
Empêcher la confusion dans les relations commerciales

L’atterrissage des taux de rendements des fonds euros des contrats d’assurance vie contraint désormais les directions des compagnies d’assurances à orienter leurs réseaux commerciaux vers la distribution de produits alternatifs. Une telle initiative implique pour ces forces commerciales de bien tenir compte de l’adéquation entre les attentes du client et le produit proposé. La démarche est d’autant plus ambitieuse que le régulateur et les juges font preuve d’une vigilance soutenue à l’égard des impératifs associés au devoir de conseil. Par ailleurs, du côté des souscripteurs, une mise en difficulté des conseillers sur ce terrain constitue une voie de recours privilégiée (lire l’encadré).
Fondamental. « Dans la perspective d’une distribution plus orientée sur les unités de comptes, le respect de l’obligation de conseil est fondamental. Par exemple, les conseillers ne peuvent plus se limiter à l’appréciation des profils types – prudent, équilibré et dynamique. D’une manière générale, la réglementation qui se met progressivement en place traduit une volonté de meilleure prise en compte de la protection du consommateur dans la sphère assurantielle, tendance clairement d’inspiration européenne », souligne Marie-Laure Dreyfuss, associée du cabinet de conseil Actuaris.
Luxembourg. Preuve de la vigilance et de la détermination des autorités en la matière, le régulateur ne fait pas de secret sur son intention de veiller aux contenus de certains documents commerciaux, dont publicitaires, au regard de l’article 132-27 du Code des assurances qui mentionne l’obligation de véhiculer un contenu exact et non trompeur. En clair, il ne s’agirait pas de voir en la loi Sapin II, qui prévoit des restrictions à la liberté de disposer des contrats d’assurance vie (L’Agefi Actifs n°690, p.21), une occasion de vanter les mérites de solutions internationales, dont luxembourgeoises, en octroyant aux opérateurs du Grand-Duché des avantages réglementaires. Largement répandue, la pratique vise à atténuer les garanties élaborées par le législateur français au profit des concurrents hexagonaux. Reste à savoir quel écho rencontrera cette mise en garde.
Fintech. Pour l’heure, la décision Santiane du 22 décembre 2016 demeure le dernier exemple en date de l’attention que le superviseur des assurances porte à la question du devoir de conseil. Cette prise de position s’est traduite par un avertissement et une sanction pécuniaire de 100.000euros à l’encontre de cet intermédiaire d’assurance spécialisé dans la distribution de contrats d’assurance santé et prévoyance. Parmi les enseignements à retenir, il en est un de nature à intéresser les start-up qui sont présentes sur le terrain de la distribution de contrats d’assurance vie en ligne. En effet, en complément des précédentes sanctions qui ont visé Arca Patrimoine en 2013 et Vaillance Courtage en 2015, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) est revenue sur les conditions de vente à distance. Cette attention du régulateur s’inscrit dans le prolongement de la publication en novembre 2016 d’une annexe dédiée aux interfaces numériques (L’Agefi Actifs n°689, p. 22).
Attaque. « Clairement, le modèle de l’intermédiation d’assurance en ligne était mis en cause dans cette affaire. C’était le point clé du dossier, soulignent les avocats Antoine Juaristi et Martin Le Touzé du cabinet Herbert Smith Freehills Paris LLP. Tant le collège que la mission de contrôle sont partis en croisade contre ce type de distribution. Fort heureusement, la commission n’a pas suivi cette voie, ce qui est opportun dès lors que l’on a affaire à des entreprises d’intermédiation qui, comme Santiane, ont adapté leur activité traditionnelle au modèle de la distribution en ligne. »
Mesures correctrices. D’après eux, « la commission n’est pas tombée dans le piège d’une sanction outrancière. Nous considérons qu’elle a réduit le champ et la portée des griefs, notamment sur la base des mesures correctrices mises en œuvre par Santiane. Cette décision est d’autant plus mesurée que, sur les 23constatations soulevées dans le rapport de contrôle, peu d’entre elles ont été retenues». Il semblerait que cette solution a fait des émules, un certain nombre de sociétés aux activités proches en tenant compte pour s’efforcer de concevoir des mesures correctrices. En l’espèce, la société a conclu un contrat de prestation de services dont l’objet principal est de procéder à une réécoute de ses ventes. En pratique, elle a indiqué au régulateur que le taux de réécoute des conversations s’élève « à au moins 40 % ». Il ressort également de la décision que la qualité de la prestation des conseillers est un des éléments « désormais pris en compte» pour déterminer leur rémunération variable.
