Les rapatriements de capitaux n’expliquent pas toute la flambée du yen

Le franchissement d’un seuil qui servait de référence à des produits structurés de change a contribué au bond de la devise de mercredi à jeudi
Alexandre Garabedian

Dans l’attente de la réunion du G7 et d’une possible intervention des banques centrales, les opérateurs ont passé la journée de jeudi à tenter de comprendre la brusque envolée du yen face au dollar. Le taux de change dollar/yen est passé de plus de 80 à 76,36, un record depuis la deuxième guerre mondiale, le tout en une demi-heure dans la nuit de mercredi à jeudi. Beaucoup l’attribuaient hier à une série de phénomènes techniques, plus qu’à un réel mouvement de rapatriements de capitaux de la part des investisseurs japonais.

La catastrophe devrait certes pousser les assureurs dommages nippon à rapatrier des fonds investis à l’étranger et à les convertir en yens en vue des importants débours auxquels ils vont faire face. La période est aussi propice: l’année fiscale japonaise se termine en mars, mois durant lequel les entreprises et les institutions financières prennent leurs profits à l’étranger et limitent le risque de leurs portefeuilles.

La Banque du Japon et l’Autorité des marchés (FSA) ont pourtant assuré hier que les assureurs n’avaient rien fait de tel. Pour Robert Lynch, stratégiste chez HSBC, ce sont surtout les «anticipations de rapatriement», et non les flux eux-mêmes, qui ont alimenté la spéculation.

«Nous avons tendance à croire les autorités: il s’agit sans doute de flux spéculatifs, ou liés à la structure d’options de change, plutôt qu’à des rapatriements de capitaux à grande échelle», estime aussi Chris Turner, patron de la stratégie forex chez ING. Même son de cloche chez RBS: «le précédent plancher historique de 79,75 yens pour un dollar était utilisé comme seuil de déclenchement de nombreux produits structurés avec une composante change», relève Akito Fukanaga.

Le franchissement de cette barrière, ou celui de limites (stop loss) sur des positions de trading, a pu pousser certains intervenants à devoir acheter massivement du yen, dans un marché particulièrement peu actif. «Le bond à 76,36 contre un dollar a bien sûr été provoqué par des ventes de dollar liées à des stop loss, à l’un des moments les plus illiquides de la séance: la fermeture du marché américain et l’ouverture de la séance en Asie», affirme Derek Halpenny, chez Bank of Tokyo Mitsubishi UFJ.

Voilà pour les effets techniques. Reste qu'à moyen terme, les rapatriement de capitaux devraient continuer à mettre une pression haussière sur le yen en l’absence d’intervention.

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