Les avancées du G20 Finances laissent les économistes dubitatifs

Exclure les réserves de change et les taux de change réels de la liste des indicateurs de déséquilibres limite l’intérêt de l’exercice
Alexandre Garabedian

Des événements du week-end, le G20 Finances a vite été éclipsé par les troubles au Moyen-Orient et la lourde défaite du parti d’Angela Merkel à Hambourg. Les économistes de marché restaient hier dubitatifs devant le compromis trouvé sur une liste d’indicateurs de déséquilibres mondiaux. En cause, l’exclusion des réserves de change et des taux de change effectifs réels de la liste adoptée, sous la pression de la Chine.

Pour Steven Englander, stratégiste change de Citigroup à Londres, «le statu quo fait d’accumulation des réserves mondiales et d’argent facile aux Etats-Unis n’est pas près de changer». «Le marché va considérer que le G20 modifie peu de choses et que la croissance continue des réserves de change permettra de garder intacte la demande pour l’euro» dans le cadre d’une stratégie de diversification des réserves, estimaient de leur côté les stratégistes change de BNP Paribas.

Les négociateurs de l’accord et la présidence française du G20 n’ont certes jamais caché qu’ils entamaient là un processus de longue haleine. Mais les stratégistes de Bank of Tokyo Mistubishi UFJ estiment que les concessions faites à la Chine limitent l’intérêt de l’exercice. «Malheureusement, les recherches académiques ont montré que les taux de change effectifs réels et les réserves de change étaient historiquement les deux meilleurs indicateurs avancés des crises financières», souligne Lee Haardman, économiste de la banque japonaise.

Si l’accord sur la liste des indicateurs constitue malgré tout une avancée arrachée de haute lutte, la suite des discussions tiendra du casse-tête. Il faudra déterminer des limites chiffrées, décider éventuellement d’une mise en place différenciée selon le stade de développement d’un pays ou du cycle économique dans lequel il se trouve, trancher sur les mesures correctrices à adopter, etc...

«Les pays du G20 ne sont pas nécessairement dans le même cycle économique, il n’est sûrement pas souhaitable qu’ils le soient. Comment, dès lors, aborder la question des déséquilibres et au bénéfice de qui ? s’interroge Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis AM. Y a-t-il une instance capable de penser le cycle global et d’imaginer les mesures correctrices dont la mise en place bénéficierait à tous ?» Sans parler de la capacité de cette instance à contraindre des Etats qui sortiraient du cadre fixé.

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