Le Portugal a dû payer plus cher son refinancement à un an

Si l’adjudication d’un milliard d’euros a été largement sursouscrite hier, son rendement moyen a atteint 4,33 % contre 4,06 % début mars
Yves-Marc Le Reour

Moins de 24 heures après la baisse de deux crans de sa note souveraine par Moody’s, le Portugal a émis hier un milliard d’euros d’obligations à un an, a annoncé l’IGCP, l’agence publique chargée de la gestion de la dette du pays. Ce montant correspond au maximum de la fourchette initialement envisagée qui allait de 750 millions à 1 milliard. La demande a été «2,2 fois supérieure à l’offre», contre 3,1 fois voici deux semaines à l’occasion de la dernière adjudication ayant eu lieu sur cette maturité, mais dont le montant de 450 millions était moins élevé.

Cette opération, souscrite à plus de 60% par des investisseurs étrangers, permet surtout de constater que les taux réclamés par le marché continuent de grimper, puisque le rendement moyen de ces bons a atteint 4,33% contre 4,06% pour l’émission du 2 mars. Si ce rendement reste inférieur aux records atteints en décembre, il dépasse l’estimation de 4,3% donnée par les analystes. Le moment choisi par Moody’s pour déclasser le pays, «en réduisant l’appétit des investisseurs, n’a évidemment pas aidé», relève Orlando Green, stratégiste au Crédit Agricole à Londres. Il estime que le marché reste sceptique face au nouveau plan d’austérité décidé en fin de semaine dernière par Lisbonne.

Le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos a indiqué qu’une hausse du taux interbancaire européen avait contribué à l’augmentation du rendement de cette adjudication, mais que cette évolution reflétait également «le climat d’incertitude politique interne» qu’entretient l’opposition en refusant de voter les nouvelles mesures de rigueur. «Tout échec dans l’approbation des nouvelles mesures du projet de budget contraindrait le pays à une aide extérieure», a-t-il déclaré devant la commission du budget du parlement.

Les inquiétudes des investisseurs sur la situation du Portugal ont pour effet pervers d’accroître le niveau de dépendance du secteur bancaire lusitanien vis-à-vis des prêts d’urgence de la BCE. Pour le troisième mois consécutif, ceux-ci ont légèrement augmenté en février à 41,1 milliards d’euros, ce qui reflète l’impossibilité des banques portuguaises à se financer à des niveaux décents sur les marchés. Le ministre des Finances a de ce fait récemment enjoint les banques à préparer d’ici fin avril un plan de renforcement de leurs fonds propres «qui leur garantisse un accès aux financements de marché».

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