Recours. Pour ces avocats qui ont défendu Santiane dans ce dossier, aucun recours ne sera formé à l’encontre de cette décision qui se révèle «équilibrée», au regard notamment des moyens qui ont été engagés dans cette affaire par l’ACPR, « soit quatre contrôleurs employés à temps plein pendant neuf mois pour les besoins d’une procédure qui, au total, aura donné lieu à un dossier de plus de 3.900 pages », relèvent Antoine Juaristi et Martin Le Touzé. Ils mettent en avant la particularité du modèle choisi par ce distributeur qui intervient sur internet uniquement grâce à un ciblage des prospects, à l’issue d’une recherche effectuée en ligne par les clients. Selon eux, « Santiane n’est pas dans une démarche agressive directe. Les clients qui sont rappelés ont manifesté un réel besoin d’assurance santé complémentaire ».
Fiches « devoir de conseil ». La classification des besoins du souscripteur figure parmi les points qui ont retenu l’attention de la commission des sanctions. Il est établi que Santiane n’a pas précisé les exigences de ses clients dans certaines fiches « devoir de conseil ». Les informations consignées sur ces fiches à l’occasion de la souscription de contrats d’assurance complémentaire santé sont également visées : elles ne précisent pas la situation financière du client, « de sorte qu’il est impossible d’apprécier la nécessité de la garantie proposée et le montant nécessaire ».
Echanges téléphoniques. Les formules standardisées utilisées dans les entretiens par téléphone sont aussi l’objet de critiques. Selon la commission, en tenant compte de l’utilisation de telles formules et d’« une terminologie imprécise et inadaptée » (lire l’encadré ci-dessous), Santiane « ne précise pas les raisons qui motivent le conseil fourni ». Dans le prolongement du précédent Vaillance Courtage, l’analyse du régulateur se confirme : la confusion qui entoure la phase de recueil des informations clients ne peut se traduire que par des errements au niveau de la formalisation du conseil (L’Agefi Actifs n°658, p. 17).
Approche judiciaire. C’est ce qui ressort également du côté d’une des affaires en instance devant la Cour de cassation. Dans un arrêt du 8 décembre 2016 (n°29-729), la Haute juridiction a sanctionné le raisonnement d’une cour d’appel. Sur le fondement de la responsabilité contractuelle édictée à l’article 1231-1 du Code civil, celle-ci aurait dû rechercher si la banque, souscriptrice du contrat d’assurance vie, « avait satisfait, lors de l’adhésion et en cours de contrat, à son obligation de s’assurer de l’adéquation des produits proposés avec la situation personnelle et les attentes des adhérents». En l’espèce, deux époux ont adhéré au contrat proposé par leur banquier et l’épouse survivante, bénéficiaire du contrat, a assigné l’établissement en raison du montant du capital dû qui s’est révélé inférieur à celui des sommes versées.
Traçabilité. Pour l’ensemble des acteurs de la distribution en ligne, ces décisions témoignent de l’importance de mettre au point et d’affiner les procédures de traçabilité et de formalisation du conseil. Pour atteindre cet objectif, les concepteurs et les distributeurs de contrats d’assurance vie doivent notamment s’interroger sur la qualité de l’information précontractuelle délivrée au prospect. Par l’intermédiaire de la décision Santiane, le superviseur rappelle les informations qui doivent être mentionnées avec précaution, à savoir les mentions obligatoires dont la durée de validité de l’offre et les modalités du droit à renonciation. La clarté de données transmises est mise en cause en raison, par exemple, de leur présentation dans plusieurs documents. La nature des relations entre le courtier et ses partenaires est aussi évoquée. Plusieurs inexactitudes concernant l’identité de l’assureur sont avancées.
DDA. A la décharge des compagnies, force est de constater qu’un tel projet est loin d’être une sinécure au regard de la prochaine entrée en application de la règlementation européenne, qu’il s’agisse de la directive sur la distribution d’assurance (DDA) ou du document d’informations clé (Priip). Pour Marie-Laure Dreyfuss, si la législation européenne reprend et développe les sujets propres au devoir de conseil par exemple, « la directive DDA alourdit de manière considérable les obligations pour les compagnies, au regard des sujets qu’elle fait naître. Par exemple, en ce qui concerne la gouvernance du produit, la maîtrise du produit et des modalités de sa distribution impose aux assureurs et aux distributeurs d’élaborer des process de suivi et de contrôle. Notamment, il faudra vérifier et tracer l’adéquation du produit à son marché cible. Pour plus d’efficience, il faudrait prendre en compte ces nouvelles exigences quand des projets d’évolution digitale de l’offre se mettent en place ».
