L’Inde ne s’octroie aucun répit dans son cycle de resserrement monétaire

La banque centrale a relevé hier son principal taux directeur de 25 points de base à 6,75 %, alors que l’inflation a atteint 8,3 % en février
Patrick Aussannaire

L’Inde ne se laisse distraire ni par le séisme au Japon ni par le tumulte au Moyen-Orient. Pour la huitième fois depuis mars 2010, la Reserve Bank of India (RBI) a en effet décidé hier de relever son principal taux de refinancement de 25 points de base (bp) à 6,75%, et son reverse repo, le taux d’intérêt que les banques reçoivent quand elles placent des avoirs à la banque centrale, à 5,75%. «Jusqu’à présent, il semble peu probable que le désastre au Japon ait un impact significatif sur la croissance des autres pays asiatiques, ni qu’il ait des conséquences déflationnistes significatives dans la région», estime Brian Jackson, responsable de la stratégie des pays émergents chez Royal Bank of Canada.

«Les pressions inflationnistes sous-jacentes se sont accentuées», a justifié le gouverneur de la banque centrale, Duvvuri Subbarao, qui a relevé d’un point sa prévision annuelle d’inflation à 8%. S’appuyant ainsi sur l’annonce lundi d’une accélération de la hausse des prix de gros en février à 8,31%, contre 8,23% au mois de janvier. L’inflation s’est propagée aux prix manufacturiers non alimentaires, qui progressent de 4,8% en janvier à 6,1% en février. Et le conseiller économique en chef du gouvernement, C. Rangarajan, de rappeler la RBI à son devoir de ramener le niveau d’inflation, qui affecte le salaire réel de 1,2 milliard d’Indiens, vers son objectif de 3,5%.

A plus de 8%, l’inflation indienne est l’une des plus élevés des Bric: elle est en effet de 4,9% en Chine, de 6% au Brésil pour des taux directeurs à 11,75%, et de 9,5% en Russie qui a relevé ses taux à 8%. A cet égard, la politique monétaire de la RBI pourrait sembler accommodante d’autant que le consensus prévoit une accélération de la croissance de l’économie à 9,25% en 2011, contre 8,6% en 2010. Les taux interbancaires ou sur les dépôts auprès des banques sont cependant plus élevés, de 9 à 9,5%. En annonçant son intention d’augmenter les dépenses publiques de 13,4%, d’augmenter le plafond d’imposition des ménages et les salaires pour l’exercice fiscal qui débute début avril, le gouvernement laisse des marges de manœuvre importantes à la poursuite de la politique de durcissement monétaire engagée par le RBI.

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