
Fintechs, l’année ou jamais de la rentabilité

Le temps est venu pour les fintechs de passer au révélateur de la hausse des taux. Alors que les trois quarts d’entre elles perdent encore de l’argent en France, l’époque bénie où les investisseurs leur signaient les yeux fermés des chèques en blanc est révolue. La disparition de l’argent gratuit et des effets de mode, le retour des professionnels du capital-risque à des pratiques plus sélectives, annoncent la mort d’un certain modèle de développement qui profitait d’abord aux fondateurs de ces start-up. Les stratégies fondées sur une croissance à tout crin, dont les pertes abyssales étaient comblées chaque année par un nouveau tour de table, n’ont plus lieu d’être, en particulier chez les néobanques qui s’adressent directement au consommateur final.
Si les logiques de courses à la taille restent valables, leur succès doit désormais s’apprécier à l’aune d’autres indicateurs que la progression du portefeuille de clients : le chiffre d’affaires réel, la génération de cash. La maîtrise des fameux coûts d’acquisition – publicités, promotions et parrainages –, sans lesquels les néobanques disent atteindre le point mort mais dont leur conquête commerciale ne saurait se passer, devient impérative. Celle des charges de personnel aussi. Les segments les plus prisés, comme le paiement différé, sont ceux où le réveil est vécu le plus brutalement.
Boursorama bientôt rentable ?
La crise du Covid avait servi de coup de semonce et poussé certains à réorienter leur modèle d’affaires. La fin du régime d’exception sur les taux d’intérêt ne laisse plus d’échappatoire aux canards boiteux, tout en ouvrant, enfin, l’horizon de la rentabilité aux acteurs disposant déjà d’une solide base de clientèle et d’une offre plus large que les seuls moyens de paiement. Les néobanques qui ont d’abord percé grâce à la collecte d’épargne y voient l’occasion de dégager des marges en transformant les dépôts en crédit. C’est le cas dans les marchés où dominent les taux variables, pas encore en France, où le plein effet de la hausse est plutôt attendu pour 2024.
Les leçons sont déjà tirées. Certains acteurs indépendants baissent le rideau ou sont contraints de s’adosser à des acteurs traditionnels de la finance, en position de force pour trier le bon grain de l’ivraie. D’autres procèdent à des coupes claires dans leurs effectifs. Quelques-uns encore tentent de réorienter leur modèle vers le BtoB, s’il n’est pas trop tard. Dans ce paysage de la fintech où rien ne sera plus jamais comme avant, deux événements seront à surveiller cette année. Un, la capacité de Boursorama, numéro un français, à se transformer progressivement en moteur de rentabilité pour la Société Générale ; deux, le sort des N26, Revolut et autres Klarna, symboles des excès passés, et dont le succès commercial n’a d’égal que leur propension à brûler du cash.
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