
Salaires : la Société Générale sommée de suivre l’inflation

En janvier 2022, la Société Générale avait accordé sa première augmentation collective sur les salaires fixes depuis une décennie. Limitée à 0,7% pour les rémunérations brutes annuelles inférieures à 55.000 euros, elle s’avère aujourd’hui insuffisante pour les salariés préoccupés par la préservation de leur pouvoir d’achat. Comme les autres banques françaises, exhortées à revoir leur politique salariale face à l’inflation galopante, la banque de la Défense a avancé cette année les négociations annuelles obligatoires en vue du premier janvier 2023.
Une première réunion s’est tenue vendredi 23 septembre avec les quatre organisations syndicales représentatives. Un front intersyndical, formé par le SNB, la CFDT et la CFTC, met la pression sur la direction en vue d’obtenir « une augmentation collective pérenne pour tous les salariés, qui doit compenser au minimum l’inflation que nous subissons ». La CGT préfère, elle, miser sur le mouvement de grève national du 29 septembre.
Alors que la pression s’accroît depuis l’été dernier, les autres banques françaises ont proposé des augmentations générales plus généreuses que celle de janvier 2022... mais qui restent inférieures à l’inflation. Au mois d’août, elle atteignait 5,9% sur un an selon l’INSEE.Premières à signer un accord sur la place, les Banques Populaires appliqueront en janvier 2023 une hausse comprise entre 1,5% pour les plus hauts salaires et 3,5% pour les plus bas. BNP Paribas, qui poursuit les négociations, a de son côté proposé une augmentation collective comprise entre 2,8% et 3%. « Cela ne nous suffira pas ! », réagit Khalid Bel Hadaoui, délégué national syndical CFDT de la Société Générale.
Contrairement au Crédit Agricole et au Crédit Mutuel, qui ont signé au cours de l’été des accords en vue de réviser les augmentations décidées en janvier, la clause de revoyure sur les NAO « ne fait pas partie de la culture d’entreprise chez Société Générale », pointe Khalid Bel Hadaoui. Tout comme chez BNP Paribas, les syndicats se sont heurtés au printemps au refus de rouvrir les négociations bouclées à la fin 2021, bien avant que la guerre en Ukraine ne fasse flamber les prix de l’énergie.
Maintenir l’engagement des salariés
C’est dire si ces NAO 2023 sont cruciales, à la veille d’un projet de transformation stratégique pour l’entreprise : la naissance de sa nouvelle banque de détail « SG », issue de la fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord. « Si la direction veut que les salariés adhèrent au projet, une reconnaissance salariale nous paraît indispensable. Il est important de veiller à maintenir un niveau d’engagement élevé », fait valoir Khalid Bel Hadaoui. D’autant quele départ annoncé de la directrice des ressources humaines du groupe Caroline Guillaumin, dans le sillage de celui du directeur général Frédéric Oudéa « génère des inquiétudes dans les réseaux concernés par la fusion sur la capacité à accompagner une telle transformation ».
L’intersyndicale SNB-CFDT-CFTC espère un rééquilibrage de la politique salariale entreprise pendant l’ère Oudéa. « La direction a choisi jusqu’ici de privilégier les augmentations individuelles, complétées par la participation et l’intéressement. Nous considérons que la problématique actuelle touche tous les salariés et justifie une augmentation générale sans distinction entre eux», souligne Khalid Bel Hadaoui. Une source proche de la banque rouge et noire indique à L’Agefi qu’elle « réfléchit à des augmentations collectives et individuelles et à leur articulation ».
Les syndicats comptent également sur la prime de partage de la valeur créée cet été par la loi portant les mesures d’urgence sur le pouvoir d’achat. Défiscalisée, elle a succédé à la « prime Macron » ou « pepa » (« prime exceptionnelle de pouvoir d’achat »). La Première ministre Elisabeth Borne a appelé en juillet « les entreprises qui le peuvent » à la distribuer immédiatement pour soutenir leurs salariés. L’intersyndicale SNB-CFDT-CFTC réclame une prime d’un montant de 3.000 euros.
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États-Unis : plus de 300 Sud-Coréens arrêtés dans une usine Hyundai-LG sur le point d’être rapatriés
Séoul - Les plus de 300 Sud-Coréens arrêtés jeudi dans une usine aux Etats-Unis par la police de l’immigration vont bientôt être libérés et rapatriés dans leur pays, a annoncé dimanche Séoul. «Grâce à la réponse rapide et unie… les négociations pour la libération des travailleurs arrêtés ont été conclues», a déclaré dimanche Kang Hoon-sik, chef de cabinet du président Lee Jae Myung. «Il ne reste plus que les procédures administratives. Une fois celles-ci terminées, un vol charter décollera pour rapatrier nos ressortissants», a-t-il ajouté. Samedi, Séoul avait estimé leur nombre à «plus de 300". La police de l’immigration américaine a annoncé vendredi avoir mené jeudi un raid dans une usine de fabrication de batteries pour automobiles des groupes sud-coréens Hyundai et LG Energy Solution à Ellabell, dans l’Etat de Géorgie (sud-est). Les personnes interpellées sont soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Il s’agit de l’opération la plus importante jamais menée sur un seul site dans le cadre de la campagne d’expulsion d’immigrés initiée par le président américain Donald Trump. 475 personnes au total ont été arrêtées dans l’usine. «On leur donne à manger et on leur permet de prendre une douche, mais les conditions (de rétention NDLR) sont mauvaises», a depuis affirmé à l’agence de presse sud-coréenne Yonhap un responsable d’un sous-traitant de LG Energy Solution, qui s’est entretenu avec l’un des travailleurs arrêtés. Selon lui, ils ne sont pas menottés. Des images du raid, diffusées par les autorités américaines, ont montré des employés arrêtés, menottés et avec des chaînes aux chevilles, en train d’embarquer dans un bus de transport privé. Un cadre supérieur de LG Energy Solution s’est envolé dimanche pour la Géorgie. «La priorité immédiate est la libération rapide de nos employés LG Energy Solution et de ceux de nos entreprises partenaires», a déclaré Kim Ki-soo aux journalistes avant de monter à bord de l’avion. Environ 250 des personnes arrêtées seraient des employés de sous-traitants de LG Energy Solution, et Sud-Coréens pour la plupart, avait indiqué samedi l’entreprise. Et 47 (46 Sud-Coréens et un Indonésien), sont des salariés directs de LG, selon l’entreprise. Vendredi, Hyundai avait dit penser qu’aucune des personnes arrêtées n'était «directement employée» par le groupe. Quatrième économie d’Asie, la Corée du Sud est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. En juillet, Séoul avait promis d’investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis, à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. © Agence France-Presse