
Fin de partie pour Aristophil

L’administration provisoire de la société Aristophil prend fin plus rapidement qu’il n’aura fallu aux pouvoirs publics pour contraindre l’activité du spécialiste des lettres et manuscrits. L’AMF a lancé les hostilités dès 2003, saisi le parquet de Paris, perdu une première manche devant la 11ème chambre correctionnelle du TGI de Paris le 3 octobre 2006 qui a retenu que l’activité de cette société ne relevait pas du champ de compétence du régulateur, les contrats ne pouvant être qualifiés de produits financiers. L’AMF a poursuivi ses mises en garde, ce qui n’a pas empêché Aristophil de convaincre plus de 10.000 particuliers d’investir en indivision dans des collections pour plus d’une centaine de millions d’euros, alléchés par la perspective d’un rendement de plus de 9 % par an. Certains CGP ont contribué à cette débâcle bien que leurs associations professionnelles les avaient mis en garde. Jean-Pierre Rondeau, président de la Compagnie des CGPI a d’ailleurs été le seul à employer publiquement le terme d’escroquerie et a interdit à ses adhérents de commercialiser ce produit.
Gérard Lhéritier a su assoir sa crédibilité pour profiter de la crédulité des investisseurs en s’entourant notamment de personnalités politiques. Les soutiens d’hier se font plus discrets. Le parquet a finalement décidé au printemps 2014 de procéder à une enquête préliminaire à la suite d’un signalement de Tracfin, la cellule de lutte anti-blanchiment et d’une enquête de la DGCCRF. Les comptes d’Aristophil et des sociétés distribuant ses produits, Finestim et Artcourtage, ont été saisis sous les chefs de pratiques commerciales trompeuses et d’escroquerie en bande organisée. Ces deux sociétés sont en liquidation judiciaire.
Pratiques trompeuses. La DGCCRF a retenu que «les pratiques mises en œuvre par Aristophil se caractérisent par la délivrance d’une information ambiguë à l’investisseur potentiel, de nature à lui donner la perspective optimiste et confiante des évolutions du marché, tout en omettant de l’informer que la société a donné aux biens qui composent l’indivision une valeur totalement déconnectée de ce marché, puisque cette valeur augmente en moyenne de 147 % entre leur achat et leur revente par Aristophil.» Gérard Lhéritier rétorque qu’il ne faut pas confondre la marge commerciale de la société et l’évolution du marché, ce qui n’en reste pas moins une belle marge. «Ces marges ne correspondent à aucune réalité économique ou financière. Il semblerait qu’une part significative de cette marge soit le fruit d’une spéculation sur la valeur des biens au terme de la durée d’investissement.Il appartient maintenant au marché de déterminer la valeur de ces collections » souligne Gilles Duteil, directeur du GroupeEuropéen deRecherchesur la Délinquance Financière et la Criminalité Organisée.
Procédure collective. Anti-chambre de la faillite, la nomination d’un administrateur provisoire à la demande de la société Aristophil, a conduit, plus rapidement que prévu, à une déclaration de cessation des paiements. La société est sous observation pour une période de deux mois. Les comptes de 2014 n’ont pas été déposés et il n’est pas possible de savoir dans quelle mesure les investisseurs vont pouvoir récupérer leur mise. Certains biens seraient dans plusieurs collections. La société avait décidé en janvier dernier de vendre l’hôtel de la salle estimé à 35 millions d’euros desquels il fallait déduire 15 millions d’euros de crédits. Elle évalue également à 3 millions ses objets d’art et fait état, sans en estimer la valeur, d’un «important stock des collections appartenant à la société» qu’elle souhaitait vendre par son réseau de distribution, «la voix privilégiée à celles des sociétés de vente aux enchères et des marchands et collectionneurs». Elle avait également décidé qu’ « afin d’éviter le moindre effondrement du marché et la sauvegarde des intérêts de nos clients», les collections constituant des indivisions seront revendues à leur terme et uniquement à leur terme, même pour les indivisions passerelles et prorogations. Elles seront vendues soit par le réseau pour celles et ceux qui veulent participer à la sauvegarde du patrimoine de leurs clients, soit par l’intermédiaire des commissaires-priseurs…»
Mise en cause de la responsabilité de la banque. Les victimes sont nombreuses, en France comme en Belgique et au Luxembourg. Le cabinet Lecoq Vallon & Feron-Poloni est sollicité par les investisseurs voulant récupérer leurs capitaux et le nombre de dossiers croit chaque jour. Il va ainsi tenir une réunion d’information le 21 mars prochain à la Maison du barreau. «Nos clients ont demandé à être remboursé et malgré les mises en demeure, ils n’ont obtenu aucune réponse» .Face à l’insolvabilité des protagonistes, Nicolas Lecoq Vallon va engager une procédure en responsabilité contre une, voire plusieurs banques d’Aristophil qui, selon lui, ont été vectrices de cette collecte et a fortiori de cette fraude. «La banque, qui a réceptionné les sommes investies, devait vérifier la légalité de l’activité de son client et s’assurer du réalisme des engagements pris par la société» remarque Nicolas Lecoq Vallon.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse