Un mystérieux investisseur lance une offre sur la dette grecque

Japonica Partners, une société américaine inconnue du marché obligataire, vise 10% des emprunts d’Etat grecs en circulation avec une enchère à 45% du pair
Alexandre Garabedian

La dette grecque, dernier investissement à la mode? Une mystérieuse société basée dans le Rhode-Island (Etats-Unis), Japonica Partners, a annoncé hier son intention de lancer une offre de rachat sur une partie des emprunts du pays. Inconnue des traders obligataires, la société détaillera demain à travers un memorandum ce qu’elle présente comme le premier processus d’enchères «à la hollandaise» à l’initiative d’un investisseur privé sur de la dette souveraine européenne. L’offre sera ouverte jusqu’au 1er juillet.

Japonica Partners vise un total de 2,9 milliards d’euros de titres, soit 10% des emprunts d’Etat grecs en circulation. Il s’agit d’obligations émises en 2012 lors de l’offre d’échange liée à la restructuration de la dette du pays. Le prix proposé est de 45% du pair, soit une prime de 12 points par rapport au prix moyen qu’avait acquitté Athènes en décembre 2012 lors de son offre de rachat. Dans le cadre de mesures destinées à alléger le fardeau de la dette avec l’aide du FMI et de l’Europe, le gouvernement grec avait retiré 31,8 milliards d’euros d’emprunts d’Etat en valeur nominale pour un coût de 10,8 milliards. De nombreux investisseurs, à l’image de BNP Paribas, qui portaient un portefeuille résiduel de dette souveraine grecque, en avaient profité pour sortir complètement.

L’offre de Japonica Partners est en revanche inférieure aux prix de marché, qui se sont redressés à mesure que l’hypothèse d’un maintien de la Grèce en zone euro gagnait en vigueur. La dette du pays se paie aujourd’hui entre 47% et 61% du pair selon les échéances. L’annonce a d’ailleurs eu très peu d’effet hier, avec des variations de rendements de quelques points de base. Mais elle donne aux porteurs actuels de dette grecque qui voudraient encaisser leur plus-value une porte de sortie sur un marché très peu liquide. L’initiateur la justifie par sa «perspective de long terme sur la Grèce et les progrès faits par le pays».

Japonica Partners, qui ne révèle rien de sa surface financière, n’est «ni un fonds, ni un conseil en investissement», selon son site internet. Elle n’a pas de lien avec Athènes et n’a pas sollicité l’accord du pays. La société a été fondée en 1988 par un ancien de Goldman Sachs, Paul Kazarian, et investit dans des actifs décotés. Elle a défrayé la chronique pour la dernière fois lorsqu’elle avait disputé au fonds KKR le contrôle du groupe agroalimentaire américain Borden. C'était… en 1994.

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