Angela Merkel pourrait durcir sa politique européenne

Menacée dans son fief du Bade-Wurtemberg et laminée au scrutin régional de Hambourg, la chancelière doit davantage prendre en compte ses électeurs
Lothar Gries, à Francfort

Quelle leçon Angel Merkel va-t-elle tirer de la débâcle électorale subie par son parti, la CDU, aux élections dans la ville-Etat de Hambourg dimanche? Cette défaite dans la cité natale de la chancelière allemande est déjà la deuxième pour les conservateurs depuis les législatives nationales de 2009. En mai dernier ils avaient perdu l’Etat de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Cette fois, la défaite est encore plus importante, les sociaux-démocrates du SPD raflant la majorité absolue. La coalition au pouvoir à Berlin entre CDU et les libéraux du FDP perdra encore un peu plus de marge de manœuvre au Bundesrat, la chambre haute du Parlement, où elle ne dispose déjà plus de la majorité.

Les analystes estiment que l’impact de ce revers est limité au niveau national, tant les enjeux locaux (endettement de la ville, augmentation des frais de halte-garderie) ont dominé la campagne. Mais nul doute que la droite allemande subit aussi la colère des électeurs face à une politique européenne très impopulaire dans un pays toujours hostile à l’euro. La création l’an dernier de la Facilité Européenne de Stabilité Financière (EFSF) pour soutenir les Etats de la zone euro en crise a fait grincer bien des dents chez les électeurs allemands. Ils rejettent l’idée d’une solidarité à l’égard des pays en difficultés comme la Grèce ou le Portugal.

Consients de cette hostilité, Angela Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, demandent donc des contreparties à leurs partenaires. La gouvernance économique et le pacte de compétitivité prônés par la chancelière s’inscrivent dans cette logique: si l’Allemagne se porte financièrement garante de ses voisins, elle doit aussi avoir son mot à dire sur leurs actions. Le pays délègue plus de pouvoirs à l’Europe, mais en échange, celle-ci doit travailler selon les principes de la discipline économique et budgétaire allemande.

Concernant les différentes options actuellement sur la table pour réformer l’EFSF, comme la possibilité pour le Fonds d’acheter des obligations des pays en difficulté, Berlin y a d’ores et déjà mis son veto. «Cette proposition n’est pas réalisable» affirme-t-on de manière catégorique au ministère des Finances. A l’approche d’un scrutin très important pour la CDU dans le Bade-Wurtemberg le 27 mars prochain, au lendemain du Sommet européen des 24 et 25 mars, l’attitude de l’Allemagne dans la question européenne risque donc de se durcir.

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