
Salaires : la Société Générale signe sa deuxième augmentation collective en 10 ans

C’est un accord historique, du moins depuis que Frédéric Oudéa est aux commandes de la banque. La Société Générale appliquera à compter du 1er avril 2023 une augmentation générale de 3% pour les salaires inférieurs à 60.000 euros bruts annuels, et de 2% pour les salaires compris entre 60.000 et 80.000 euros bruts annuels.
L’accord a été signé par la direction et trois organisations syndicales représentatives de la banque, le SNB, la CFDT et la CFTC, vendredi 21 octobre au soir, au terme d’un véritable bras de fer. Il comprend également une prime de partage de la valeur de 1.700 euros qui sera versée à la fin du mois de janvier prochain. Ce dispositif, instauré par la loi sur le pouvoir d’achat, a succédé à la prime Macron en vue d’aider les salariés à faire face à l’inflation. Il a été au coeur des NAO 2023 dans la banque cette année.
La Société Générale, qui met sur la table une enveloppe globale de 166 millions d’euros, a également consenti à la mise en place d’un plan mondial d’actionnariat salarié en 2023. Elle octroiera une allocation forfaitaire de 120 euros concernant les frais induits par le télétravail, avec une clause de revoyure à fin 2023.
Contrairement aux groupes mutualistes, « la revoyure ne fait pas partie de la culture Société Générale », remarque Khalid Bel Hadaoui, délégué national syndical CFDT. De même, « la banque a toujours privilégié sous la direction de Frédéric Oudéa les augmentations individuelles et la participation et l’intéressement », ajoute-t-il. La banque rouge et noire avait ainsi procédé à sa première augmentation collective en dix ans au 1er janvier 2022, avec 0,7% pour les rémunérations brutes annuelles inférieures à 55.000 euros.
Un débrayage et des salariés inquiets
Les NAO 2023,qui s’étaient ouvertes le 23 septembre, se sont déroulées dans un climat tendu en raison de l’inflation soutenue. La pression est montée d’un cran lorsque la direction a proposé début octobre de ne procéder à une augmentation générale qu’au premier janvier 2024, suscitant le tollé général des syndicats. Le 17 octobre, au cours d’une réunion censée clore les discussions, elle avait proposé une hausse de 2% pour les salaires compris entre 40.000 et 80.000 euros et de 3% en dessous de 40.000 euros, applicable au premier juillet 2023. Des propositions jugées encore insatisfaisantes par le SNB et la CFDT qui ont organisé vendredi dernier un débrayage d’une heure, suivi selon eux par 25% des salariés.
A l’exception de la CGT, les syndicats se sont finalement rangés vendredi à la nouvelle proposition de la direction applicable au 1er avril 2023, en vue d’éviter une décision unilatérale qui leur serait défavorable. Ces NAO ont été l’occasion de faire entendre divers sujets de mécontentement, alors que la banque s’apprête à fusionner les réseaux de la Société Générale et du Crédit du Nord.« La grogne monte au sujet des conditions de travail et de l’interdiction de poser des congés pendant les six semaines de migrations informatiques nécessaires à la mise en place de la nouvelle banque de détail», souligne Khalid Bel Hadaoui de la CFDT. Le SNB se félicite de son côté d’avoir obtenu l’ouverture vendredi 28 octobre d’une nouvelle négociation collective concernant l’octroi d’une « prime de fusion » aux salariés concernés.
