
Natixis réorganise ses risques et sa gestion d’actifs après l’affaire H2O

Natixis annonce ce soir après Bourse la nomination d’un nouveau directeur des risques, Olivier Vigneron venu de JPMorgan, et le renforcement de la gouvernance et des contrôles au sein de son pôle de gestion d’actifs Natixis Investment Managers (NIM). La banque cotée du groupe mutualiste BPCE veut tirer les leçons des difficultés récentes de sa boutique de gestion H2O et de ses lourdes pertes sur des dérivés en Asie fin 2018.
Natixis dévoile également ce jeudi un résultat net part du groupe de 415 millions d’euros au troisième trimestre, en hausse de 16% (retraité de la vente des activités de services financiers spécialisés à BPCE au premier trimestre) et supérieur aux 370 millions d’euros attendus par le consensus des analystes interrogés par FactSet.
Le produit net bancaire (PNB) augmente de 6% à 2,28 milliard d’euros, au-dessus des 2,22 milliards du consensus FactSet. Tous les pôles sont en progression, tirés par la croissance de l’activité de gestion d’actifs et de fortune (+12%, à 945 millions d’euros), suivie par les paiements (+8%), l’assurance (+7%) et la banque de financement et d’investissement (BFI, +3%). « Dans chacun de nos métiers les revenus sont en ligne ou progressent plus vite que nos coûts », déclare François Riahi, le directeur général de Natixis, cité dans un communiqué.
Baisse de l’enveloppe M&A
Concentré sur sa nouvelle gouvernance et la réorganisation de sa gestion d’actifs, Natixis abaisse ses objectifs de croissance externe, avec une « réduction du budget 2018-2020 consacré à de potentielles acquisitions d’environ 1 milliard d’euros à environ 800 millions d’euros, dont environ 500 millions d’euros déjà investis ». Cela permet à la banque de porter son objectif de ratio de fonds propres durs CET1 pour 2020 de 11% à 11,2%, tout en maintenant sa politique de dividende inchangée. A fin septembre, le ratio CET1 de Natixis s’élève à 11,5%.
La banque de gros va confier sa direction des risques à Olivier Vigneron le 14 janvier prochain. Il était jusqu’à récemment directeur des risques de JPMorgan pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique. Il remplacera Pierre Debray qui deviendra conseiller de François Riahi. A la tête d’une équipe d’environ 600 personnes, il rejoindra le comité de direction générale de Natixis. La banque crée également un poste de chief risk officer US qui supervisera à la fois les activités de gestion d’actifs et de BFI aux Etats-Unis. La fonction est confié à Stéphane Morin, jusque-là responsable adjoint de la BFI en Amériques.
Contrôle des boutiques de gestion
Après les interrogations sur certains investissements illiquides de H20 et une revue interne de ses pratiques, Natixis souhaite reprendre en main ses affiliés américains et européens de gestion d’actifs. La banque sépare les fonctions risques et compliance (conformité) au sein de la holding NIM et nommera prochainement des directeurs distincts. Les fonctions seront également séparées au sein des 20 boutiques de gestion dont NIM est l’actionnaire majoritaire (ou unique dans le cas d’Ostrum). Natixis a par ailleurs annoncé le mois dernier l’arrivée prochaine de Joseph Pinto, ex-Axa IM, comme chief operating officer de NIM. Son principal affilié, le français Ostrum (ex-Natixis AM), va bientôt accueillir un nouveau directeur général, Philippe Setbon, l’ancien patron de Groupama AM, comme l’avait révélé NewsManagers (groupe Agefi). Il remplace Matthieu Duncan, remercié à quelques mois de la fusion des activités de gestion assurantielle d’Ostrum avec celles de La Banque Postale AM.
Surperformance de H2O
Malgré l’environnement de taux bas en Europe, le PNB de la gestion d’actifs de Natixis (y compris private equity et Natixis Interépargne) a progressé de 13% au troisième trimestre, à 909 millions d’euros, tirés par l’Europe et notamment les commissions de surperformance du gestionnaire immobilier AEW (pour un tiers) et de H2O (pour les deux tiers), dont les encours sous gestion « s’établissent à environ 28 milliards d’euros contre environ 26 milliards à fin juin grâce à un effet marché positif ». Les encours totaux de la gestion d’actifs s’élèvent à 921 milliards d’euros à fin septembre, en hausse de 3% sur le trimestre et de 14% depuis le début de l’année. Les effets de marché et de change ont compensé la décollecte nette de 4 milliards d’euros sur les produits de long terme et de 1 milliard sur les stratégies monétaires.