Formation. En parallèle de cette réglementation qui prévoit également une mise à niveau des formations élaborées, le superviseur poursuit son œuvre d’analyse et de sanction des dispositifs mis en œuvre en France. Par exemple, il a condamné Santiane sur la base des lacunes et des imperfections relevées dans les supports de formation. « Le rapporteur avait clairement estimé que le contenu des formations était suffisant mais il se trouve que la commission a considéré que certaines notions auraient dû être mieux définies et elle a retenu ce sous-grief, estiment les avocats du cabinet Herbert Smith Freehills Paris LLP. Il s’agit là d’un des rares sujets de déception dans le mesure où, d’un point de vue juridique, il n’existe aucune règle définissant précisément le contenu de la formation pour les salariés de niveau 3, à savoir les commerciaux, contrairement aux salariés de niveau 1 et 2, qui représentent respectivement les managers et les intermédiaires. Dans le cas des employés de niveau 3, et faute de texte précis, le contenu des formations est normalement laissé à la libre appréciation de l’employeur. »
Marie-Laure Dreyfuss conclut : «L’ACPR analyse désormais les programmes de formation et leur contenu. La charge de la preuve repose sur les assureurs et distributeurs qui sont tenus d’adapter les modules en fonction des produits commercialisés. La DDA renforce les obligations dans ce domaine.»
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Nucléaire iranien : un nouveau cadre de coopération convenu entre l'Iran et l'AIEA
Le Caire - L’Iran a annoncé mardi avoir convenu d’un nouveau cadre de coopération avec l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), après avoir suspendu sa collaboration avec le gendarme onusien du nucléaire dans le sillage de la guerre contre Israël en juin. Le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, a salué «une étape importante dans la bonne direction». Il a indiqué sur X s'être entendu lors d’une réunion au Caire avec le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi «sur des modalités pratiques pour reprendre les inspections en Iran» des activités nucléaires. La rencontre au Caire, à laquelle a participé le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty, était la première entre MM. Araghchi et Grossi depuis la guerre de 12 jours déclenchée par une attaque israélienne sur l’Iran en juin. Le dossier du nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l’Iran avec les Occidentaux. Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de l’Iran, soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique. L’Iran dément vigoureusement avoir de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire pour des besoins civils. Après la rencontre au Caire, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, a annoncé que «l’Iran et l’AIEA étaient parvenus à une entente sur la manière d’agir dans ce nouveau contexte, après les attaques illégitimes menées par les Etats-Unis et le régime sioniste contre les installations nucléaires pacifiques de notre pays», sans autre précision. «Nouvelle relation» Plus tard, MM. Araghchi et Grossi ont signé un accord intitulé «Modalités techniques pour la mise en œuvre des inspections». M. Abdelatty a dit espérer que l’accord «marquera le véritable point de départ d’une nouvelle relation entre les deux parties, caractérisée par une plus grande transparence». Il a aussi espéré qu’il «favorise une entente» d’abord avec les pays européens ayant menacé de rétablir les sanctions contre l’Iran, puis «conduise à un retour à la table des négociations entre l’Iran et les Etats-Unis». MM. Araghchi et Grossi ont ensuite rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a salué «une étape positive vers la désescalade». Téhéran avait suspendu sa coopération avec l’AIEA après la guerre déclenchée le 13 juin par une attaque sans précédent d’Israël sur le sol iranien. L’Iran avait reproché à l’AIEA de ne pas avoir condamné les bombardements israéliens, puis américains, qui ont visé ses installations nucléaires durant le conflit. Téhéran estime également que l’AIEA a une part de responsabilité dans le déclenchement de l’attaque israélienne surprise, car elle a été lancée au lendemain du vote d’une résolution critique sur le programme nucléaire iranien au siège de l’agence à Vienne. Depuis juillet, une loi votée au Parlement iranien bannit en principe toute coopération avec l’AIEA. Menaces de sanctions Des inspecteurs de l’agence ont néanmoins fait un bref retour en Iran fin août pour remplacer le combustible du site de Bouchehr, la principale centrale nucléaire de production d'électricité du pays. Mais ils n’avaient pu accéder aux