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Londres - Le parti britannique d’extrême droite Reform UK ouvre vendredi son congrès annuel dans une ambiance qui s’annonce festive: ses partisans sont de plus en plus convaincus que son chef, l’ex-champion du Brexit Nigel Farage, pourrait devenir le prochain Premier ministre. Reform UK a seulement 4 députés à la chambre des Communes sur un total de 650, mais sa popularité n’a cessé de grandir depuis les dernières élections législatives, qui ont porté les travaillistes au pouvoir en juillet 2024. Depuis des mois, la formation est en tête des intentions de vote dans les sondages et l'écart se creuse avec les travaillistes. Pour Nigel Farage, Reform UK, l’ancien «Brexit Party», est le véritable parti d’opposition au gouvernement. Les prochaines législatives ne sont pas prévues avant 2029 mais, lors des dernières élections locales, en mai, il a remporté des conseils régionaux (12), réussissant ainsi à s’implanter dans les territoires. Et des conservateurs rejoignent désormais les rangs de Reform, comme Nadine Dorries, ministre de la Culture sous Boris Johnson, en 2021 et 2022. «Le parti conservateur est mort», a-t-elle déclaré jeudi en annonçant sa défection. Dans un contexte plus général de montée des extrêmes droites en Europe, le parti affirme compter près de 240.000 membres, contre 80.000 il y a un an. «Il est temps pour nous de passer à l'étape suivante en tant que parti», proclame Nigel Farage dans le programme du congrès, qui se tient vendredi et samedi à Birmingham (centre). Immigration Le leader charismatique de 61 ans prononcera son discours vendredi à 16H00 (15H00 GMT), deux jours après un passage éclair à Washington. Il a témoigné devant le Congrès américain sur le sujet de la liberté d’expression, comparant le Royaume-Uni à la Corée du Nord, et a été reçu dans le bureau ovale par son allié Donald Trump, qu’il se vante d’avoir «toujours soutenu». Le congrès va représenter un moment «important» pour Reform UK et son chef Nigel Farage, commente Anand Menon, politologue à l’université de King’s College à Londres. Reform UK doit montrer «qu’il est professionnel, capable d’organiser un congrès donnant l’impression qu’il pourrait gouverner» le pays, dit-il à l’AFP. Déjà, fin août, le parti a donné une grande conférence de presse sur l’immigration, son sujet de prédilection. Clairement inspiré par Donald Trump, Nigel Farage a promis d’expulser jusqu'à 600.000 migrants en cinq ans s’il était élu. L'été a été marqué par des rassemblements anti-immigration devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile en Angleterre. Le gouvernement a accusé Nigel Farage, qui a appelé les Britanniques à manifester, d’attiser les tensions. L’immigration irrégulière, avec la «colère grandissante» qu’elle suscite, représente «une véritable menace pour l’ordre public», a-t-il affirmé. Nigel Farage, l’ex-député européen qui a été si fier d’avoir «obtenu l’indépendance du Royaume-Uni» avec le Brexit, peut-il vraiment devenir le prochain Premier ministre du Royaume-Uni? Pour Anand Menon, «c’est encore loin, mais c’est tout à fait possible». «Homme idéal» Il a réussi à convaincre bon nombre d’anciens électeurs conservateurs, comme Sophie Preston-Hall, propriétaire d’une petite entreprise de recrutement, qui a pris pour la première fois sa carte dans un parti. Pour cette femme de 52 ans, c’est sûr "à 100%": Nigel Farage sera le prochain dirigeant du Royaume-Uni. «C’est l’homme idéal pour le poste. L’ambiance est sans précédent. Nous nous préparons à gouverner», s’enthousiasme-t-elle. Eduqué dans les meilleures écoles privées, Nigel Farage a commencé sa carrière dans la finance à Londres. Cet ancien conservateur, qui a créé le parti UKIP (parti pour l’indépendance du Royaume-Uni) en 1993, a été député européen de 1999 à 2020. Peaufinant désormais son image - on le voit moins qu’avant avec une cigarette ou une bière à la main -, il a vu son capital sympathie augmenter en 2023 après un passage dans l'émission de télé-réalité «I’m a celebrity», durant laquelle il a notamment été enfermé dans une boîte avec d'énormes serpents, et ce alors qu’il était dans un creux de sa carrière politique. Commentateur sur la chaîne conservatrice GB News, il est suivi sur TikTok par 1,3 million d’abonnés, plus que toute autre personnalité politique britannique. Caroline TAÏX © Agence France-Presse