Pour renforcer la gouvernance du groupe, Natixis indique également que les fonctions de la DRH Anne Lebel sont élargies à compter de ce jour à la corporate culture. La directrice des opérations et des systèmes d’informations, Véronique Sani, va prendre également la responsabilité des chantiers de transformation, en tant que directrice technologie & transformation.
De son côté, BPCE annoncé ce soir un résultat net part du groupe de 943 millions au troisième trimestre, en hausse de 18,5% en rythme annuel, et un PNB en progression de 0,5%, à 5,94 milliards d’euros. Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice net atteint 2,24 milliards d’euros, avec un PNB de 18 milliards, en recul de 0,8%.
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Astrid Panosyan-Bouvet visée par une plainte autour d'un redressement fiscal évité à une entreprise
Paris - L’association AC !! Anticorruption a annoncé vendredi à l’AFP avoir déposé plainte contre la ministre du Travail démissionnaire à propos d’un redressement fiscal évité à une entreprise, mais qu’Astrid Panosyan-Bouvet défend comme un «acte de gestion» justifié. Sollicité, ni la société Setforge ni le Parquet national financier (PNF), destinataire de la plainte, n’ont répondu dans l’immédiat à l’AFP. Le cabinet de Mme Panosyan-Bouvet a justifié son action, soulignant qu’il s’agissait d’un «acte de gestion» par lequel «un ministre prend la responsabilité de combler un vide juridique ou d’une interprétation de la loi». La ministre souligne qu’elle n’a «aucun lien ni de près ni de loin avec cette entreprise et son repreneur». La plainte contre X, dont l’AFP a eu copie, dénonce plusieurs infractions possibles comme la prise illégale d’intérêts, le détournement de fonds publics ou la concussion, mais aussi l’abus d’autorité, l’abus de biens sociaux ou la présentation inexacte des comptes annuels. Le document cible notamment un redressement fiscal que la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet aurait évité à la société Setforge, et ce possiblement contre l’avis de la justice, comme l’avait écrit Mediapart début septembre. D’après la plainte, l’Urssaf a engagé contre Setforge «un redressement significatif portant sur plusieurs exercices de cotisations sociales impayées. Ce redressement avait été notifié, accepté par les services compétents et était en voie de recouvrement.» Mediapart soulignait que la décision aurait en outre fait l’objet d’une décision de justice défavorable à Setforge. «Or, contre toute attente», accuse AC !! Anti-corruption, «la ministre du Travail est intervenue personnellement pour faire annuler purement et simplement ce redressement.» «Cette décision, prise sans base légale identifiable et contre l’avis des organismes chargés du recouvrement, a eu pour conséquence directe de soustraire à la Sécurité sociale des sommes qui lui étaient dues et de faire bénéficier Setforge d’un effacement de dette sociale injustifié», dénonce encore l’association. Le ministère a renvoyé vendredi à sa réponse à l’article de Mediapart. Mme Panosyan-Bouvet y explique que sa décision «fait suite à une instruction de plusieurs mois et des vérifications fines de la situation de l’entreprise par les services de l’Etat». Elle rappelle avoir été saisie par plusieurs responsables dont des représentants syndicaux, des élus ou le préfet. L’entreprise aurait dû voir ses cotisations sociales majorées après que des salariés ont obtenu la reconnaissance qu’ils avaient été exposés à l’amiante, souligne-t-elle. Elle explique avoir décidé de ne pas appliquer ce taux majoré, car l’entreprise n’utilisait plus l’amiante depuis au moins 2021, qu’elle avait été rachetée par son nouveau propriétaire, Setforge, en 2021, et qu’une augmentation de cotisation menaçait «la viabilité de l’entreprise» et sa centaine d’emplois. La plainte vise par ailleurs la «disproportion manifeste» entre l’"activité réelle» de Setforge «et les masses financières qu’elle manipule». Pour AC!! Anti-corruption, cette «société structurellement déficitaire et financièrement artificialisée a détourné ou employé de façon suspecte des financements publics et privés». «Quand nous voyons la situation de la France et surtout la situation de la Sécurité sociale, nous ne pouvons comprendre la décision d’une ministre, à contre-courant d’une décision de justice. Nous espérons qu’une enquête permettra de nous dire pourquoi une telle décision» a réagi auprès de l’AFP Marcel Claude, président d’AC !! Anti-corruption. © Agence France-Presse -
Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse