
BNP Paribas n’échappera pas à la pression inflationniste sur les salaires

Sommées comme toutes les entreprises de France de revaloriser les rémunérations face à l’inflation, les banques françaises ont accéléré le calendrier de leurs négociations annuelles obligatoires (NAO). Tandis qu’un accord a déjà été signé dans les Banques Populaires la semaine dernière, BNP Paribas a tenu sa première réunion avec les organisations syndicales représentatives, le SNB et la CFDT, le 21 septembre.
La banque de la rue d’Antin propose une augmentation générale de 3% pour les salaires inférieurs à 30.000 euros, ce qui bénéficiera à 3.500 salariés soit 10% des effectifs, et une hausse de 2,8% pour les salaires compris entre 30.000 euros et 80.000 euros. Ces augmentations seraient assorties d’un plancher de 900 euros et d’un plafond de 1.800 euros. Elles rentreront en vigueur dès le premier janvier 2023, et non au premier avril comme BNP en avait pris l’habitude.
Le rapport de forces n’est, a priori, pas en faveur de la banque française. Elle doit non seulement répondre aux injonctions répétées du ministre de l’Economie et de la Première ministre à augmenter les salaires, mais aussi faire face à la grogne des salariés, inquiets pour leur pouvoir d’achat. La CFDT, qui n’est pas majoritaire, continue de faire pression sur la direction. Elle regrette que « 10% des salariés soient exclus de ces propositions » et espère obtenir une augmentation plus proche du niveau de l’inflation.
Au premier avril 2022, BNP Paribas avait octroyé une augmentation générale de 0,6% sur les salaires fixes. Contrairement au Crédit Mutuel et au Crédit Agricole, la banque de la rue d’Antin n’a pas prévu de clause de revoyure sur cette augmentation. « Lorsque nous avons constaté les effets de l’inflation galopante, nous avons tenté de rouvrir les négociations au mois de mai mais nous avons essuyé un refus de la direction. Elle a préféré attendre les NAO 2023 », explique à L’Agefi Richard Pons, délégué syndical national CFDT.
Alors que l’évolution de l’inflation est incertaine et que la direction semble résolue à boucler rapidement ces NAO, une solution pourrait, selon lui, consister à « introduire une clause de revoyure dans six mois à l’image de ce que pratiquent les groupes mutualistes ».
Pas de prime de partage de la valeur
La CFDT milite également pour que BNP Paribas distribue une prime de partage de la valeur. Défiscalisée, cette dernière a été créée par le gouvernement cet été pour succéder à la « prime Macron » afin de soutenir le pouvoir d’achat des salariés. A l’image de BPCE qui s’est engagé à verser une prime à ses collaborateurs dès le mois d’octobre – dont le montant reste à l’appréciation de chaque caisse régionale –, BNP Paribas pourrait « verser immédiatement une prime comme elle l’avait fait lors du rachat d’actions », estime Richard Pons. « La direction nous répond qu’elle préfère des mesures visibles passant par une augmentation générale des salaires fixes. Or nous ignorons le montant de l’enveloppe globale !», s’insurge-t-il.
L’organisation syndicale regrette également que la direction refuse de réviser l’enveloppe consacrée aux augmentations individuelles. Elle resterait inchangée, à 1,5% de la masse salariale. « Avec 9,5 milliards de résultats en 2021, BNP Paribas a la surface financière suffisante pour mener une politique salariale digne de ce nom ! », reproche Richard Pons. Une nouvelle réunion est prévue le 27 septembre.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse