «le signe que Canal+ veut continuer à investir dans le cinéma français» alors que le groupe menaçait de se désengager au début de l’année. Sur X, la ministre de la Culture Rachida Dati a elle aussi estimé que l’opération illustrait «la volonté d’ancrage de Canal+ dans le cinéma». Pas suffisant pour convaincre les opposants au rachat qui placent leurs espoirs dans l’Autorité de la concurrence. Quand Canal+ avait frappé un grand coup en rachetant en 2024 les chaînes OCS et Orange Studio, cette instance avait identifié un «risque pour la diversité du cinéma français» et proposé des aménagements, acceptés par Canal+. Jérémy TORDJMAN © Agence France-Presse