sites bombardés en juin et dont l'étendue exacte des dégâts n’est pas connue. La rencontre entre MM. Araghchi et Grossi est intervenue au moment où la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne (groupe E3) menacent de rétablir fin septembre des sanctions contre l’Iran, suspendues depuis 2015 par un accord international sur le nucléaire conclu alors avec Téhéran. Une clause de cet accord, enclenchée fin août, permet le rétablissement de ces sanctions si une partie estime que l’Iran ne respecte pas ses engagements. L’accord de 2015, signé par l’E3, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Iran prévoyait d’importantes restrictions au programme nucléaire de Téhéran en échange de la levée progressive des sanctions. En 2018, sous le premier mandat du président Donald Trump, les Etats-Unis avaient décidé de s’en retirer et avaient rétabli leurs propres sanctions. Téhéran s'était ensuite affranchie de certains engagements, en accélérant l’enrichissement d’uranium. L’Iran a enrichi de l’uranium au niveau élevé de 60%, selon l’AIEA, niveau proche du seuil de 90% requis pour la fabrication d’une bombe atomique. © Agence France-Presse -
La bourse de New York termine sur des records dans l'attente des taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a terminé à de nouveaux sommets mardi, abordant avec optimisme la publication de plusieurs indicateurs d’inflation aux Etats-Unis susceptibles de donner de nouveaux indices sur la trajectoire monétaire privilégiée par la Réserve fédérale (Fed). Le Dow Jones a avancé de 0,43%, à 45.711,34 points, l’indice Nasdaq a pris 0,37% à 21.879,49 points et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,27% à 6,512,61 points. «Le groupe des mégacapitalisations a joué un rôle moteur en contribuant à soutenir les principaux indices», souligne auprès de l’AFP Patrick O’Hare, de Briefing.com. Nvidia a ainsi gagné 1,46%, Alphabet (Google) 2,39% et Amazon a avancé de 1,02%. Globalement, les investisseurs sont «dans l’expectative des données sur l’inflation, avec l’indice des prix à la production (PPI) qui sera publié mercredi, puis jeudi avec l’indice des prix à la consommation (CPI)», relève Patrick O’Hare. «Les acteurs du marché s’attendent non seulement à ce que la Fed abaisse ses taux en septembre, mais aussi en octobre et en décembre», note l’analyste. Selon l’analyste, les données sur l’inflation donneront par conséquent «une base pour réévaluer la probabilité de ces baisses de taux». La banque centrale des Etats-Unis est investie d’un double mandat pour le pays, consistant à la fois à surveiller le marché de l’emploi et à maintenir l’inflation proche de 2% sur le long terme. Toutefois, prévient M. O’Hare, «il semble que les marchés financiers se concentrent davantage sur l’affaiblissement du marché du travail que sur les données d’inflation pour le moment». Mardi, ils ont gardé un oeil sur la forte révision à la baisse des chiffres de l’emploi américain entre avril 2024 et mars 2025, sans pour autant y réagir négativement. Selon le Bureau des statistiques du travail (BLS), les entreprises américaines ont au final créé 911.000 emplois de moins sur l’ensemble de l’année fiscale 2024-2025, soit quasiment deux fois moins que ce qui avait été rapporté initialement. «Pour ce marché, les mauvaises nouvelles économiques sont synonymes de bonnes nouvelles en matière de baisse des taux», résume Patrick O’Hare. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se tendait par rapport à la clôture lundi, à 4,08% contre 4,04%. Côté entreprises, Apple (-1,48% à 234,35 dollars) a souffert de la présentation de sa nouvelle gamme d’iPhone 17. L’entreprise a présenté un modèle «Air» ultrafin, a promis des progrès sur l’autonomie et les objectifs photographiques, mais n’a pas annoncé d’avancées majeures pour rattraper son retard dans l’intelligence artificielle (IA). La firme de Cupertino (Californie) a aussi annoncé que les prix des nouveaux iPhone devraient augmenter aux Etats-Unis en raison des droits de douane imposés par le président Donald Trump, qui alourdissent les coûts de production en Chine, toujours le principal centre de fabrication de la marque à la pomme. La start-up américaine spécialisée dans l’informatique à distance («cloud computing») CoreWeave a bondi de 7,13% à 100,22 dollars après avoir annoncé le lancement d’un fonds de capital-risque dédié aux investissements dans l’IA. Le spécialiste néerlandais des infrastructures et services IA Nebius (+49,42% à 95,72 dollars) s’est envolé à l’annonce d’un partenariat avec Microsoft. Nebius dédira une partie des ressources de son nouveau data center au géant américain de l’informatique. Nasdaq © Agence France-Presse