Fidelity se prépare à lancer le premier ETF semi-transparent en Europe

Alors que le marché européen est particulièrement attaché à la transparence des véhicules listés, l’avènement des ETF gérés activement est venu bouger les lignes. Un assouplissement réglementaire adopté par le Luxembourg et l’Irlande donne aux fournisseurs d’ETF les contours d’un nouveau périmètre de jeu.
Dublin Irlande UE
La Banque centrale d'Irlande a modifié sa règle exigeant la divulgation quotidienne complète du portefeuille des ETF Ucits en leur permettant de retenir une base trimestrielle.  -  Photo David Mark / Pixabay

C’est une rentrée particulièrement attendue. En Europe, le tout premier ETF (Exchange traded fund) semi-transparent pourrait être commercialisé très prochainement par Fidelity. C’est ce que relève le site spécialisé ETFStream auprès duquel des sources proches de la Central Bank of Ireland (CBI) confirment l’approbation.

Véhicule déjà diffusé aux Etats-Unis depuis 2020, l’ETF semi-transparent permet à son promoteur de ne dévoiler qu’une partie des sous-jacents constitutifs du portefeuille. Alors que l’ETF traditionnel indique chaque jour au public l’ensemble des lignes qu’il détient, conférant à ce produit une transparence largement revendiquée, ce n’est ici plus le cas. Concrètement, les titres sont soit partiellement communiqués, soit ils le sont en différé. Selon ETFStream, la publication de l’intégralité des positions de l’ETF géré par Fidelity International sera effectuée avec un décalage de trois mois, délai maximal autorisé par le régulateur.

Risques circonscrits

Longtemps interdit en Europe, l’ETF semi-transparent s’est hissé sur le haut de la pile des dossiers de plusieurs autorités européennes, à mesure que les ETF dits actifs gagnaient du terrain. Car si la gestion cotée a historiquement consisté à offrir la réplication d’un indice moyennant des frais cassés, ce n’est désormais plus le cas, des stratégies actives étant souvent encapsulées dans un format ETF. De quoi refroidir certains gérants car ils redoutent de livrer l’ensemble de leurs paris, laissant la porte ouverte à un éventuel plagiat de la part de leurs concurrents.

Bien conscients des limites d’une trop forte transparence, certains pays se sont saisis du sujet. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a été la première institution à publier en juin 2024 une recommandation permettant la mise en œuvre d’un « régime de transparence différenciée » pour les ETF actifs. En décembre 2024, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) du Luxembourg a quant à elle autorisé les ETF actifs à utiliser une structure semi-transparente, avant que la Banque centrale d’Irlande ne suive la voie en optant pour une structure encore plus flexible.

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C’est d’ailleurs l’Irlande, farouche rivale du Grand-Duché, que Fidelity International a choisie pour lancer ce véhicule d’un genre nouveau. Conformément aux directives de la CBI, Fidelity soumettra quotidiennement l’intégralité des positions de son portefeuille aux participants autorisés, dans le cadre d’un accord de confidentialité, ont précisé les sources.

Une telle obligation doit en principe protéger les investisseurs. Car sur le papier une moindre transparence peut engendrer des risques supplémentaires. Les ETF semi-transparents livrant moins d’informations aux apporteurs de liquidités (qui permettent de maintenir le prix des parts d’ETF proche de la valeur des actifs), ces derniers auront tendance à facturer plus cher leurs transactions, faisant s’écarter la valeur liquidative de l’ETF de la valeur du portefeuille sous-jacent. Un biais anticipé par le régulateur irlandais.

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